Déclaration de l'ambassadeur et représentant permanent adjoint Richard Arbeiter au débat ouvert du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés
Le 19 juillet 2022 – Conseil de sécurité de l’ONU
LE TEXTE PRONONCÉ FAIT FOI
Je vais à présent prononcer une brève allocution en ma qualité de représentant national.
Aujourd’hui, plus de 40 millions d’enfants sont déplacés dans le monde en raison des conflits et de la violence.
Ce chiffre dépasse la population totale de mon pays, le Canada, et celle de plus de 157 États membres de l’ONU.
Le déplacement d’un enfant en raison de la guerre est un déplacement de trop. Le déplacement de plus de 40 millions d’enfants est une catastrophe, et cette catastrophe est d’origine humaine.
Bien que cet enjeu thématique fasse l’objet d’un débat au sein du Conseil, des violations ont lieu dans des États où les gouvernements et d’autres acteurs ont des obligations.
En Afghanistan, les talibans sévissent effrontément contre les droits des filles, notamment leur droit à l’éducation. L’année dernière, plus de garçons afghans ont été tués et mutilés que dans tout autre pays du monde.
Dans les régions du Sahel central et du bassin du lac Tchad, nous observons la plus forte augmentation des violations graves commises à l'encontre des filles.
En Syrie, le régime d’Assad poursuit ses agressions contre les enfants, bombarde des écoles et des hôpitaux, et recrute des enfants dans les rangs de ses forces armées.
Nous sommes préoccupés par la décision de déplacer le gouvernement syrien dans l'annexe du rapport du Secrétaire général.
Cette décision n’aurait dû être prise qu’en se fondant sur une importante diminution des violations graves et le respect d’engagements concrets et assortis de délais.
Selon le propre rapport du Secrétaire général, le gouvernement syrien n’a accompli ni l’un ni l’autre. Il s’agit donc d’un précédent inquiétant.
En Ukraine, des enfants ont été tués et mutilés par les forces russes. Il peut être prouvé que des attaques délibérées ont été menées à grande échelle contre des écoles et des hôpitaux. La Russie a arrêté et expulsé de force des centaines de milliers d’enfants ukrainiens. Le viol et la violence sexuelle à l’encontre de filles et de garçons ukrainiens sont très répandus.
Ces affirmations ne sont pas des assertions par le Canada, mais des faits corroborés par l’ONU, l’OSCE et des organisations indépendantes.
La désignation du contexte en l’Ukraine comme une situation préoccupante dans le rapport du Secrétaire général est un pas dans la bonne direction, tout comme l’inscription des situations en Éthiopie et au Mozambique dans les mêmes termes. Nous saluons cette initiative du Secrétaire général.
Dans ces trois situations comme dans toutes les autres, nous exhortons le Secrétaire général à veiller à ce que la vérification des renseignements sur les graves violations commises contre des enfants donne lieu à une décision d’inscription précise, crédible et transparente.
Cette démarche est essentielle pour changer les comportements et exiger des parties aux conflits qu’elles rendent des comptes.
Pour conclure, permettez-moi de formuler trois remarques :
Premièrement, nous entendons les appels à investir plus de ressources dans la protection de l’enfance. Rien ne peut remplacer une expertise dédiée. Et nous savons que le système est plus sollicité que jamais. Le Canada s'engage à plaider en faveur de ces ressources, afin de s'assurer que l'ONU dispose de ce dont elle a besoin pour faire ce travail important.
Deuxièmement, il est encourageant de constater le nombre croissant de pays qui appuient les principaux instruments pour protéger les enfants, comme les Principes de Vancouver, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et les Principes de Paris.
Troisièmement, je terminerai en rappelant que le Canada et de nombreux autres États membres demandent depuis plusieurs années au Secrétaire général de publier ce rapport plus tôt avant le débat public annuel au Conseil.
Il s’agit d’un rapport important, qui contient des décisions majeures susceptibles d’avoir une incidence sur les politiques bilatérales et multilatérales. Tous les États membres, quel que soit leur statut, devraient disposer de plus de temps pour en examiner le contenu.
Merci.
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