¶¶ÒùÊÓƵ

Sélection de la langue

Recherche

Évaluation environnementale initiale des négociations en vue d’un accord de libre-échange entre le Canada et le Mercosur

Table des matières

Sommaire

Les nombreux liens entre le commerce et l’environnement sont complexes et un objectif clé du gouvernement du Canada consiste à veiller à ce que le commerce, d’une part, et la protection et la conservation de l’environnement, d’autre part, se renforcent mutuellement.

Depuis 2001, le gouvernement du Canada a procédé à une évaluation environnementale de ses négociations relatives au commerce international conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. Cette approche a permis de déterminer les répercussions environnementales possibles d’un accord commercial, ainsi que les façons d’atténuer les répercussions négatives possibles, soit dans le cadre des négociations, soit dans le cadre de mesures nationales. L’objectif de ces évaluations consiste à pleinement intégrer les considérations environnementales dans le processus de négociation, à contribuer à une prise de décisions éclairée et à améliorer la cohérence générale des politiques.

Le 9 mars 2018, le Canada a lancé les négociations d’un éventuel accord de libre‑échange (ALE) entre le Canada et les quatre membres à part entière du bloc commercial du Mercosur (qui inclut l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay). Cette initiative participe de l’engagement du Canada de faire avancer une approche inclusive en matière de commerce, qui reconnaît que les politiques commerciales doivent répondre et contribuer de manière plus effective aux priorités en matière de politiques publiques économiques, sociales et environnementales nationales. Le gouvernement du Canada s’est ainsi engagé à effectuer une évaluation élargie des effets des négociations pour inclure les répercussions sur l’environnement, le travail et l’égalité entre les sexes. Le sommaire l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+)initialeNote de bas de page 1 de l’accord a été publié en août 2019 et présentait les effets éventuels et les possibilités d’un ALE entre le Canada et le Mercosur pour différents groupes de femmes et d’hommes et les personnes non binaires et, en priorité, pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les peuples autochtones.

Le présent rapport présente l’évaluation environnementale initiale (EEI) d’un ALE entre le Canada et le Mercosur. Il a pour but de déterminer les répercussions possibles sur l’environnement qui pourraient découler d’un ALE, d’en évaluer l’importance et de déterminer les mesures d’amélioration ou d’atténuation possibles qui peuvent être adoptées dans le cadre des négociations.

L’EEI utilise la modélisation économique d’équilibre général (IEG) et des données environnementales pour déterminer les effets potentiels d’un ALE entre le Canada et le Mercosur sur l’environnement canadien. Ces effets sont évalués en deux étapes : tout d’abord, en termes de changements prévus de productions par secteur économique, puis selon les répercussions prévues sur les changements climatiques (par les émissions de gaz à effet de serre [GES]) et l’utilisation d’énergie et d’eau à la suite des changements prévus dans la production canadienne. Cette modélisation des répercussions environnementales sur l’environnement du Canada révèle que l’accroissement du commerce avec les pays du Mercosur conduirait à des augmentations mineures des émissions de GES et de l’utilisation de l’énergie et de l’eau. La plupart de ces augmentations viendraient du secteur manufacturier, dont la majorité provenant d’un nombre limité de sous-secteurs, tels que les véhicules motorisés et les pièces, les produits papiers, les produits chimiques et les machineries et les équipements.

Étant donné que cette approche de modélisation des répercussions environnementales a une portée limitée et n’inclut pas d’autres effets qui ne seraient pas liés aux changements au niveau de la production canadienne, l’étude est élargie en vue d’inclure un examen des autres répercussions environnementales qui pourraient résulter de l’augmentation des échanges commerciaux et des flux d’investissements entre le Canada et les pays du Mercosur. Ceci peut inclure les risques environnementaux liés au transport maritime, aux espèces exotiques envahissantes, aux investissements – notamment dans le secteur minier ainsi qu’aux répercussions environnementales possibles dans les pays du Mercosur, bien que ce dernier élément ne soit l’objet premier de l’EEI.

D’après les résultats de l’analyse modélisée des effets et de l’étude élargie des liens environnementaux, l’EEI conclut qu’un ALE Canada-Mercosur n’est pas susceptible d’avoir d’importantes répercussions, positives ou négatives, sur l’environnement. Les répercussions éventuelles seraient vraisemblablement limitées quant à leur étendue et leur portée, avec des risques limités dans les secteurs manufacturier et minier, les transports, l’agriculture et l’agroalimentaire. En outre, l’aperçu du cadre législatif actuel du gouvernement du Canada, y compris les lois, les règlements, les politiques et les mesures visant la prévention et la gestion des risques environnementaux, laisse entendre que le Canada est bien placé pour atténuer les répercussions environnementales possibles d’un accord, y compris à l’aide de futures améliorations dans le rendement environnemental des secteurs économiques canadiens. L’ALE en soi offre également la possibilité d’accroître les répercussions positives ou d’atténuer les effets négatifs découlant de la libéralisation du commerce. Plus particulièrement, l’examen chapitre par chapitre indique que plusieurs domaines de collaboration environnementale et d’atténuation des risques dans le contexte de l’ALE, y compris à l’aide de dispositions au chapitre de l’environnement, l’élargissement de l’accès aux marchés pour les produits, les services et les technologies respectueux de l’environnement, les mécanismes visant à accroître la collaboration sectorielle, technologique et institutionnelle entre le Canada et les pays du Mercosur dans les principaux domaines et diverses dispositions liés aux investissements et aux marchés publics.

