Ce que nous avons entendu sur la prochaine stratégie du Canada en matière de financement climatique dans les pays en développement
Table des matières
- I. Introduction
- II. Contexte mondial et contribution du Canada en 2015
- III. Grandes lignes
- IV. Comment nous avons communiqué avec vous et comment vous avez répondu
- V. Questions stratégiques
- VI. Aller de l’avant
I. Introduction
En 2015, le gouvernement du Canada s’est engagé à consacrer 2,65 milliards de dollars sur cinq ans au . Maintenant que la majeure partie de cette somme a été allouée, le gouvernement a voulu sonder le public au cours de l’été 2020 sur la forme que prendrait sa contribution à l’avenir, à partir de 2021. En raison de la pandémie de COVID‑19, toutes les réunions ont eu lieu virtuellement.
Pour mener à bien cette consultation, Affaires mondiales Canada, en partenariat avec Environnement et Changement climatique Canada, a organisé une série de rencontres virtuelles avec des représentants canadiens et étrangers de la société civile, du milieu universitaire et du secteur privé afin de façonner l’avenir de l’aide climatique du Canada aux pays en développement. Le gouvernement a aussi rencontré des peuples autochtones pour solliciter leurs points de vue particuliers. Ce rapport décrit ce qui est ressorti de ces consultations.
II. Contexte mondial et contribution du Canada en 2015
Les changements climatiques comptent parmi les plus grands défis que l’humanité ait eu à affronter. Ils touchent tous les pays et ont déjà des effets dévastateurs sur les gens, les écosystèmes et les économies. En 2015, le Canada et 194 autres pays ont adopté l’ dans le but d’intensifier la réponse planétaire aux changements climatiques. L’Accord de Paris engage les pays développés à prendre l’initiative de mobiliser des fonds pour aider les pays en développement. Il affirme aussi la volonté collective des pays développés de mobiliser conjointement 100 milliards de dollars US en financement climatique par année d’ici 2020, à partir de diverses sources publiques et privées.
Fidèle à cet engagement, le Canada verse 2,65 milliards de dollars sur cinq ans pour aider les pays en développement à faire la transition vers des économies à faibles émissions de carbone et à l’épreuve des changements climatiques. Ce financement vise à réduire de façon appréciable les émissions de gaz à effet de serre, à soutenir des mesures d’adaptation et à mobiliser de nouveaux capitaux du secteur privé pour la lutte mondiale contre les changements climatiques. Le Canada met ses fonds au service de solutions comme les technologies propres et l’énergie renouvelable, l’agriculture intelligente face au climat, la gestion des bassins versants et les activités de résilience climatique.Note de bas de page 1
L’engagement financier du Canada découle du fait que les pays en développement, et les personnes les plus vulnérables dans ces pays, sont les plus touchés par les changements climatiques et les moins capables d’en affronter les conséquences. C’est le cas en particulier des femmes et des filles. Les changements climatiques pourraient entamer considérablement les gains réalisés en matière de développement et empêcher le monde d’atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies.
Le financement de la lutte contre les changements climatiques fait partie de l’enveloppe de l’aide internationale du Canada. Il reflète également l’importance accordée à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes dans sa Politique d’aide internationale féministe (la Politique). Cette dernière spécifie que l’environnement et l’action pour le climat font partie des principaux domaines d’action du Canada. Que ce soit dans la Politique ou ses programmes, le Canada tient compte du fait que les changements climatiques touchent les femmes et les filles de manière disproportionnée. En outre, dans la Politique, le Canada s’est engagé à :
- soutenir le leadership des femmes et leur participation aux décisions dans les efforts d’atténuation et d’adaptation face aux changements climatiques, y compris dans le renforcement de la résilience et la gestion durable des ressources naturelles;
- prendre en compte les défis particuliers auxquels sont confrontées les femmes et les filles dans la planification, l’élaboration de politiques et le financement gouvernementaux face aux changements climatiques;
- soutenir la création d’emplois et les occasions d’affaires pour les femmes dans le secteur des énergies renouvelables.
La Loi sur la responsabilité en matière d’aide au développement officielle régit l’aide internationale du Canada. Elle permet de s’assurer que toute l’aide publique canadienne au développement vise à réduire la pauvreté et est conforme aux principes d’efficacité de l’aide ainsi qu’aux valeurs canadiennes. Ainsi, les programmes doivent contribuer à la réduction de la pauvreté, tenir compte du point de vue des populations pauvres et se conformer aux normes internationales des droits de la personne.
III. Grandes lignes
Lors de discussions individuelles, de tables rondes et de webinaires, ou dans leurs mémoires, les participants aux consultations se sont appliqués à répondre à des questions clés liées aux secteurs d’investissement, aux éléments de programme, aux partenariats et aux mécanismes de prestation. Ils ont exprimé leurs opinions sur les moyens à prendre pour avoir la plus grande incidence et les principes qui devraient définir l’engagement futur du Canada dans le financement de l’action climatique.
Dans l’ensemble, les répondants avaient beaucoup à offrir, dont des messages d’appui aux régions où le gouvernement du Canada est déjà à l’œuvre, mais aussi des conseils sur la façon d’aller encore plus loin. Nous avons accueilli toutes les idées et tous les points de vue, et noté qu’ils éclaireront le gouvernement du Canada dans les choix et les compromis à faire, afin que son engagement futur en matière de financement climatique soit bien ciblé et qu’il ait la plus grande incidence possible.
Neuf messages sont revenus à maintes reprises lors des consultations et dans les mémoires :
Atteindre l’équilibre : accroître les efforts d’adaptation tout en investissant différemment dans l’atténuation. Le Canada devrait de toute urgence accroître ses investissements dans l’adaptationNote de bas de page 2, en reconnaissant que les pays en développement subissent actuellement les conséquences néfastes des changements climatiques. Il devrait continuer de prendre des mesures d’atténuationNote de bas de page 3 pour réduire la portée des changements climatiques et explorer de nouveaux types d’interventions susceptibles d’avoir un effet positif important et de combler des lacunes dans l’accès à l’énergie.
Viser des cobénéfices. Le Canada devrait viser par son action des résultats d’adaptation et d’atténuation qui servent des objectifs plus vastes de développement et d’économie, dont la relance suite à la COVID. Cela pourrait comprendre la promotion d’une croissance inclusive dans les économies bleue et verteNote de bas de page 4 ainsi que des solutions climatiques axées sur la natureNote de bas de page 5.
