Stratégie en matière d'éducation internationale : Diversification en matière d’éducation internationale
Publié le 1er mars 2023
Aperçu
La diversification était l’un des piliers de la Stratégie en matière d’éducation internationale (SEI) 2019‑2024. La Stratégie avait pour but de « [diversifier] davantage les populations étudiantes qui entrent au Canada ainsi que les champs de compétences et les programmes offerts » afin de « renforcer les marchés du travail, stimuler le développement économique dans les régions et les industries ciblées et soutenir la diversité dans les établissements d’enseignement du Canada ». Elle établissait également 11 pays prioritaires pour la diversification du recrutement étudiant : le Brésil, la Colombie, la France, l’Indonésie, le Mexique, le Maroc, les Philippines, la Thaïlande, la Turquie, l’Ukraine et le Vietnam.
Figure 1: Pourcentage d'étudiantes et d'étudiants internationaux par pays prioritaire de la SEI
La pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif sur les efforts de diversification du gouvernement du Canada, car les restrictions de voyage ont entravé les voyages de marchés nouveaux et émergents, et les décisions du gouvernement du Canada ont limité les campagnes publicitaires. Néanmoins, GAC a travaillé avec IRCC pour opérationnaliser le pilier de la diversification au cours des quatre dernières années. Cela a pris diverses formes, en fonction des outils et des plateformes disponibles. Les principales initiatives comprennent : les campagnes publicitaires d'AMC, le programme de bourses, la promotion de recrutement des étudiants internationaux par le réseau SDC dans les marchés prioritaires et le lancement d'une étude sur le marché du travail pour identifier les lacunes dans le marché du travail et les compétences au Canada afin de diversifier les domaines des étudiants internationaux.
En parallèle, grâce à des options de bourses d’études nouvelles et améliorées, comme les Bourses d’études au Canada, les établissements postsecondaires canadiens ont la possibilité d’accueillir des étudiantes et étudiants internationaux aux horizons plus diversifiés originaires d’un plus grand nombre de pays. Pour l’année universitaire 2022‑2023, la participation au programme s’est considérablement accrue, signe d’une reprise des déplacements après la pandémie : 198 candidatures ont été reçues et 131 personnes originaires de 20 pays d’Afrique, de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, d’Europe et d’Asie ont été sélectionnées.
Depuis 2019, le Service des délégués commerciaux (SDC) a réduit son équipe chargée de l’éducation dans des marchés présentant un surplus d’inscriptions, comme la Chine et l’Inde. Les équipes qui s’occupent encore de l’éducation dans ces marchés s’emploient désormais à diversifier les régions sources au sein des marchés et à promouvoir des objectifs commerciaux, comme la formation de cadres et de gestionnaires ainsi que l’établissement de partenariats institutionnels. De plus, le SDC a augmenté le financement des activités de promotion dans les principaux marchés prioritaires pour la diversification dans le cadre de la SEI et a accentué sa présence dans les événements consacrés à l’éducation afin de promouvoir les résultats liés à l’éducation et de fournir des plateformes aux établissements clients pour le recrutement et le partenariat. La majorité du travail s’est déroulée virtuellement pendant la pandémie, mais les activités en personne ont repris depuis l’automne 2022.
En matière de publicité numérique, AMC a cherché à diversifier sa portée auprès d’éventuels étudiants et étudiantes en réalisant des campagnes publicitaires numériques en 9 langues, dans 25 marchés de tous les grands continents. Les campagnes font la promotion de tous les niveaux d’études et braquent les projecteurs sur diverses régions du Canada comme destinations d’études internationales. Par ailleurs, le site présente maintenant du contenu personnalisé par pays en plusieurs langues tierces qui correspondent aux pays prioritaires de la SEI. En outre, AMC assure une présence active sur les médias sociaux (Facebook, LinkedIn, Instagram et YouTube) sous la marque ÉduCanada afin d’attirer et de mobiliser la population étudiante internationale. Les utilisatrices et utilisateurs internationaux composent environ 90 % des abonnés sur Instagram et Facebook, avec le Brésil, le Mexique, le Bangladesh, la Côte d’Ivoire et le Maroc en tête de lice.
