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Déclaration de Bob Rae, Ambassadeur et représentant permanent du Canada à l’ONU au débat général lors de l’ouverture de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies

26 Septembre 2023

Monsieur le Président,

C’est un honneur pour moi de m’adresser à l’Assemblée générale au nom du gouvernement du Canada. Je reconnais que je le fais sur le territoire traditionnel du peuple des Lenapes.

Monsieur le Président, j’aimerais vous féliciter de votre élection en tant que Président de l’Assemblée Générale. Si je peux me permettre, c’est merveilleux de voir un membre de la communauté des Représentants Permanents prendre les choses en main. Cela a été un plaisir de travailler avec vous et je me réjouis à la perspective de continuer à travailler avec vous dans le futur.

J’aimerais également offrir nos sincères condoléances à tous ceux qui ont perdu des êtres chers lors des terribles inondations en Libye, ainsi qu’à nos chers amis marocains qui pleurent les nombreuses vies arrachées par le tremblement de terre dévastateur.

Laissez-moi vous assurer que le Canada est prêt à apporter son aide de quelque manière que ce soit face à ces situations difficiles, et nous pensons aujourd’hui, en voyant les tragiques photos et vidéos, aux Arméniens qui quittent Nagorno-Karabakh après une expérience si difficile au cours des derniers mois et années.

Monsieur le Président,

Juste avant de venir à New York, j’ai eu l’occasion de travailler avec un conseil de dirigeants autochtones au Nord de l’Ontario, au Canada. Ils avaient un slogan que j’ai trouvé très efficace et assez simple. Ce dernier faisait référence au pouvoir de l’unité et à la dignité de la différence. C’est un thème auquel nous devrions peut-être réfléchir.

Parfois on parle de l’échec des Nations Unies, et je retorque que ce sont plutôt les Nations Divisées qui sont en échec. Lorsque nous sommes unis, nous réussissons. C’est lorsque nous sommes divisés que nous échouons. Nous devons saisir ce moment et faire compter chaque moment pour faire une différence. Mais nous ne réussirons que si nous agissons ensemble.

Nous sommes collectivement à mi-chemin dans nos efforts pour atteindre les Objectifs de développement durable sur lesquels nous nous sommes tous entendus il y a de cela 8 ans.

Nous avons récemment adopté le Traité sur la Biodiversité ne relevant pas de la Juridiction Nationale.

Et nous approchons le premier bilan mondial de l’Accord de Paris.

Le consensus de la semaine dernière est clair : nous sommes loin derrière d’où nous devons être en vue de respecter les engagements que nous avons pris envers nos populations et les uns envers les autres.

La santé de la planète, de nos populations, de nos institutions et de notre économie mondiale est gravement menacée.

J’ai rencontré la semaine dernière Wilton Littlechild, ancien Grand Chef de la Confédération des Premières Nations signataires du traité no 6 et membre de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, ainsi que l’un des négociateurs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Il m’a dit à quel point il était essentiel de ne pas examiner les problèmes auxquels nous sommes confrontés de façon isolée. Dans nos discussions ici, nous passons d’un sujet à l’autre, d’une chose à l’autre. Mais il est important de les regarder dans leur intégralité. Nous devons reconnaître leur profonde interconnexion.

Comme bien des gens dans vos pays, je peux vous assurer que les Canadiens et Canadiennes aussi s’inquiètent du coût de la vie.

Ils s’inquiètent aussi de l’intelligence artificielle, de l’ingérence étrangère, et de la mésinformation et désinformation.

Les Canadiens vivent aussi les crises climatiques et environnementales.

Comme vous le savez très bien, comme les citoyens de New York le savent très bien, cet été, les Canadiens ont connu les feux de forêt les plus destructeurs de l’histoire de notre pays. Ceci démontre à quel point nous sommes liés, tous ensemble.

Des feux à une échelle jamais vue, brûlant en même temps, partout. Mais le Canada n’est pas unique. Les incendies ont fait rage partout dans le monde à une échelle sans précédent.