Renforcer la résilience des collectivités et favoriser les solutions locales. Le Canada devrait appuyer des solutions locales aux changements climatiques et renforcer la résilience des collectivités dans le contexte de l’objectif plus vaste d’amener des solutions à l’échelle locale. Cela devrait se faire en améliorant l’accès au financement local, en soutenant le renforcement des capacités et en investissant dans la réduction des risques de catastrophe, en particulier dans les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés.
Mettre en œuvre un financement climatique sensible au genre. Le Canada devrait appuyer des mesures différenciées selon le genre dans tous les secteurs. Il s’agit notamment de veiller à ce que le financement parvienne aux organisations de femmes, surtout celles de la base, et de renforcer la capacité des femmes à participer aux décisions et à diriger des initiatives climatiques.
Travailler en partenariat avec les peuples autochtones. Le Canada devrait s’assurer que son financement climatique respecte, favorise et fait progresser les droits des peuples autochtones et intégrer leurs points de vue, leurs besoins et leurs approches dans ses programmes internationaux en la matière. Il devrait également envisager d’appuyer les mesures climatiques d’initiative autochtone.
Revoir les mécanismes de financement : augmenter les subventions et modifier l’approche des prêts. Le Canada devrait accorder des subventions, particulièrement par le biais d’engagement bilatéral, pour atteindre des objectifs climatiques précis et faire progresser la lutte contre les changements climatiques tout en tenant compte des réalités de la COVID. Il devrait explorer de nouveaux mécanismes de financement et accroître l’efficacité de son portefeuille de prêts en acceptant, par exemple, des niveaux de risque plus élevés et en réunissant de nouveaux partenaires.
Faire participer le secteur privé au Canada et dans les pays en développement. Les résultats des mesures d’adaptation et d’atténuation dans les pays en développement devraient s’appuyer sur les connaissances, le savoir-faire et l’expérience du secteur privé canadien. Le Canada devrait aussi soutenir les secteurs privés des pays en développement afin qu’ils puissent élaborer des solutions durables aux changements climatiques dans leur propre économie et, à leur tour, avoir une incidence accrue sur le développement.
Mettre à contribution l’influence et le pouvoir de mobilisation du Canada. Le Canada devrait utiliser stratégiquement son pouvoir de mobilisation dans les enceintes internationales pour le financement climatique, notamment afin de réaliser des priorités en matière d’aide internationale, comme prendre des mesures différenciées selon le genre et venir en aide aux personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète. Il devrait appliquer les principes de l’efficacité de l’aide en s’inspirant de pays en développement partenaires et en appuyant des initiatives visant à mettre en œuvre leurs Plans d’adaptation nationaux et leurs Contributions déterminées au niveau national.
Intégrer les réalités de la COVID‑19. Le Canada devrait tenir compte du contexte de la COVID lorsqu’il réfléchit à sa démarche de financement international de l’action climatique, afin d’aider les pays en développement à mieux reconstruire.
IV. Comment nous avons communiqué avec vous et comment vous avez répondu
L’engagement du Canada était vaste et diversifié, touchant 530 personnes de plus de 20 pays et plus de 300 organisations.
Il comprenait les éléments suivants :
- 8 appels ministériels bilatéraux avec des experts de l’action climatique, dont six avec des experts de l’action climatique sensible au genre
- 4 tables rondes ministérielles en mode virtuel
- Deux étaient présidées par la ministre du Développement international :
- Droits des femmes et adaptation
- Environnement et action pour le climat
- Deux étaient coprésidées par la ministre du Développement international et le ministre de l’Environnement et du Changement climatique :
- Solutions basées sur la nature
- Mesures d’atténuation et de lutte contre les changements climatiques
- Deux étaient présidées par la ministre du Développement international :
- 10 activités virtuelles soutenues par des missions à l’étranger
- 1 dialogue virtuel avec des organismes de la société civile canadienne
- Mobilisation des peuples autochtones
- 159 mémoires reçus
- 6 webinaires
- 3 386 visites du site Web
- 856 impressions potentielles sur Twitter
V. Questions stratégiques
1. Atteindre l’équilibre : accroître les efforts d’adaptation tout en investissant différemment dans l’atténuation
L’Accord de Paris de 2015 demande aux pays donateurs de viser un équilibre entre adaptation et atténuation en accordant des ressources financières aux pays en développement pour lutter contre les changements climatiques. Les mesures d’adaptation sont essentielles pour les pays en développement, en particulier pour les femmes et les filles et pour les personnes les plus pauvres et vulnérables, afin de les rendre plus résilients aux changements climatiques. Les investissements dans l’atténuation sont tout aussi cruciaux parce qu’ils aident à réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, à s’attaquer directement à la cause des changements climatiques et, par conséquent, à réduire le soutien nécessaire à l’adaptation à long terme.
Les principaux messages des participants à la consultation étaient que le Canada devrait continuer d’investir dans l’atténuation, mais aussi intensifier ses efforts et augmenter de toute urgence ses investissements dans l’adaptation, en reconnaissant que les pays en développement subissent actuellement les conséquences néfastes des changements climatiques. En ce qui concerne l’atténuation, le Canada devrait explorer de nouveaux types d’interventions susceptibles d’avoir une incidence importante et de combler des lacunes dans l’accès à l’énergie.
Détails de ce que nous avons entendu
À propos de l’équilibre, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Atteindre un équilibre (50/50) entre adaptation et atténuation, comme le veut l’Accord de Paris.
- Préférer l’adaptation à l’atténuation dans les pays en développement, en particulier les petits États insulaires et les pays les moins avancés, afin de rejoindre les plus pauvres et les plus vulnérables et d’aider les pays touchés de façon disproportionnée par les changements climatiques.
- Accroître les investissements et les mesures d’adaptation en harmonie avec les autres donateurs et les membres du G7. Le Canada devrait verser sa juste part en augmentant son budget global d’aide et sa contribution au financement de la lutte contre les changements climatiques, afin d’aider à atteindre l’objectif collectif de réunir 100 milliards de dollars US par année d’ici 2020.
- Diversifier ses partenaires et ses mécanismes de financement climatique international afin d’assurer un meilleur accès au financement pour les femmes et les organisations locales, et d’élargir le soutien à l’adaptation.
- Compléter les programmes multilatéraux de financement climatique par une augmentation de la coopération bilatérale, en particulier au titre de l’adaptation.
À propos de l’adaptation, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Se concentrer sur l’aide aux personnes les plus durement touchées par les changements climatiques : les femmes et les filles, les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les peuples autochtones. Cela est essentiel pour mener une action climatique sensible au genre et résiliente.