Malgré les efforts d'AMC, dans un sur les tendances récentes du comportement des étudiants internationaux publié en 2022 par Statistique Canada, il a été noté que, malgré sa taille croissante, la population étudiante internationale au Canada est devenue moins diversifiée au cours des deux dernières décennies en termes de pays sources, destinations au Canada et domaines d'études. L'Inde et la Chine demeurent les deux principaux pays sources d'étudiants internationaux au Canada, représentant environ 50 % de notre population étudiante internationale totale.
Il est évident qu’il reste encore beaucoup à faire dans le cadre de ce pilier essentiel du secteur de l’éducation internationale, et la diversification demeurera au cœur de la prochaine version de la Stratégie. D’ailleurs, la définition de la diversification y sera élargie pour comprendre non seulement la diversification des pays sources, mais aussi des destinations au Canada, des programmes et niveaux d’études ainsi que des régions au sein des pays sources.
Tendances actuelles
Pays d’origine
- Selon Statistique Canada, de 2010-2011 à 2020-2021, les principaux pays sources d'étudiants internationaux ont changé, les cinq premiers pays passant de la Chine, la France, l'Inde, les États-Unis et la Corée du Sud en 2010-2011 à l'Inde, la Chine, la France, l'Iran et le Vietnam en 2020-2021. Le pays ayant affiché la plus forte croissance est l’Inde (1 078 %), tandis que l’Arabie saoudite est le seul État a enregistré une baisse significative (-72 %).
- En 2021, la majorité des étudiants internationaux provenaient de l'Inde et de la Chine, soit 35 % et 17 % respectivement. La majorité des étudiants internationaux indiens viennent des régions du nord de l'Inde, et en particulier du Pendjab. Cela laisse d'énormes opportunités pour diversifier dans d'autres régions de l'Inde telles que le sud, l'est et l'ouest, étant donné que ces régions abritent certaines des écoles et des établissements postsecondaires les plus anciens et les mieux établis de l'Inde. Avec la Chine, il y a eu une baisse du nombre d'étudiants. Les strictes restrictions chinoises de longue durée relatives à la COVID-19 ont également eu une incidence notable sur le nombre d'étudiants chinois partant à l'étranger. Bien que les restrictions de voyage liées à la COVID ont maintenant été levées par la Chine, les effets de cette politique persistent, car les étudiants chinois restent plus réticents à voyager et à étudier à l'étranger. On ne s'attend pas à ce que le nombre d'étudiants chinois partant à l'étranger retrouve complètement son niveau d'avant la COVID, car on s'attend à ce que moins d'étudiants chinois viennent au Canada à l'avenir, puisque la Chine a renforcé son offre nationale d'éducation de haute qualité, privilégiant l'autosuffisance à l'éducation internationale. Comme la capacité intérieure de la Chine continue de croître et que sa cohorte d'âge scolaire continue de décliner, moins d'étudiants chinois choisiront d'étudier à l'étranger, y compris au Canada, ce qui rend la diversification des pays sources encore plus impérative pour le Canada qui se doit d'attirer des étudiants de marchés nouveaux et émergents.
Destinations au Canada
- En ce qui concerne les destinations au Canada, l'Ontario, le Québec et la Colombie britannique attirent toujours la plus grande partie des étudiants internationaux, le pourcentage passant de 80 % en 2010-2011 à 83 % en 2020-2021.
- Toronto (222 000), Vancouver (141 000) et Montréal (93 000) ont accueilli près de 54 % de tous les étudiants internationaux en 2021. De 2010-2011 à 2020-2021, des trois villes, Toronto a connu la plus forte croissance en ce qui concerne le nombre d'étudiants internationaux (178 %), suivie de Montréal (153 %) et de Vancouver (112 %).
Niveaux d'étude
- En ce qui concerne les niveaux d'études, la part des étudiants internationaux dans les programmes collégiaux est passée de 24,4 % en 2010-2011 à 38 % en 2020-2021, tandis qu'au niveau universitaire, au cours de la même période, cette part a chuté de 75,6 % à 61,9 %.