Il ne s’agissait pas d’une fenêtre sur notre avenir, mais plutôt d’un témoignage de notre présent.

Notre réponse à ces défis difficiles ne doit pas être complaisante, divisée ou nostalgique du passé. Il ne s’agit pas de pointer du doigt ou de chercher des panacées.

Il s’agit de prendre des mesures concrètes pour aider à relever, tant au Canada que dans le monde entier, les défis auxquels nous sommes confrontés tous ensemble.

Nous prenons évidemment des mesures à l’échelle nationale. Et il est tout à fait approprié et normal que nous prenions tous des mesures chez nous afin de faire face à la crise à laquelle nous sommes confrontés.

Par exemple, au Canada, nous avons décidé d’accueillir plus d’immigrants que jamais auparavant, car l’immigration a fait du Canada un meilleur pays et un meilleur endroit où vivre.

Nous avons aussi fixé un prix sur le carbone. Parce que nous savons que nous devons tout faire pour endiguer le changement climatique, même si nous reconnaissons que nous devons en faire davantage.

En même temps, nous pensons que la réduction des émissions n’est pas l’unique obligation des pays riches. C’est un devoir qui est partagé, de même que la nécessité d’assurer l’accès au capital – à plus long terme et à des taux plus favorables – pour aider à la transformation verte de l’économie mondiale.

C’est pourquoi le Canada a accepté de donner davantage de ses droits de tirage spéciaux au Fonds monétaire international, comme annoncé par le Premier Ministre la semaine dernière. Nous avons décidé de donner 48 % de nos propres droits de tirage à d’autres pays.  Il s’agit du plus haut nombre parmi ceux qui possèdent des droits de tirage spéciaux, et nous encourageons d’autres à suivre cet exemple.

Et nous continuons de chercher des moyens d’éliminer les obstacles liés au sexe, de mettre fin au racisme systémique. De ne pas avoir peur de le décrire comme tel et de dire qu’il s’agit d’un problème auquel nous devons continuer de faire face.

De protéger et de promouvoir les droits des personnes et communautés 2ELGBTQIA+, dans toute leur diversité. Et laissez-moi vous dire sur cette plateforme pourquoi nous le faisons et pourquoi je le décris de cette manière. C’est parce qu’il est fondamental à la nature humaine même de permettre aux gens d’être eux-mêmes. De permettre aux gens d’être eux-mêmes et de pouvoir célébrer leur propre identité, sans répression, sans division, sans discrimination.

C’est fondamental pour nous.

Tout comme il est fondamental pour nous de nous engager sur la voie de la réconciliation avec les peuples autochtones.

Parce que, en toute humilité et en reconnaissance de nos propres fautes, le Canada a trouvé sa force dans la diversité, sa raison d’être dans l’équité et son unité dans l’inclusion. Et comme beaucoup d’autres, nous sommes beaucoup plus apaisés en admettant enfin la vérité sur qui nous sommes.

Monsieur le Président,

À la fin du mois dernier, à l’invitation du gouvernement du Panama, j’ai visité la région du Darién, la jungle qui sert de frontière entre la Colombie et le Panama.

J’ai vu de mes propres yeux la crise migratoire irrégulière qui s’y déroule, avec des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui risquent leur vie pour traverser la jungle.

Le nombre de personnes qui cherchent à faire le voyage est bouleversant. Et cela doit être vu sous un angle plus large et global.

J’ai vu des gens de nombreux pays différents – de la région, bien sûr, mais aussi de l’Afghanistan, de la Chine et de la Syrie et j’ai discuté avec eux.

C’est une crise régionale dans les Amériques, oui, mais il s’agit aussi d’une crise mondiale.

À l’heure actuelle, plus de 108 millions de personnes sont déplacées de force dans le monde.

Des centaines de milliers de Rohingyas restent déplacés au Bangladesh et dans leur Rakhine natif, alors que la junte militaire poursuit sa répression brutale et illégale contre le peuple du Myanmar.