- Adopter une approche holistique à long terme envers les pays les moins avancés qui sont vulnérables face au climat (en accordant une attention particulière aux États fragiles) pour les aider à s’adapter, et servir du même coup d’autres objectifs de développement.
- Agir davantage pour contrer les effets des changements climatiques sur les jeunes. Le gouvernement devrait intégrer des facteurs d’inclusion de la jeunesse dans ses programmes d’adaptation et envisager un mécanisme de financement direct des initiatives climatiques dirigées par des jeunes.
- Soutenir des mesures d’adaptation qui aideront les collectivités à faire face aux risques climatiques.
- Travailler dans des domaines comme les écosystèmes côtiers, l’eau, l’agriculture, le logement et l’infrastructure, p. ex. les routes et les ports.
À propos de l’agriculture et des systèmes alimentaires adaptés au climat, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Investir dans l’agriculture adaptée au climat par des subventions visant à renforcer la capacité d’adaptation et la sécurité alimentaire des plus pauvres et des plus vulnérables.
- Fournir de l’aide aux petits exploitants et aux agriculteurs de subsistance, en particulier les femmes des pays en développement, qui sont victimes de conditions météorologiques imprévisibles et violentes, de ravageurs et de maladies qui minent leurs moyens de subsistance et leur sécurité alimentaire.
- Favoriser l’adoption de pratiques qui réduisent la dépendance envers les combustibles fossiles et la longueur des chaînes d’approvisionnement alimentaire, restaurent et intègrent dans le système de production des connaissances et des pratiques culturales éprouvées, améliorent les systèmes d’agriculture en zone aride, maintiennent et augmentent la biodiversité, préservent et reconstruisent les réseaux alimentaires locaux et régionaux, réduisent les pertes et le gaspillage d’aliments et assurent la transition vers une agriculture durable et plus écologique.
- Favoriser la résilience climatique des agriculteurs tout au long du cycle agricole, en les aidant à :
- augmenter leurs revenus pour qu’ils puissent acheter des semences, des intrants et des aliments de qualité entre les récoltes (par la diversification de la production, d’autres moyens de subsistance, l’épargne et les prêts menant à des activités lucratives, etc.) ;
- parfaire leur connaissance de pratiques culturales éprouvées pour qu’ils puissent augmenter la production malgré une météo imprévisible ou violente (p. ex., l’agriculture de conservation);
- s’organiser pour commercialiser leurs produits, établir des liens avec des fournisseurs et plaider plus efficacement en faveur de l’accès aux services agricoles gouvernementaux;
- construire des entrepôts pour qu’ils puissent stocker leur production et ne pas avoir à vendre immédiatement après la récolte lorsque les prix sont au plus bas.
À propos des mesures d’atténuation, dont la transition vers l’énergie propre et l’élimination progressive du charbon, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Aider les pays en développement à tendre vers une économie à émissions de carbone faibles ou nulles, en leur donnant les moyens d’élaborer des plans de transition énergétique qui mèneront à une croissance inclusive et durable.
- Créer des occasions pour les femmes de contribuer à la conception, à l’utilisation et à la diffusion de solutions énergétiques propres et durables.
- Veiller à ce que les activités d’atténuation aident aussi les bénéficiaires à devenir autosuffisants en énergie, moins endettés et moins impliqués dans des conflits liés à l’approvisionnement en énergie. Cela stimulera le développement économique local et national et favorisera le leadership et le renforcement du pouvoir économique des femmes.
- Veiller à ce que l’énergie verte et les technologies propres atteignent les pays en développement afin de leur éviter de se rabattre sur les ressources en place, comme le charbon et le gaz, pour lutter contre la pauvreté.
- Soutenir davantage les services hors réseau et les mini-réseaux électriques (souvent plus rapides et moins chers à déployer) et explorer les liens possibles entre la gestion des déchets et la production d’énergie dans les collectivités vulnérables et marginalisées.
- Envisager de soutenir la recherche axée sur l’économie politique du charbon dans les pays en développement et les coûts de désaffectation ou de reconversion des centrales au charbon et de transition de la main-d’œuvre.
- Aider les centres urbains des pays en développement à élaborer des programmes et des projets d’atténuation des changements climatiques pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre dans des secteurs comme les transports, l’infrastructure et le bâtiment écoénergétique.
2. Viser des cobénéfices
Les mesures climatiques qui procurent des cobénéfices, comme les solutions axées sur la nature ou l’application des principes des économies bleue et verte, permettent de maximiser l’effet des ressources financières que le Canada consacre à la lutte internationale contre les changements climatiques. Elles contribuent autant à l’adaptation qu’à l’atténuation et elles favorisent d’autres retombées importantes liées à la santé, à l’égalité des genres et à l’éducation. Les solutions axées sur la nature, notamment, ont pour effet de protéger, gérer et restaurer les écosystèmes et de répondre à des enjeux de société, si bien qu’elles contribuent simultanément au bien-être humain et à la biodiversité. Les stratégies axées sur les économies bleue et verte visent à atténuer les changements climatiques et à s’y adapter en se concentrant sur des secteurs importants comme les pêches, les ressources côtières, les transports, l’agriculture et la foresterie.
Le principal message des participants à la consultation était que le Canada devrait viser par son action des résultats d’adaptation et d’atténuation qui appuient des objectifs plus vastes de développement et d’économie, dont la relance suite à la COVID. Il pourrait s’agir notamment de promouvoir des solutions climatiques axées sur la nature et de favoriser une croissance inclusive dans les économies bleue et verte.
Détails de ce que nous avons entendu
À propos des solutions basées sur la nature, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Investir hardiment dans les solutions axées sur la nature, un volet du financement climatique international qui doit être mieux financé et soutenu publiquement pour atteindre son plein potentiel.
- Promouvoir les solutions axées sur la nature comme des interventions à long terme, multidimensionnelles et holistiques, qui procurent une multitude de cobénéfices en matière d’atténuation, d’adaptation, de développement économique, d’égalité sociale, de santé, de biodiversité, etc.
- Engager les peuples autochtones, y compris les femmes et les filles, dans la planification, la mise en œuvre et l’essor de solutions novatrices fondées sur les droits et la nature, et renforcer leur capacité de participer à la gouvernance de ces solutions et à l’intendance des ressources naturelles.
