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Déclaration de SE l’Ambassadeur Bob Rae, Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies, au Débat ouvert du Conseil de sécurité sur la protection des civils dans les conflits armés

Le 25 mai 2022 – Conseil de sécurité des Nations Unies

Le texte prononcé fait foi

Monsieur le Président,

J’aimerais avant toute chose, au nom de mon gouvernement et du peuple canadien, exprimer toute notre tristesse face aux événements d’hier au Texas. A votre délégation, votre pays, vous êtes dans nos prières.

Merci aux États-Unis d’avoir organisé le débat d’aujourd’hui ainsi que les présentateurs de faire rapport de leurs points de vue.

Le rapport du Secrétaire général sur la protection des civils présente des tendances très inquiétantes. Il y a plus de conflits aujourd’hui que depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, les déplacements forcés, la faim dans le monde et les besoins humanitaires sont à leurs plus hauts niveaux depuis de nombreuses années.

Et la violence contre les civils et les infrastructures augmente et devient plus meurtrière.

Malheureusement, nous le voyons chaque jour en Ukraine où les horreurs semblent sans fins, du fait de cette machine de guerre russe. Un facteur d’atrocité comme l’a dit quelqu’un.

L’invasion non-provoquée et illégale de l’Ukraine par la Fédération de Russie a mis à nue deux problèmes, qui sape la protection des civils en temps de conflit armé. Tout d’abord, l’abus du droit de veto et deuxièmement, le manque criant de responsabilité en cas de violations du droit international.

Nous savons tous, la Charte des Nations Unies est claire. Mais cette promesse de protéger les générations futures n’est pas tenue, c’est aujourd’hui une autre génération qui souffre du fléau de la guerre. Les enfants, les femmes, les hommes, qui paient le plus lourd tribut de ce conflit armé. C’est la raison pour laquelle nous devons nous pencher sur l’architecture paix et sécurité, y compris le veto du Conseil de sécurité. 

La récente résolution adoptée par l’Assemblée générale ouvre la voie vers une étude plus poussée de chaque veto et donnera la possibilité d’envisager des recommandations en lien avec des mesures collectives plutôt que d’être confronté à un Conseil de sécurité bloqué.   

En cas de conflit, les lois de la guerre sont claires : il s’agit de protéger ceux qui ne prennent pas part aux hostilités. Elles interdisent les méthodes de guerre à l’origine de souffrances inutiles. Si les partis au conflit armé devaient respecter au pied de la lettre ce droit, nous ne serions pas ici à débattre de l’accès humanitaire, et plus important, la grande majorité des dommages causés aux civils et aux objets civils aurait été évitée.

Et pourtant nous restons témoins de cette violation, que ce soit en Ukraine, en Syrie, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Myanmar, et ailleurs.

Des attaques délibérées sont menées contre des hôpitaux, des maisons, des infrastructures essentielles, elles sont bien trop familières aujourd’hui. Et un des effets dévastateurs sur les femmes et les enfants, les personnes handicapées, ceux qui sont le moins en mesure de s’occuper d’eux-mêmes. Le non-respect et le manque de responsabilité signifient que les acteurs humanitaires n’ont plus de possibilité d’agir.

Parfois, Monsieur le Président, confrontés à ces horreurs, notre instinct consiste à faire quelque chose, à adopter une résolution, de nouvelles lois. Je me demande si c’est vraiment la bonne chose à faire.

Nous devons je pense procéder à un exercice d’introspection. Que faisons-nous pour faire en sorte que le droit international, les protocoles et conventions qui ont été adoptés sont vraiment intégrés dans notre droit national. Quelle est notre pratique au plan national ?

Nous devons veiller au pied de la lettre à ce que l’on respecte le droit international humanitaire que ce soit par les états ou les partenaires non-étatiques.

Troisièmement lorsque les parties au conflit armé commettent de graves violations, nous devons les en tenir comptables, au plan diplomatique par le biais de sanctions collectives, au plan militaire en soutenant les gouvernements comme dans le cas de l’Ukraine, ces gouvernements qui se défendent en vertu de l’article 51 de la Charte et au plan juridique au travers de poursuites devant la Cour pénale internationale ou la Cour internationale de justice et ailleurs.

Monsieur le Président,

Notre solidarité est notre force. Nous devons bâtir collectivement une structure incitative plus forte pour le respect du droit international et renforcer l’architecture de protection des civils mise en place par le Conseil depuis deux décennies.  

En Ukraine, notre solidarité s’est traduite par des sanctions contre la Fédération de Russie, et par la volonté de tenir ses forces responsables des violations manifestes du droit international.

Il ne devrait y avoir aucun endroit dans ce monde où des violations du droit international peuvent être commises en toute impunité.

Les activités illégales et non provoquées de la Russie en Ukraine choquent l’humanité.  Cette conduite atroce est venue renforcer notre volonté collective de defender l’ordre international qu’elle vise précisément à saper.

Nous devons faire montre de la même volonté collective pour protéger ceux qui souffrent dans les situations de conflit dans le monde entier aux mains de ceux qui en violations flagrantes des règles de la guerre et de l’humanité continuent d’agir en toute impunité.   

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