En Afghanistan, où les autorités de facto ont mis en place une campagne ciblée de répression contre les droits des femmes et des filles, plus de cinq millions de personnes sont déplacées ou réfugiées.

Après plus de 12 ans de conflit brutal, plus de 12 millions de Syriens sont déplacés ou réfugiés dans les pays voisins.

Et au Soudan, le conflit a déplacé deux millions de personnes, y compris celles déjà marquées par la violence génocidaire dans la région du Darfour.

Les conflits sont le principal moteur de cette crise mondiale, tout comme les changements climatiques, les catastrophes naturelles et l’insécurité économique.

Les personnes qui cherchent à traverser la région du Darién fuient tous ces facteurs de déplacement.

Les nombreuses personnes qui cherchent à traverser m’ont fait voir les conséquences de notre action – ou notre inaction – ici aux Nations Unies.

Ma visite a renforcé ma conviction profonde que ce que nous disons et ce que nous faisons ici aux Nations Unies est profondément important dans la vie des gens que nous représentons.

Nous devons nous rappeler de notre pouvoir collectif. Tel que mentionné précédemment, le pouvoir est dans l'unité, et non dans la division. Et notre responsabilité est de faire le plus de bien possible pour le plus grand nombre de personnes. J’ai été touché par le travail remarquable des Nations Unies et de toutes les organisations humanitaires que j’ai visitées.

Nous voyons partout dans tout le monde que les besoins humanitaires ont atteint des sommets historiques. Pourtant, le financement est nettement insuffisant.

Nous savons tous que les solutions les plus durables sont politiques. Elles doivent s’attaquer aux causes sous-jacentes des crises humanitaires, tout en trouvant des solutions durables qui respectent la dignité humaine et les droits de la personne et créent des cadres durables pour le développement économique et la prospérité.

C’est aussi vrai en Afghanistan qu’au Myanmar, en Syrie qu’au Soudan.

Nous sommes également à un carrefour, comme vous l’avez mentionné dans votre discours d’ouverture Monsieur le Président. Nous nous trouvons en effet à un « carrefour de l’histoire » sur deux questions étroitement liées : l’égalité des genres et la démocratie.

J’étais présent dans l’Assemblée Générale lors de l’allocution du Président de l’Afrique du Sud qui nous a rappelé avec éloquence que l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) dépend fondamentalement de l’autonomisation des femmes dans tous les domaines de la vie.

Il a appelé à la fourniture de services de santé adéquats à chaque femme, enfant et adolescent, et a fait un plaidoyer passionné pour la représentation égale des femmes dans la prise de décision.

Le Président Ramaphosa a tout à fait raison.

Pourtant, même aujourd’hui dans le cadre des négociations aux Nations Unies, on nous dit que l’égalité des genres est une question « qui divise trop les gens ».

On nous dit que cette recherche d’ambition dans ce domaine est « insensible ». J’ai moi-même entendu ces mots.

Qu’elle devrait être mise de côté à des fins de « compromis ».

Eh bien je suis tout à fait en désaccord.

Pour nous, l’égalité des genres n’est pas une question à troquer contre la perception du progrès, ni une « belle chose à avoir » ou quelque chose qui peut être dit mais pour lequel on se qualifie.

L’égalité des genres – l’égalité entre hommes et femmes, l’égalité entre tous les êtres humains – est au cœur de notre dignité inhérente. C’est le fondement de la liberté. C’est le fondement de la justice, et c’est le fondement de la paix. Si nous ne pouvons pas nos traiter en égaux, nous n’atteindrons jamais nos objectifs.

L’égalité des genres est également essentielle dans nos travaux sur le financement du développement et la réforme de l’architecture financière mondiale.

Le Canada est déterminé à répondre aux appels des pays en développement dans ces discussions. Comme je l’ai dit auparavant, il ne s’agit pas seulement de ce que je dis, mais de ce que nous faisons.

Et ce que nous avons fait, c’est d’indiquer et de prendre la décision d’aller de l’avant en ce qui concerne les droits de tirage spéciaux, comme il nous a été demandé.