- Soutenir davantage les solutions axées sur la nature dans son engagement de financement climatique international, en :
- offrant plus de subventions et des solutions de financement novatrices (p. ex., petits prêts et microprêts, paiements de services écosystémiques, mécanismes de partage des risques);
- améliorant la mise en œuvre par des partenariats locaux, inclusifs et bilatéraux;
- adoptant une approche pangouvernementale pour tirer parti des réseaux et du savoir-faire en place;
- soutenant la recherche entourant les solutions axées sur la nature;
- créant un guichet de financement programmatique pour les solutions axées sur la nature dans les banques multilatérales de développement ou les fonds pour le climat.
- Faire de l’exploration et des investissements dans l’adaptation et les approches écosystémiques, en particulier pour les régions vulnérables comme les petits États insulaires en développement.
À propos des économies bleue et verte, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait appuyer des interventions climatiques porteuses de cobénéfices en matière d’adaptation et d’atténuation. Par exemple :
- Les possibilités d’adaptation écosystémique, en particulier dans les bassins versants et les milieux à forte densité de carbone comme les tourbières et les mangroves, qui renforcent la résilience des personnes qui dépendent des ressources naturelles tout en servant à capter le carbone et à soutenir la biodiversité.
- Les milieux restaurés, qui contribuent à retirer le carbone de l’atmosphère et à le stocker à terre, tout en offrant des modes de subsistance qui réduisent les besoins de déforestation.
- L’offre de produits aquacoles transformés et non transformés, comme les algues ou les microalgues, dont la culture favorise aussi le captage du carbone et des modes de subsistance durables dans les collectivités côtières.
- Les solutions de gestion des déchets qui préviennent le lessivage dans l’océan; des aires marines protégées bien gérées, qui contribuent à la biodiversité et à la résilience des espèces marines, qui protègent les collectivités et l’infrastructure côtières et qui créent des occasions de développement économique.
- Les efforts de restauration qui mobilisent les collectivités locales et améliorent leurs moyens de subsistance, réduisent la déforestation et augmentent le captage du carbone.
3. Renforcer la résilience des collectivités et favoriser les solutions locales
Les populations les plus pauvres et les plus vulnérables subissent de façon disproportionnée les effets néfastes des changements climatiques, qui menacent leurs moyens de subsistance et détruisent leurs collectivités. Les catastrophes climatiques, dont bon nombre gagnent en fréquence et en intensité, touchent de façon disproportionnée les pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement. Les solutions communautaires et la réduction des risques de catastrophes sont de bons moyens de parvenir à une résilience durable. On peut réduire au minimum les dommages causés par les catastrophes naturelles en élaborant des pratiques et des technologies locales pour se préparer aux catastrophes et y réagir, de sorte que les familles, les collectivités et les entreprises peuvent composer efficacement avec les conséquences, y survivre et s’en remettre. Les solutions locales, pilotées par des collectivités et des organisations qui comprennent le contexte local, ont l’avantage d’être pratiques parce qu’elles s’élaborent à même le savoir et les réseaux communautaires.
Le principal message des participants à la consultation était que le Canada devrait appuyer des solutions locales aux changements climatiques et renforcer la résilience des collectivités. Cela devrait se faire en améliorant l’accès au financement local, en soutenant le renforcement des capacités et en investissant dans la réduction des risques de catastrophe, en particulier dans les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés.
Détails de ce que nous avons entendu
À propos des solutions locales, les participants ont encouragé le gouvernement du Canada à :
- Reconnaître que les solutions proposées par les collectivités locales pour lutter contre les changements climatiques sont plus efficaces et durables. Il est essentiel de recenser les parties prenantes et de les consulter.
- Outiller les collectivités et les gouvernements qui sont aux premières lignes des changements climatiques pour qu’ils puissent non seulement intervenir, mais aussi être des agents de solutions climatiques. Renforcer leurs capacités et leurs connaissances, y compris dans des domaines spécialisés de l’action climatique — par exemple, la conduite des évaluations et des analyses d’impact social — afin d’améliorer la qualité et d’assurer la durabilité des projets d’action climatique.
- Intensifier et reproduire les interventions locales qui connaissent du succès.
- Mettre le financement climatique à meilleure portée des initiatives communautaires. Les organisations locales ont besoin de ressources accrues pour s’y retrouver dans le processus de financement, qui peut être long, lourd et difficile.
- Lancer des appels de propositions qui sont plus inclusifs et qui encouragent les petites et moyennes organisations de la société civile canadienne à travailler avec des acteurs locaux pour concevoir des projets qui favorisent l’appropriation locale et peuvent répondre aux besoins sur le terrain. Ces organisations apportent une expérience unique fondée sur la collaboration à long terme, la confiance et la proximité des populations les plus vulnérables touchées par les changements climatiques.
À propos du renforcement de la résilience des collectivités par la réduction des risques de catastrophes climatiques, en particulier dans les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Affecter des fonds spécifiques et insister davantage sur la réduction des risques de catastrophes climatiques, ce qui entraîne des effets multiplicateurs dans les secteurs de l’aide humanitaire, du développement et du climat.
- Soutenir les infrastructures qui sont à l’épreuve des changements climatiques et les interventions critiques comme les programmes communautaires de protection sociale et de gestion des risques de catastrophes. Ces interventions réduisent la vulnérabilité de la collectivité en tenant compte du risque d’exposition et de la capacité d’adaptation.
- Envisager de renforcer les systèmes d’alerte précoce dans les régions vulnérables.
- Accroître la capacité des organisations et des gouvernements locaux à influencer les politiques de réduction des risques et d’adaptation aux changements climatiques et la façon dont ces risques sont pris en compte dans les affectations budgétaires.
- Accroître le soutien technique et financier aux organisations de la société civile et aux groupes communautaires locaux qui travaillent à l’adaptation aux changements climatiques et à la réduction des risques de catastrophes.
4. Un financement climatique sensible au genre
Dans les pays en développement, les femmes et les filles sont touchées de façon disproportionnée par les effets néfastes des changements climatiques, en particulier celles qui subissent diverses formes de discrimination en raison de facteurs identitaires multiples et interreliés associés à d’autres groupes socialement défavorisés. Cela aggrave les inégalités sociales présentes et menace la santé, la sécurité et le bien-être économique des femmes et des filles. En raison d’obstacles liés spécifiquement au genre, les femmes dans les pays en développement possèdent moins de biens productifs, ont moins d’épargne et moins d’accès au crédit et à l’assurance, et portent une part disproportionnée de la responsabilité des soins non rémunérés, de sorte qu’elles peuvent moins bien résister aux chocs climatiques et profiter des occasions rattachées au climat. Outre qu’elles comptent parmi les plus grandes victimes des problèmes environnementaux, leur rôle d’agents de changement est souvent négligé. Les idées, le savoir-faire et le leadership des femmes et des filles sont tous des ingrédients essentiels de solutions plus adaptées et durables. Un financement climatique sensible au genre reconnaît les difficultés particulières auxquelles sont confrontées les femmes et les filles et il tente d’y remédier. Il tient aussi compte de leur contribution essentielle face aux changements climatiques.