- Au sein des universités, de 2010-2011 à 2020-2021, la part des étudiants internationaux au niveau de la licence a augmenté de 59,4 % à 67,2 %, alors que cette part est restée relativement stable au niveau de la maîtrise, diminuant de 19 % à 18,5 %, et a reculé de 10,5 % à 9,5 % au niveau du doctorat.
- De 2000 à 2019, on a observé un recul du nombre d'étudiants internationaux étudiant au niveau primaire (10 % à 5 %) et au niveau secondaire (18 % à 11 %), tandis qu’une augmentation a été constatée dans les programmes postsecondaires non universitaires, de 27 % en 2000 à 41 % en 2019.
- Selon Langues Canada, en 2021, 53 686 étudiants internationaux suivaient un programme linguistique au Canada, soit une baisse de 62,5 % par rapport à 2012 (la première année pour laquelle des statistiques sont disponibles). Cette baisse peut en partie s’expliquer par l'augmentation de l'offre de programmes linguistiques proposés dans les pays d'origine des étudiants internationaux, ainsi que par la prolifération des outils informatiques et des applications d'apprentissage des langues.
Programmes d'études
- En ce qui concerne les programmes d'études, selon Statistique Canada, de 2010-2011 à 2020-2021, la part des étudiants internationaux inscrits dans des programmes STIM est passée de 29,5 % à 35,8 %, dépassant ainsi la part des étudiants canadiens (18,8 % à 23,6 %). Cette augmentation est principalement due à la hausse du nombre d'étudiants en mathématiques, en informatique et en sciences de l'information (croissance de 395 %).
- Les affaires et l'administration continuent d'être les domaines d'études les plus prisés, comptant 30 % de tous les étudiants internationaux en 2020-2021. Les soins de santé, l'éducation et les études juridiques demeurent les domaines d'études qui accueillent le moins d'étudiants, soit 4 %, 0,08 % et 0,05 % respectivement.
L’avenir : Diversification et la SEI 2024
- La diversification continuera de constituer un thème important dans le cadre de la prochaine Stratégie en matière d’éducation internationale (SEI) qui comprendra une définition complète de la diversification, y compris de la diversification des destinations au Canada, de la diversification des programmes, des niveaux d'études et de la diversification régionale au sein des pays sources.
- La diversification régionale au sein de nos principaux pays sources constituera également un élément important de la prochaine SEI. La proportion d'étudiants internationaux indiens au Canada a augmenté de manière significative au cours des 10 dernières années, passant de 7 % en 2010-2011 à 31 % en 2020-2021. Les étudiants internationaux indiens étudient principalement au niveau collégial au Canada (69 %), dont 50 % dans des programmes de commerce et d'administration. Beaucoup de ces étudiants choisissent d'étudier au niveau collégial, car ils y voient une voie d'accès à la résidence permanente au Canada, utilisant ainsi le système éducatif canadien pour atteindre leurs objectifs d'immigration. Les étudiants originaires de l'Inde, en particulier du Pendjab, se heurtent à des taux de rejet croissants de leurs permis d'études, atteignant jusqu'à 50 %, et ont tendance à être les plus touchés par les actions d'agents d'éducation sans scrupules. S'assurer que ces étudiants disposent des outils nécessaires pour réussir et qu'ils ne sont pas la cible d’escroqueries dans le cadre du processus de demande d'admission dans les établissements d'enseignement canadiens, tout en encourageant la diversification dans d'autres régions du pays, profitera à la fois au Canada et aux étudiants les plus vulnérables du Pendjab.
- La Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique récemment lancée établi un cadre stratégique ambitieux, complet et intégré pour l’engagement du Canada dans la région indopacifique. Elle est appuyée par de nouveaux investissements totalisant près de 2,3 milliards de dollars sur cinq ans dans un large éventail de programmes, et constitue une stratégie pangouvernementale visant à renforcer la présence et l’engagement du Canada dans la région au cours de la prochaine décennie.