Une croissance économique durable ne peut être réalisée si les possibilités pour les femmes – qui représentent la moitié de la population mondiale – sont supprimées.

Tout comme nous devons tous faire davantage pour promouvoir l’égalité des genres, nous devons continuer à travailler ensemble pour défendre les valeurs des sociétés libres et démocratiques.

Nous ne pouvons contourner les règles des relations d’État à État par opportunisme politique.

Car nous avons vu, et nous continuons de constater, à quel point les démocraties sont menacées par divers moyens d’ingérence étrangère.

La réalité est telle que lorsque nous ne respectons pas les règles que nous avons acceptées, les menaces collectives commencent à démanteler le tissu même de nos sociétés ouvertes et libres.

Nous devons également continuer de protéger et de promouvoir les principes d’accès équitable et universel aux soins de santé pour tous, y compris les soins de santé sexuelle et reproductive pour toutes les femmes.

En bâtissant des sociétés ouvertes et inclusives, en promouvant et en protégeant les droits de la personne pour tous, tout le monde en tire profit.

C’est ainsi que nous nous rapprochons de l’égalité et de la justice.

Monsieur le Président,

Je me tourne maintenant vers la situation en Haïti. Nous devons également travailler ensemble pour faire face à une autre crise urgente. La crise humanitaire, politique et civile en Haïti.

La semaine dernière, le premier ministre Trudeau a convoqué une réunion du Groupe consultatif spécial sur Haïti, que le Canada est fier de présider.

Nous sommes reconnaissants de la participation des dirigeants d’Haïti, des pays des Caraïbes et de bien d’autres. J’ai beaucoup apprécié le discours prononcé ici ce matin par la ministre des Affaires étrangères de la Jamaïque.

Nous avons entendu très clairement que la situation en matière de sécurité en Haïti va mal. Le viol est systématiquement utilisé comme arme. La violence, la corruption et l’impunité sont la norme.

Nous appuyons sans réserve l’intensification des efforts déployés par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour régler la situation en priorité.

L’offre du Kenya de diriger une mission d’assistance de soutien à la sécurité en Haïti témoigne de son leadership et de sa solidarité. Nous saluons également les promesses de contribution faites par la Jamaïque, les Bahamas et d’autres pays.

Et nous félicitons les pays et organisations internationales qui se sont joints au Groupe de coordination de l’aide à la sécurité internationale annoncé en juin dernier par la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mme Mélanie Joly.

Le Canada a beaucoup investi dans le secteur de la sécurité en Haïti et continuera de le faire. Nous encourageons les autres à se joindre à nous dans cet effort.

En même temps, nous poursuivons également notre appel pour un dialogue politique inclusif et encourageons toutes les parties prenantes à travailler ensemble dans un esprit de compromis pour le bien du peuple haïtien.

C’est essentiel pour rétablir l’ordre constitutionnel, ouvrir la voie à des élections libres et équitables et, ultimement, s’attaquer aux causes profondes de la violence.

Une approche globale – une approche qui appuie les solutions dirigées par Haïti et qui comprend des mesures urgentes en matière de sécurité, d’aide humanitaire et de développement – est absolument essentielle.

La sécurité pour tous les habitants d’Haïti est une condition préalable à tout ce que nous devons faire. Nous devons renforcer la sécurité en répondant a la crise humanitaire, la crise de développement, et la crise politique. Nous devons montrer ce que nous sommes en mesure de faire à travers cet effort collectif.

Monsieur le Président,

Au cours des dernières décennies, le Moyen-Orient et le monde entier ont été confrontés au conflit israélo-palestinien.

C’était un problème en 1945, c’est un problème aujourd’hui.

Aujourd'hui, les Canadiens sont très préoccupés par la trajectoire du conflit, notant en particulier les niveaux croissants de violence en Cisjordanie et en Israël, le risque persistant d'escalade entre Israël et Gaza, et les groupes au Liban, et la recrudescence continue de colonies israéliennes qui n’ont aucun fondement en droit international.