Le principal message des participants à la consultation est que le Canada devrait appuyer des mesures climatiques qui tiennent compte des différences de genre dans tous les secteurs. Il s’agit notamment de veiller à ce que le financement parvienne aux organisations de femmes, en particulier celles de la base, et de renforcer la capacité des femmes à participer aux décisions et à diriger des initiatives climatiques.
Détails de ce que nous avons entendu
S’agissant du financement climatique sensible au genre, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Harmoniser davantage le financement climatique du Canada avec la Politique d’aide internationale féministe en intégrant les considérations d’égalité des genres et la résilience climatique dans l’ensemble de son aide au développement international. Pour ce faire, il devrait se donner comme « objectif principal » de consacrer 15 p. 100 de son financement climatique à l’égalité des genres, et comme « objectif important » d’y consacrer 80 p. 100.
- Adopter une approche transformatrice en matière de genre pour le financement climatique.
- Veiller à ce que les projets de financement climatique favorisent des changements d’attitude et de pratique, la communication officielle et non officielle et des approches éducatives propres à modifier les normes sociales discriminatoires. Il est souvent important de travailler avec de multiples intervenants (femmes, filles, hommes, garçons, familles, décideurs et influenceurs communautaires) pour arriver à changer les normes.
- Veiller à ce que le financement climatique tienne compte de l’équité intergénérationnelle, étant donné que les changements climatiques auront un plus grand impact sur les jeunes et les générations futures. Les donateurs doivent faire entendre la voix des jeunes, en particulier des jeunes femmes, sur les questions de financement climatique.
- Fournir des guides pratiques sur la façon d’intégrer l’égalité des genres et l’équité sociale dans les programmes, avec des trousses d’outils et des techniques de renforcement des capacités, dans le cadre des investissements canadiens en financement climatique.
- Appuyer les programmes de lutte contre les changements climatiques qui :
- renforcent l’autonomie des femmes et améliorent leurs moyens de subsistance en leur apportant des compétences et des techniques qui les aident à passer de la production primaire à des stades plus lucratifs et plus qualifiés de la chaîne de valeur;
- visent à réduire et à redistribuer le fardeau des soins non rémunérés qui pèse de manière disproportionnée sur les femmes, afin qu’elles puissent mieux gagner leur vie et faire face aux catastrophes;
- permettent aux agricultrices, ces agents principaux du changement dans les systèmes alimentaires des pays en développement, d’adopter des pratiques culturales adaptées au climat, ce qui suppose notamment dans les interventions climatiques d’appuyer et de renforcer l’égalité des droits des femmes à la terre, aux ressources productives et à l’accès aux marchés;
- mettent l’accent sur l’égalité des genres dans les efforts d’atténuation; ainsi, les projets visant à accroître l’efficacité énergétique, en utilisant par exemple des cuisinières et des carburants propres, offrent d’amples possibilités d’améliorer les moyens de subsistance et les bilans de santé, de faire progresser l’égalité des genres et de faciliter l’accès à une énergie propre et abordable, un objectif du développement durable.
Afin de renforcer la capacité des femmes à participer aux décisions et à diriger des initiatives climatiques, les participantes à la consultation ont encouragé le gouvernement du Canada à :
- Favoriser une plus grande participation des femmes à la formulation des politiques et des programmes en matière de changements climatiques, à toutes les étapes du cycle des projets depuis la planification jusqu’à l’évaluation.
- Valoriser et reconnaître la connaissance féminine des besoins locaux. Veiller à ce que les femmes et les collectivités soient consultées sur les moyens de renforcer leur résilience et leur capacité d’adaptation aux changements climatiques.
- Envisager le modèle coopératif dans les programmes de financement climatique. Les coopératives se prêtent particulièrement bien à renforcer le leadership et le pouvoir décisionnel des femmes, ce qui correspond directement aux besoins de leurs collectivités en matière d’atténuation, d’adaptation et de résilience. Elles sensibilisent aussi les hommes à l’importance de faire une place aux femmes dans les organes de direction et de décision.
- Échanger avec des alliés et des réseaux féministes qui s’emploient déjà à promouvoir un financement et une action climatiques sensibles au genre et de nature à renforcer la résilience des communautés. Cela comprend, entre autres, les organismes subventionnaires féministes, les réseaux de dirigeantes politiques et les réseaux d’organismes communautaires de femmes.
- Veiller à ce que le financement parvienne aux organisations de femmes en :
- aidant à surmonter les défis auxquels font face les organismes de la base qui travaillent sur la résilience, dont le manque de ressources, le manque de moyens techniques pour traiter la paperasse habituelle des demandes de subventions, et les difficultés à correspondre au profil de financement habituel;
- travaillant avec des intermédiaires établis, y compris dans la société civile, qui ont un accès direct aux organismes de la base ‒ le Canada devrait par exemple financer des caisses plus modestes qui accordent de plus petites subventions directement aux organisations locales de femmes;
- créant avec des partenaires multilatéraux des mécanismes de financement réservés à l’adaptation des femmes aux changements climatiques, qui accorderaient la priorité aux organisations dirigées par des femmes, aux petites agricultrices et à leurs associations.
5. Travailler en partenariat avec les peuples autochtones
Les changements climatiques représentent des menaces et des dangers pour les modes de vie traditionnels des peuples autochtones du monde entier. En fait, les peuples autochtones sont essentiels et actifs dans les nombreux écosystèmes qui font partie de leurs terres et territoires. De plus, on trouve chez eux, chez les femmes en particulier, de précieuses connaissances sur la préservation de l’environnement et la résilience face aux changements climatiques. Les peuples autochtones se montrent créatifs dans leur interprétation des changements climatiques et leurs façons d’y réagir, en puisant dans leur savoir ancestral et en utilisant des techniques différentes pour trouver des solutions qui peuvent aider la société en général à faire face à des changements imminents.Note de bas de page 6
Le message principal des participants à la consultation est que le Canada devrait s’assurer que son financement climatique respecte, favorise et fait progresser les droits des peuples autochtones et intégrer leurs points de vue, leurs besoins et leurs approches dans tous ses programmes internationaux en la matière. Il devrait également envisager d’appuyer les mesures climatiques d’initiative autochtone.