- La Stratégie pour l’Indo-Pacifique s’harmonise bien avec les objectifs actuels de la Stratégie du Canada en matière d’éducation internationale, notamment en ce qui concerne la diversification du recrutement d’étudiants et d’étudiantes dans les pays de la région et l’approfondissement de l’expertise et des liens régionaux grâce à la mobilité. Bien que les initiatives soient encore en cours d’élaboration, certaines d’entre elles soutiendront directement les efforts du Canada en matière d’éducation internationale, par exemple par l’expansion des bourses et des programmes d’échanges éducationnels pour le développement Canada-ANASE; le renforcement du traitement des visas dans la région et l’initiative d’engagement dans l’Indo-Pacifique, qui offrira à la population étudiante et aux scientifiques du Canada de nouvelles possibilités d’étude et de recherche dans la région et sur la région, et soutiendra la création de réseaux dans l’Indo-Pacifique afin de renforcer la voix du Canada sur les questions prioritaires et de créer des partenariats.
- L’augmentation de la diversité des lieux d’études au Canada peut répartir le fardeau sur les services que l’on peut observer dans certaines communautés, tout en répartissant plus équitablement les avantages économiques liés aux étudiantes et aux étudiants internationaux. L’augmentation du nombre d’inscriptions d’étudiantes et d’étudiants internationaux dans les petits centres urbains et périurbains, en particulier, devrait être une priorité, car leur présence peut apporter une plus grande diversité et, après l’obtention de leur diplôme, contribuer à combler les besoins du marché du travail dans ces communautés.
- En effet, concilier le marché du travail et les lacunes en matière de compétences demeurera un pilier essentiel de la prochaine SEI, et un thème sur lequel d’autres pays concurrents consacrent également des efforts. Afin de réagir aux problèmes actuels du marché du travail au Canada, et comme énoncé dans la SEI de 2019, Affaires mondiales Canada a lancé une étude du marché du travail visant à cerner les principales lacunes du marché du travail et des compétences au Canada, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle provinciale et territoriale. Les résultats de cette étude serviront à orienter les campagnes de marketing numérique d’AMC et seront utilisés sur d’autres plateformes (comme le site Web et les autres plateformes de médias sociaux d’ÉduCanada), dans l’espoir d’inciter les étudiantes et étudiants potentiels à étudier dans des domaines correspondant aux pénuries de main-d’œuvre au Canada. En diversifiant les domaines d’études, de manière à délaisser les programmes qui connaissent une surabondance de main-d’œuvre ou les programmes plus généraux au profit de ceux qui se heurtent à une pénurie, on créera de nouvelles possibilités pour les étudiantes et étudiants internationaux, en particulier celles et ceux qui souhaitent suivre la voie de la résidence permanente, et on aboutira à une diversification des programmes d’études.
- La prochaine version de la SEI portera également sur une plus grande diversification au sein des différents niveaux d’études. Comme les chiffres l’indiquent, le Canada attire actuellement la plus grande part de la population étudiante aux niveaux collégial et universitaire (baccalauréat). La prochaine itération de la stratégie concentrera nos efforts sur la promotion des programmes de maîtrise et de doctorat, ainsi que sur les établissements d'enseignement élémentaire et secondaire, d'enseignement des langues et de langue française à l'extérieur du Québec.
Questions
- Quelles initiatives AMC et le Service des délégués commerciaux pourraient-ils mettre en œuvre pour favoriser une meilleure diversité au sein de la cohorte d’étudiantes et d’étudiants internationaux du Canada?
- L’élargissement de la définition de la diversification pour inclure la destination des études, les programmes et les niveaux d’études, ainsi que la diversité régionale au sein de nos principaux pays sources constitue-t-il une priorité importante?
- Anticipez-vous des défis dans les efforts de diversification du Canada?
- Quels sont vos marchés ou régions prioritaires pour les trois à cinq prochaines années? Quels ont été les principaux facteurs dans le choix de ces marchés?
- Devrions-nous harmoniser les efforts de diversification de la SEI avec les marchés mis en avant dans la Stratégie pour l’Indo-Pacifique?
- Quels marchés offrent, selon vous, le plus fort potentiel de croissance?
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