Rapport – Première activité organisée dans le cadre de l’Arrangement mondial sur le commerce et le genre
Contexte : Le jeudi 10 décembre, le Canada a organisé la première activité dans le cadre de l’Arrangement mondial sur le commerce et le genre. À la suite du discours d'ouverture de Kendal Hembroff, directrice générale des négociations commerciales à Affaires mondiales Canada, qui a souligné le travail du Groupe d'action pour le commerce inclusif et l'importance d'assurer une plus grande participation des femmes au commerce international, le Canada, le Chili et la Nouvelle-Zélande y ont présenté leurs programmes et leurs politiques touchant l’émancipation économique des femmes et l’égalité des genres. Donnée par une économiste du ministère des Finances, la présentation du Canada portait sur l’approche adoptée par le Canada en matière de budgétisation sensible aux sexes et sur le chemin parcouru pour en arriver là. La présentation du Chili, donnée par la PDG de Start-Up Chile, était axée sur l’initiative Female Founder Factor, qui soutient les femmes entrepreneures. Enfin, la présentation de la Nouvelle-Zélande, donnée par une directrice du ministère des Femmes, soulignait les initiatives concrètes qui permettent aux décideurs politiques et au secteur privé d’inclure des considérations liées au genre dans la prise de décision. Dans un souci d’élargir le nombre de participants à l’AMCG, on avait invité des fonctionnaires de huit autres pays en tant qu’observateurs. Au total, plus de 60 participants de l’Australie, du Canada, du Chili, de la Colombie, des Fidji, d’Israël, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, du Panama, du Pérou et de la Tunisie étaient au rendez-vous.
Résumé
Présentation du Canada
Lauren Keating, économiste au ministère des Finances du Canada, a présenté les principaux éléments de l’approche canadienne en matière de budgétisation sensible aux sexes et la façon dont celle-ci a évolué dans le temps. Mme Keating a expliqué que la budgétisation sensible aux sexes constitue un des piliers de la stratégie du Canada pour combattre les inégalités. Appliquée au Canada depuis les années 1990, elle consiste à intégrer des considérations liées aux genres à tous les niveaux du processus budgétaire pour veiller à ce que l’affectation des ressources ne nuise pas à l’égalité des sexes. Au cours des dernières années, le Canada a réalisé des progrès considérables dans le renforcement de ses processus, d’abord en ajoutant aux considérations de genre d’autres facteurs identitaires étroitement liés, mais aussi :
- en intégrant l’Énoncé relatif aux sexes dans le budget national;
- en créant le Cadre des résultats relatifs aux genres en 2017;
- en appliquant une analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) aux propositions budgétaires;
- en adoptant la Loi canadienne sur la budgétisation sensible aux sexes en 2018;
- en relayant les résultats de l’ACS+ pour les nouvelles mesures budgétaires dans le Rapport sur l’égalité entre les sexes, présenté en annexe du budget de 2019;
- en s’appuyant sur la budgétisation sensible aux sexes pour analyser et atténuer les répercussions de la COVID-19 sur différents groupes de Canadiens dans le Portrait économique et budgétaire 2020 présenté en juillet et dans l’Énoncé économique de l’automne.
La Loi canadienne sur la budgétisation sensible aux sexes fait de ce type de budgétisation un élément permanent du processus budgétaire fédéral et exige que le ministre des Finances fasse rapport des considérations de genre et de diversité pour toute nouvelle mesure budgétaire ou dépense fiscale. Le Cadre des résultats relatifs aux genres s’articule autour de six piliers, chacun associé à un objectif, à des cibles et à des indicateurs pour mesurer les progrès réalisés. Dans le cadre d’un processus budgétaire, le Cadre permet de cerner les écarts et d’orienter la prise de décision. Finalement, le Canada se sert de l’ACS+ pour évaluer l’incidence des politiques, des programmes et des initiatives sur les différents segments de la population. Mme Keating a terminé sa présentation en décrivant certaines des difficultés qui se posent à la budgétisation sensible aux sexes, dont l’adoption d’une approche uniforme, l’intégration de l’ACS+ dans la prise de décision et l’accès à des données non regroupées sur les sexes, ainsi que la manière de les surmonter.