Détails de ce que nous avons entendu
En ce qui concerne la protection des droits des peuples autochtones et l’intégration de leurs points de vue, de leurs voix et de leurs approches, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Veiller à ce que les investissements futurs du Canada en financement climatique respectent le principe du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause et, de façon plus générale, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Consulter davantage les peuples autochtones en matière de financement climatique international et assurer une perspective autochtone par les moyens suivants : élaboration conjointe des politiques et des programmes; représentation et partenariat des peuples autochtones dans les processus décisionnels; application d’une approche fondée sur les distinctionsNote de bas de page 7; compréhension du fait que les changements climatiques (et les mesures de lutte) sont multidimensionnels et indissociables de l’intendance des écosystèmes, de la protection de la biodiversité, de la conservation, de l’utilisation des terres et d’autres sujets.
- Se fonder sur les droits pour mettre en œuvre des solutions fondées sur la nature.
- Habiliter les peuples autochtones à diriger la lutte contre les changements climatiques, car ils possèdent ‒ les femmes en particulier ‒ de précieuses connaissances sur la préservation de l’environnement et la résilience face aux changements climatiques.
- Envisager que les organisations autochtones nationales puissent collaborer avec les peuples autochtones des pays en développement pour échanger des pratiques exemplaires en matière d’adaptation, d’atténuation, d’intendance et d’autres sujets.
- Explorer des approches participatives intégrées pour concevoir et mesurer des projets de financement climatique et en rendre compte avec la participation des peuples autochtones directement touchés. Envisager différentes variables pour mesurer les résultats de l’adaptation, dont ceux liés au bien-être des personnes et des écosystèmes.
- Prévoir des modes de financement spécifiques, à concevoir conjointement avec et pour les peuples autochtones.
6. Revoir les mécanismes de financement : augmenter les subventions et modifier l’approche des prêts
Un financement international est nécessaire pour soutenir des mesures d’atténuation et d’adaptation qui permettront de lutter contre les changements climatiques. Il faut investir à grande échelle et affecter des ressources financières importantes pour réduire considérablement les émissions, s’adapter aux effets néfastes et atténuer les conséquences d’un climat changeant. Selon l’Accord de Paris, les pays développés devraient continuer de donner l’exemple en mobilisant des fonds à partir d’une grande variété de sources, d’instruments et de canauxNote de bas de page 8. Un des rôles clés des bailleurs de fonds consiste à accroître la disponibilité du financement mixte afin de partager le risque avec le secteur privé par le biais de subventions (remboursables) et de prêts de faveur adaptés à leurs besoins. Bien qu’il soit essentiel de mobiliser du financement climatique supplémentaire auprès du secteur privé, il existe toujours un besoin d’aide internationale classique sous forme de subventions (non remboursables) pour soutenir la société civile et les gouvernements des pays en développement dans leurs efforts de lutte contre les changements climatiques.
Le message principal des participants à la consultation était que le Canada devrait accorder des subventions, particulièrement par la coopération bilatérale, pour atteindre des objectifs climatiques précis et faire progresser la lutte contre les changements climatiques tout en tenant compte des réalités de la COVID. Il devrait explorer de nouveaux mécanismes de financement et accroître l’efficacité de ses prêts en acceptant, par exemple, des niveaux de risque plus élevés et en réunissant de nouveaux partenaires.
Détails de ce que nous avons entendu
En ce qui concerne le recours à des subventions plutôt qu’à des prêts pour atteindre des objectifs climatiques précis, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Fournir une plus grande part de son financement climatique sous forme de subventions s’il veut aider les plus pauvres et les plus vulnérables, en particulier dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.
- Appliquer de préférence un financement par subventions dans les domaines d’investissement qui offrent actuellement un rendement financier limité, comme les solutions axées sur la nature, l’adaptation et la résilience. Les prêts sont un instrument efficace dans les secteurs traditionnellement lucratifs comme l’énergie renouvelable.
- Déterminer si le financement par subventions convient mieux que le financement par prêts aux programmes d’assurance contre les risques de catastrophes climatiques, qui imposent aux gouvernements des primes élevées. Pour se protéger contre de tels risques, les petits États insulaires en développement ont surtout besoin d’aide sous forme de subventions.
- Examiner avec soin la portée des prêts provenant de fonds multilatéraux. Ces prêts atteignent généralement des pays à revenu moyen inférieur et supérieur, mais se rendent difficilement jusqu’au niveau local, aux organisations locales de femmes, par exemple, qu’ils pourraient autrement aider à s’adapter aux changements climatiques et à renforcer leur résilience.
- Continuer d’accorder des subventions aux bénéficiaires appropriés, comme les petites et moyennes entreprises des pays en développement et les organisations de la société civile au Canada et dans les pays en développement, dont les organisations locales de femmes, afin d’appuyer des initiatives communautaires et d’atteindre des objectifs d’adaptation.
- Envisager une approche mixte, s’il y a lieu, en subventionnant d’abord des initiatives climatiques communautaires à petite échelle, puis en accordant des prêts pour leur donner plus d’ampleur.
À propos de l’efficacité des prêts, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Continuer de recourir au financement mixte à des conditions de faveur, reconnaissant que c’est un des instruments les plus efficaces pour obtenir des capitaux d’autres institutions de financement du développement et d’autres acteurs du secteur privé.
- Recourir à des prêts pour mobiliser de nouveaux partenaires. Envisager d’appuyer les intermédiaires établis qui travaillent avec des partenaires locaux, comme les investisseurs à impact social, les banques régionales de développement et les instituts nationaux de financement du développement.
- Accepter des niveaux de risque financier plus élevés afin de pénétrer les marchés émergents et d’attirer de nouveaux partenaires dans la lutte contre les changements climatiques, notamment en adoptant une approche axée sur le risque du portefeuille plutôt que sur le risque propre au projet.
- Accroître le degré de libéralité de ses prêts dans les contextes vulnérables et être disposé à assumer des pertes plus élevées sur les prêts consentis aux pays les moins avancés.
- Aider les banques multilatérales de développement à réévaluer leurs modèles actuels de risque financier, qui tendent à considérer comme risqués les projets d’adaptation centrés sur l’égalité des genres. Le Canada devrait montrer que l’intégration de solides considérations d’égalité des genres aide à atténuer les risques et à accroître les retombées des projets.
- Faire preuve de prudence en subventionnant des énergies renouvelables dans les pays en développement afin d’éviter de fausser le marché et de réduire le jeu de la concurrence.