Les mesures et les discours qui rendent deux États impossibles doivent cesser.

Nous sommes engagés envers l’objectif d’une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, ce qui inclut la création d’un état Palestinien vivant en paix et en sécurité côte à côte avec Israël.

Nous exhortons les deux parties à revenir à la table des négociations et à faire les compromis difficiles qui seront nécessaires pour atteindre ce résultat.

Nous nous opposons fermement que les actions unilatérales qui compromettent les efforts pour la paix et le refus de considérer tout ce qu’implique la création de deux états- deux états qui ne sont pas constamment en guerre, entrain de se quereller et de proférer des menaces l’en envers l’autre, mais deux États qui vivent en paix, dans la reconnaissance mutuelle et avec ce concept de la dignité de la différence. Tant que nous n’atteindrons pas ce stade, le conflit ne fera que s’aggraver. Cela doit être évité.

Monsieur le Président,

Le chemin que nous emprunterons ensemble à ce « carrefour de l’histoire » déterminera l’avenir de notre organisation – et il aura une incidence dans la vie de tous nos citoyens.

Nous avons vu le pouvoir de veto des membres permanents du Conseil de sécurité utilisé pour empêcher le Conseil de réagir aux atrocités et aux agressions.

Nous appuyons l’autolimitation du veto par tous les membres permanents dans les situations où des civils risquent de commettre des crimes atroces.

Nous soutenons également les efforts visant à élargir le nombre de membres élus du Conseil afin de garantir une représentation plus équitable d’un plus grand nombre de pays en développement dans le monde.

Et nous mettons au défi tous les membres permanents d’accepter plus pleinement et publiquement la nécessité de devenir plus efficaces, plus inclusifs et plus transparents.

C'est le moment pour la réforme. Cet appel ne s’arrête pas au Conseil de sécurité. Tous les processus intergouvernementaux de tous les organes des Nations Unies doivent devenir plus efficaces. Nous devons être ouverts à apporter les changements nécessaires.

C’est à nous maintenant de décider.

Oui, nous sommes à mi-chemin de l’Horizon 2030. Et oui, nous avons pris du retard.

Mais nous sommes aussi capables de corriger la situation et d’aller de l’avant ensemble.

Le Canada est convaincu que nous pouvons le faire.

Le multilatéralisme a toujours évolué. Ce fût le cas dans le passé et ce sera le cas à l'avenir. Mais nous devons agir. Nos institutions n’ont pas besoin d’être statiques, y compris l’architecture financière internationale.

Nous avons travaillé avec la Jamaïque, avec la Barbade, la Première Ministre Mottley et le Secrétaire général. Nous croyons tous à la possibilité de changement et à la réalisation nos efforts et d’avancées importantes.

Nous allons continuer à investir, comme nous l'avons fait dans le passé, car nous croyons en l’organisation des Nations Unies et nous croyons que cette organisation peut aider à bâtir une paix durable.

Monsieur le Président,

Je dois conclure mon allocution sur une note sombre. Ce qui demeure la plus grande menace pour la paix et la sécurité internationales aujourd’hui. Il n’y a aucune manière de le contourner, de l’éviter, ou de ne pas la qualifier comme ce qu’elle est : l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie.

Nous nous réveillons tous les matins avec la nouvelle de quelle ville a été bombardée, quels enfants ont été mutilés et quelles communautés ont été détruites.

La Charte des Nations Unies nous engage clairement tous à mettre fin au fléau de la guerre. Ce sont les premiers mots qui indiquent ce que nous étions déterminés à accomplir. La Fédération de Russie a signé la Charte.

Et malgré cette signature, depuis 580 jours, la Fédération de Russie a mené une guerre d’agression illégale et immorale contre un membre de cette organisation, l’Ukraine.

Les Russes se sont adressés à la Cour internationale de Justice et ont affirmé qu'il ne s'agissait pas d'une invasion mais plutôt d'un acte de légitime défense et qu'ils exerçaient leur compétence en vertu de l'article 51. Ils ont en outre affirmé qu'il y avait eu un génocide causé par les Ukrainiens.