2. Présentation du Chili
La présentation du Chili a été donnée par María de los Angeles Romo, PDG de Start-Up Chile, un accélérateur d’entreprise mis sur pied par le gouvernement du Chili pour aider les entrepreneurs à fort potentiel à lancer leur entreprise au pays. Mme de los Angeles Romo a présenté Female Founder Factor, une initiative de Start-Up Chile destinée à soutenir les femmes entrepreneures peu importe le stade de développement de leur entreprise. Cette initiative vise à corriger les écarts qui existent entre les sexes et à éliminer les obstacles rencontrés par les femmes. C’est un cheval de bataille important car bien que les entreprises dirigées par des femmes présentent un taux de survie supérieur à celles dirigées par des hommes (de 60,7 % par comparaison à 49,4 %), elles présentent un rendement inférieur en termes de ventes et de financement. L’initiative vise donc à réduire les écarts au sein de l’entrepreneuriat à fort potentiel pour atteindre l’égalité des chances et de la participation.
Start-Up Chile vise à attirer au moins 50 % de nouvelles entreprises dirigées par des femmes de partout dans le monde. Le programme fonctionne selon trois niveaux : Build, Ignite et Growth (mise sur pied, allumage et croissance). Le niveau Build consiste en un programme de pré-accélération qui s’adresse aux nouvelles entreprises en démarrage (moins d’un an de développement) dans le domaine des technologies. Le niveau Ignite, un programme accélérateur de quatre mois, et le niveau Growth (qui s’adresse aux entreprises qui souhaitent augmenter leurs ventes et conquérir de nouveaux marchés) fournissent quant à eux aux entreprises dirigées par des femmes un financement conjoint bonifié de 10 %. Sur le plan de l’aide stratégique, les participants reçoivent le soutien d’au moins un mentor et joignent l’académie Start-Up Chile, qui vise une participation équilibrée des sexes.
Cette initiative fait partie de la stratégie sur l’égalité des sexes de la CORFO, une agence du ministère de l’Économie, du Développement et du Tourisme du Chili chargée de soutenir l’entrepreneuriat, l’innovation et la compétitivité tout en renforçant le capital humain et les capacités technologiques.
3. Présentation de la Nouvelle-Zélande
La présentation de la Nouvelle-Zélande a été faite par Rebecca Barnes, directrice des politiques au ministère des Femmes. Mme Barnes a dressé le portrait d’initiatives concrètes qui permettent aux décideurs politiques et au secteur privé de viser l’égalité entre les sexes dans l’établissement des politiques et la prise de décisions ainsi que de prendre conscience de l’écart de rémunération et des façons de le corriger. Mme Barnes a donné un aperçu des outils « Bringing Gender In » et « What’s my Gender Pay Gap? », proposés par le ministère des Femmes. L’outil What’s my Gender Pay Gap? fournit à l’utilisateur des données statistiques sur les écarts de rémunération entre les sexes dans l’ensemble de la Nouvelle-Zélande. L’outil vise à susciter l’action en faisant ressortir différentes dimensions des écarts de rémunération observés dans l’ensemble du pays. L’outil Bringing gender in vise quant à lui à faire en sorte que les politiques contribuent à améliorer la situation des femmes et des filles en Nouvelle‑Zélande.
Conclusion : Les présentations ont confirmé la valeur de l’échange d’information en montrant comment nous pouvons tous bénéficier de l’information relayée, des leçons tirées, des pratiques exemplaires et de la détermination des lacunes. C’est en partageant et en apprenant de nos expériences respectives que nous pouvons nous aider et nous inspirer mutuellement pour élaborer des politiques innovantes et inclusives, qui à leur tour, pourront contribuer à une reprise et à un commerce durables. Si ces présentations ont témoigné de l’engagement commun de l’AMCG en faveur de l’égalité des genres et du renforcement du pouvoir économique des femmes, elles ont également montré qu’il reste encore beaucoup à faire. Cette activité n’était qu’un premier pas vers la création d’occasions concrètes de renforcer la collaboration autour de l’engagement que nous avons en commun.
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