En ce qui concerne l’exploration de nouveaux mécanismes de financement, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- S’engager davantage dans l’application de mécanismes novateurs comme le financement axé sur les résultats, de nouvelles structures de la dette, des garanties, des capitaux propres, les prêts aux États souverains et l’investissement intégrant une perspective de genre. Le Canada devrait en apprendre davantage sur ces différents mécanismes financiers afin de savoir quand utiliser chacun pour en maximiser l’incidence et l’efficacité.
- Envisager d’appuyer la création d’obligations bleues et vertes, des instruments à revenu fixe conçus pour recueillir des fonds destinés à des projets liés à l’environnement, au climat et aux océans. En particulier, envisager de traiter les obligations vertes comme des créances de second rang pour lever des capitaux auprès du secteur privéNote de bas de page 9. Ce type de créance encourage le secteur privé à investir en réduisant son risque.
- Continuer de soutenir l’assurance contre les risques climatiques et les catastrophes. C’est un outil financier prometteur qui peut encourager l’adaptation et aider à régler les problèmes de liquidité en cas de catastrophe.
- Inclure une enveloppe pour les solutions en devises locales dans les futurs programmes. La demande de telles solutions continue de croître et dépasse de loin l’offre de capital semblable à des conditions de faveur.
- Soutenir les plans de crédits carbone conçus pour encourager les investissements privés dans les cibles et les objectifs de développement fixés dans les Contributions déterminées au niveau national.
7. Faire participer le secteur privé au Canada et dans les pays en développement
Les finances publiques à elles seules ne suffiront pas à atteindre le niveau d’investissement nécessaire pour lutter contre les changements climatiques. Le secteur privé a un important rôle à jouer pour qu’on arrive à créer des collectivités à faibles émissions de carbone et à l’épreuve des changements climatiques. Afin de maximiser l’efficacité des finances publiques, les bailleurs de fonds prennent collectivement des mesures pour financer la lutte internationale contre les changements climatiques en aidant à éliminer les obstacles à l’investissement privé. Ces mesures sont essentielles pour : réduire les risques techniques et financiers des investissements liés au climat; promouvoir des modalités de financement novatrices pour stimuler l’investissement dans les infrastructures durables; démontrer la viabilité commerciale des projets et débloquer de futurs investissements privés dans des initiatives semblables; intensifier les investissements et accélérer les approches novatrices de l’action climatique.
Le message principal des participants à la consultation était que les résultats des mesures d’adaptation et d’atténuation dans les pays en développement devraient s’appuyer sur les connaissances, le savoir-faire et l’expérience du secteur privé canadien. Le Canada devrait aussi soutenir les secteurs privés des pays en développement afin qu’ils puissent élaborer des solutions durables aux changements climatiques dans leur propre économie et, à leur tour, avoir une incidence accrue sur le développement.
Détails de ce que nous avons entendu
À propos de la participation du secteur privé au Canada et dans les pays en développement, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Aider le secteur privé canadien à établir des relations avec des partenaires internationaux du financement climatique.
- Reconnaître le savoir-faire canadien dans les secteurs liés à l’énergie propre et aux micro-réseaux pour atteindre les collectivités non branchées et s’attaquer au subventionnement des combustibles fossiles en Afrique, en Asie et dans les Amériques.
- Mettre à profit les connaissances, le savoir-faire et l’expérience du secteur privé canadien dans les domaines où le Canada affiche un solide rendement, et propager des pratiques et des outils canadiens dans les pays en développement.
- Reconnaître les obstacles à la participation du secteur privé dans les pays en développement, notamment les coûts initiaux élevés d’établissement des entreprises, la disponibilité limitée de fonds locaux réservés à l’action climatique, les longs processus de demande, les taux d’intérêt élevés et les échéanciers serrés d’investissement.
- Aider à créer dans les pays en développement les conditions favorables à un secteur privé écologique, notamment aider les pays à se doter de cadres réglementaires qui encouragent le virage vert et renforcer le secteur des services financiers afin de soutenir les investissements dans l’action climatique.
- Aider les secteurs privés des pays en développement à :
- négocier le virage vert, notamment : faciliter l’obtention auprès des banques commerciales du capital initial dont ils ont grand besoin; appuyer le recours aux divulgations financières liées au climat pour aider à la transformation des entreprises à fortes émissions de carbone des secteurs de l’extraction et des combustibles fossiles;
- offrir des produits et des services écologiques dans leur propre économie, ce qui pourrait amener le Canada à faire des investissements plus risqués, notamment : aider à réduire les coûts d’innovation des technologies émergentes; mettre à l’essai les idées nouvelles pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans les pays en développement; donner plus de moyens pour intégrer les considérations climatiques sensibles au genre dans les chaînes d’approvisionnement.
- produire des biens et des services adaptés au climat grâce à des programmes d’accélération à petite échelle et à l’ouverture de marges de crédit vertes pour les entrepreneurs, avec des modalités distinctes pour les femmes.
8. Mettre à contribution l’influence et le pouvoir fédérateur du Canada
Le Canada est un acteur important du financement international de la lutte contre les changements climatiques, ce qui l’amène à collaborer avec différents partenaires bilatéraux et multilatéraux, dont des gouvernements de pays en développement, des organisations non gouvernementales et des organisations multilatérales. Il a établi des fonds conçus exprès pour mobiliser l’investissement privé auprès des banques multilatérales de développement, dont la Banque asiatique de développement et la Banque interaméricaine de développement. Il participe à la gouvernance et à la planification stratégique d’organisations multilatérales et de fonds climatiques, et il a usé de son influence pour réunir d’autres bailleurs de fonds. En 2018, alors président du Groupe des Sept (G7), le Canada a été un chef de file dans le dossier des changements climatiques en le plaçant en tête du programme du G7 et en assurant une approche inclusive pour promouvoir l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles. En 2020, il a pu exercer son pouvoir rassembleur à la coprésidence du conseil d’administration du Fonds vert pour le climat, le plus important au monde constitué exprès pour aider les pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à améliorer leur capacité de réaction aux changements climatiques.
Le message principal des participants à la consultation est que le Canada devrait user stratégiquement de son pouvoir rassembleur dans les tribunes internationales du financement climatique pour faire avancer des priorités d’aide internationale, comme prendre des mesures différenciées selon le genre et rejoindre les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. Le Canada devrait aussi appliquer les principes de l’efficacité de l’aide en s’inspirant de pays en développement partenaires et en appuyant des initiatives visant à mettre en œuvre leurs Plans d’adaptation nationaux et leurs Contributions déterminées au niveau national.