Le seul problème avec ces arguments est que le tribunal les a examinés et réfutés. Il s'agit d'une invasion d'un pays par un autre pays. Il s’agit de la violation la plus fondamentale de la Charte qu’on puisse imaginer.

Les coûts de cette guerre sont énormes.

Par-dessus tout, il y a un coût inimaginable dans la vie des Ukrainiens. Des milliers et des milliers.

Des hôpitaux et des écoles bombardés, des personnes déplacées, des enfants enlevés et déportés de force.

Le président Zelensky a justement comparé cette guerre à une catastrophe naturelle mondiale.

L’invasion russe a provoqué une volatilité des prix des aliments et de l’énergie à un moment où l’économie mondiale est déjà en difficulté.

Et qu’a fait la Fédération de Russie en réponse ?

Eh bien, nier ce qui est en train de se produire et qualifier cela d’opération militaire spéciale générée par l’article 51. Ce ne sont que des mensonges. Ce n’est pas compatible avec ce que nous savons et pouvons voir des faits.

La Russie a bloqué l’Initiative céréalière de la mer Noire et pris en otage l’approvisionnement alimentaire mondial. Cela entraîne une hausse du coût de la vie dans tous les pays du monde. Cela met des millions de personnes au chômage dans le monde entier. Cela monte les pays les uns contre les autres.

Nous devons nous rendre compte du fait que la Russie n’a pas à l’esprit les intérêts d’aucun d’entre nous.

Nous ne pouvons pas permettre au président Poutine et à ses alliés d’agir comme si la Charte n’existait pas et de se moquer de cette loi fondamentale qui régit nos relations.

La vérité est que la Russie a commis une terrible agression. Elle commet chaque jour une terrible agression. Un rapport publié plus tôt cette semaine indique que les tortures sont commises dans le cadre de la politique de l’État.

La Russie doit être tenue responsable de ses actes et nous sommes déterminés à ce que justice soit rendue.

Nous nous félicitons des accusations portées par la Cour pénale internationale contre le président Poutine et sa commissaire aux droits de l’enfant. Parce que nous croyons que personne -personne- n’est au-dessus de la loi.

Mais qu’ont fait les Russes, rien que cette semaine ? Cette semaine, ils ont émis des mandats d’arrêt contre trois hauts responsables – juges de la Cour pénale internationale. Le président de la Cour pénale internationale, qui s'exprime chaque année depuis cette estrade pour décrire le travail de la Cour, est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la part des Russes.

Imaginez-vous si nous vivions dans un monde ou dans tous les pays, un criminel accusé pouvait simplement se débarrasser du juge principal.

Ce sont des choses terribles.

Nous continuerons de faire tout notre possible pour appuyer l’Ukraine, qui continue de se défendre, de défendre son peuple, son identité, sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Ce soutien est pleinement conforme à nos engagements en vertu de la Charte et du droit international.

Nous pensons aussi que c’est la guerre qui n’est pas légale. Et c’est la guerre qui est fondamentalement immorale. C’est une guerre qui a été déclenchée par la Russie et la Russie peut y mettre fin.

La Russie pourrait y mettre fin dès maintenant en retirant simplement ses troupes. Ce serait la fin de la guerre. C'est fini ! La paix viendrait.

Les gens appellent à la paix. Dites ça aux Russes ! Ce sont eux qui peuvent créer la paix, en un claquement de doigts.

Permettez-moi de revenir là où j’ai commencé, Monsieur le Président, en disant que nous devons saisir le temps dont nous disposons pour faire une différence.

Nous devons saisir les opportunités qui existent et qui sont devant nous pour faire une différence.

Nous devons trouver en nous la capacité de créer l’unité là où existe la division. Nous devons trouver en nous la capacité de reconnaître l’importance d’accepter les différences.

Si nous y parvenons, nous pourrons alors créer des Nations Unies dignes de ce nom.

C'est notre travail. C'est notre obligation. Et c'est le travail que nous devons faire.

Merci beaucoup.

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