Détails de ce que nous avons entendu
Pour ce qui est de tirer parti du pouvoir fédérateur du Canada, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- User de son influence auprès des banques multilatérales de développement et des institutions financières internationales pour mieux harmoniser leur travail avec les objectifs climatiques internationaux et la Politique d’aide internationale féministe du Canada.
- Encourager les organisations multilatérales avec lesquelles le Canada collabore au financement climatique international à ouvrir des voies d’engagement significatif aux peuples autochtones et à la société civile, y compris les organisations de femmes.
- Aider à simplifier les processus de demande et de financement des grands fonds climatiques, afin de réduire les obstacles pour les secteurs privé et public dans les pays en développement et pour les organisations plus modestes, notamment les organismes communautaires dirigés par des femmes, qui essaient d’obtenir du financement pour des projets de petite envergure.
- Mieux faire connaître les propositions de projets qui intègrent des mécanismes de financement sensibles au genre, mais qui ne répondent pas nécessairement aux critères de financement des grands fonds, pour obtenir du financement du Canada ou d’autres donateurs.
- Aider à faire la preuve que l’investissement différencié selon le genre réduit les risques, donne des rendements et produit des retombées, et promouvoir cette réalité. Par exemple, soutenir la réalisation d’études d’impact intégrant une perspective de genre en ce qui concerne les marchés conclus avec succès. Jouer une rôle de premier plan dans la promotion des prises de décisions fondées sur les faits et des méthodes de collecte de données intégrant une perspective de genre, pour aider les donateurs et les gouvernements à comprendre les besoins des femmes et des filles en matière d’interventions climatiques.
En ce qui concerne l’efficacité de l’aide dans le financement climatique international, les participants ont encouragé le gouvernement du Canada à :
- Défendre les principes internationaux d’efficacité de l’aide, à savoir : l’appropriation des initiatives climatiques par les pays en développement; l’harmonisation avec leurs plans d’adaptation et d’atténuation, leurs capacités et leurs engagements; l’harmonisation des mesures et des procédures avec les autres donateurs; la gestion axée sur les résultats; la responsabilité mutuelle.
- Veiller à un financement souple, adapté aux besoins des pays membres. On s’assure ainsi que les pays disposeront des ressources nécessaires pour mettre en œuvre leurs Plans d’adaptation nationaux et leurs Contributions déterminées au niveau national.
- Soutenir les initiatives menées par les pays mêmes pour mettre en œuvre les Plans d’adaptation nationaux et les Contributions déterminées au niveau national, ainsi que les stratégies régionales de lutte contre les changements climatiques dans les régions vulnérables. Faire correspondre plus étroitement le financement climatique du Canada aux secteurs d’intervention prioritaires définis par les pays.
- Renforcer la coordination entre les donateurs et les autres partenaires du développement dans les programmes d’action climatique afin de réduire au minimum le dédoublement des efforts et d’obtenir un maximum de retombées.
- Adopter une approche à plus long terme et programmatique (plutôt que propre à un projet) pour réaliser un changement d’ordre transformationnel, notamment en ce qui concerne l’égalité des genres. Souvent, les résultats de l’action climatique ne peuvent être obtenus et mesurés qu’à long terme.
- Renforcer le suivi et l’évaluation du financement climatique du Canada afin de contrôler les résultats en ce qui concerne les plus pauvres et les plus vulnérables, le renforcement du pouvoir des femmes et d’autres objectifs de développement. Veiller à ce que les preuves recueillies et les leçons apprises éclairent les futurs programmes de financement climatique.
9. Intégrer les réalités de la COVID‑19
La pandémie de COVID‑19 a amplifié les inégalités, révélé des vulnérabilités et exacerbé les effets des changements climatiques déjà ressentis par les plus pauvres et les plus vulnérables, ainsi que par les femmes et les filles. Elle menace aussi de continuer à freiner les progrès de l’action climatique internationale. Par exemple, certains pays et entreprises privées peuvent retarder ou annuler des investissements dans l’énergie renouvelable ou des politiques d’action climatique, surtout si la pandémie a pesé lourdement sur leurs finances. En même temps, la pandémie mondiale offre l’occasion d’harmoniser les efforts de rétablissement avec les objectifs mondiaux en matière de changements climatiques, et de mieux reconstruire. Les mesures prises pendant la période de rétablissement jetteront les bases et traceront la trajectoire à long terme d’une reprise verte et d’une évolution des pays en développement vers des sociétés résilientes, inclusives et sobres en carbone. Grâce à des partenariats efficaces, il est possible de créer une économie et une société plus fortes, plus durables et plus résilientes qu’auparavant.
Le message principal des participants à la consultation est que le Canada devrait tenir compte du contexte de la COVID lorsqu’il réfléchit à sa démarche de financement international de l’action climatique, afin d’aider les pays en développement à mieux reconstruire.
Détails de ce que nous avons entendu
En ce qui concerne l’intégration des réalités de la COVID dans l’effort canadien de financement climatique, nous avons entendu que le gouvernement du Canada devrait :
- Relier les efforts de rétablissement à la lutte contre les changements climatiques pour que le programme d’action climatique s’harmonise avec la riposte à la COVID‑19 et qu’il lui serve de complément. Les deux ripostes devraient s’appuyer sur la science et sur des données probantes.
- Tenir compte du ralentissement économique découlant de la COVID‑19 et envisager d’éviter le financement par emprunt dans les pays vulnérables où la pandémie a encore miné la viabilité de la dette. Si l’endettement ne peut être évité, revoir le degré de libéralité des prêts destinés aux pays les plus vulnérables, en particulier les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés.
- Appuyer des solutions climatiques qui créeront des emplois nécessaires et offriront des débouchés aux femmes, aux peuples autochtones et aux communautés racialisées afin d’assurer une reprise juste et équitable. Envisager un soutien à des plans de relance écologiques qui tiennent compte de la vulnérabilité différente des femmes et des hommes face à la pandémie. On reconnaît généralement que la COVID‑19 affecte de manière disproportionnée la santé et le bien-être économique et social des femmes, ce qui aura des conséquences à long terme.
- Envisager dans les programmes d’action climatique des investissements complémentaires (dans la santé, l’aménagement urbain, le filet social, etc.) qui aideront les collectivités à mieux s’adapter aux changements climatiques et aux futures pandémies.
VI. Aller de l’avant
Nous remercions tous les participants à notre consultation, particulièrement en cette période difficile et compte tenu des obstacles physiques posés par la pandémie de COVID‑19. La riche teneur des discussions et le foisonnement des idées et des points de vue éclaireront la réflexion du Canada sur son approche du financement climatique après 2020-2021.
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