1. Contexte et objectifs de la recherche

Le 9 mars 2018, le Canada a lancé les négociations d’un accord de libre‑échange (ALE) avec le Mercosur, afin d’améliorer l’accès au marché pour les marchandises et les services canadiens et de créer plus d’occasions pour les nouveaux exportateurs et ceux déjà établis, afin de tirer profit d’un marché à croissance rapide. Le gouvernement du Canada s’est également engagé à faire avancer une approche inclusive en matière de commerce au moyen d’un tel accord, reconnaissant que les politiques commerciales se doivent de répondre et de contribuer de manière plus effective aux priorités en termes de politiques publiques économiques, sociales et environnementales nationales dans leur ensemble.

Depuis 2001, le gouvernement du Canada a mené une évaluation environnementale de toutes ses négociations commerciales internationales, conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes (ci-après, la « Directive »). D’après la Directive, cette évaluation environnementale initiale (EEI) d’un ALE possible entre le Canada et le Mercosur vise à déterminer les répercussions possibles sur l’environnement canadien qui pourraient découler d’un ALE, à évaluer l’importance de ces répercussions et à déterminer les possibles mesures d’amélioration ou d’atténuation qui peuvent être abordées dans le cadre des négociationsNote de bas de page 2. Le présent rapport doit être lu conjointement avec le sommaire de l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) initialeNote de bas de page 3 qui a été publié en août 2019 et présentait les effets distincts et les possibilités d’un accord pour les différents groupes de femmes et d’hommes et, en priorité, pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les peuples autochtones.

1.1 Relations économiques entre le Canada et le Mercosur

Comptant l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, le Mercosur est l’un des plus grands blocs économiques au monde. Il affiche une présence économique importante en Amérique du Sud et représente près de 70 % du produit intérieur brut (PIB) de la région. Le marché du Mercosur représente un PIB combiné de 3 200 milliards de dollars et 261 millions de consommateurs en 2019 et, en tant que bloc, il est considéré comme la 7e plus grande économie mondiale.

En 2019, le commerce canadien total de marchandises avec le Mercosur s’est élevé à plus de 9,0 milliards de dollars. Les exportations canadiennes en direction du Mercosur s’élèvent à 2,6 milliards de dollars, tirées par les produits chimiques et les machines. Les importations de marchandises du Canada provenant du Mercosur se sont élevées à 6,4 milliards de dollars, les plus importantes étant les importations de produits chimiques, de métaux précieux, de machines et de produits alimentaires. En tout, le commerce bilatéral de marchandises entre le Canada et le Mercosur représentait près de 55 % du commerce total de marchandises du Canada avec l’Amérique du Sud. Parmi les pays du Mercosur, le Brésil est une des premières destinations des exportations canadiennes de marchandises, évaluées à près de 2,2 milliards de dollars en 2018. Le commerce bilatérale de services a atteint près de 1,1 milliard de dollars en 2018. Au sein du Mercosur, le Brésil est le premier partenaire commercial du Canada, dont les exportations et les importations s’élevaient respectivement à 730 millions de dollars et à 324 millions de dollars.

En ce qui concerne les investissements, le stock d’investissement direct des Canadiens à l’étranger (IDCE) en 2018 atteignait 16,1 milliards de dollars parmi les pays du bloc, notamment dans le secteur minier et dans l’agriculture et l’agroalimentaire. Le stock d’investissement direct étranger (IDE) du Mercosur au Canada était évalué à 15,9 milliards de dollars, avec en tête le secteur minier et les industries des boissons et de l’acier.

1.2 Objectifs de l’accord de libre‑échange proposé

Les ALE sont des traités contraignants entre les pays qui ouvrent des marchés aux entreprises en éliminant ou en réduisant divers obstacles tarifaires et non tarifaires; ils établissent les conditions d’accès aux marchés dans des domaines comme les services, l’investissement et les marchés publics; et ils fixent les règles d’un traitement équitable et transparent. Un ALE entre le Canada et le Mercosur visera à accomplir ce qui suit :

L’ALE proposé vise à aborder des domaines qui dépassent le cadre traditionnel, tels que la libéralisation du commerce de marchandises et de services, l’investissement et les marchés publics, pour inclure également des dispositions qui porteront, entre autres, sur le développement durable, le commerce et l’égalité des genres, et le commerce et les peuples autochtones. Pour obtenir une description détaillée des objectifs de chaque chapitre de l’ALE proposé, se référer à l’annexe A.

1.3 Cadre pour l’évaluation environnementale des négociations commerciales

Conformément à la Directive, tous les ministères et organismes du gouvernement du Canada sont tenus de considérer, le cas échéant, des effets environnementaux lorsqu’ils élaborent des politiques, des plans et des programmes. Cela comprend une exigence d’effectuer une évaluation environnementale stratégique des projets de politiques, de plans et de programmes lorsque celui‑ci est soumis à l’approbation d’un ministre ou du Cabinet et que la mise en œuvre du projet peut avoir des répercussions importantes sur l’environnement, tant positives que négatives.

Le Cadre pour l’évaluation environnementale des négociations commerciales (le « Cadre ») de 2001 a été élaboré par Affaires mondiales Canada en réponse à la Directive afin d’orienter son application aux négociations d’accords commerciaux. En outre, d’autres directives sur l’application du Cadre se trouvent dans le Guide pour l’évaluation environnementale des négociations commerciales (le « Guide ») de 2008.

L’évaluation canadienne des répercussions environnementales possibles d’un ALE proposé étudie les liens entre l’environnement et la libéralisation du commerce. Ce faisant, elle met aussi en lumière les effets de nouveaux flux commerciaux et d’investissement qui pourraient être le résultat direct d’un ALE, de même que les conséquences possibles de l’accord sur l’environnement. Plus particulièrement, la réalisation d’une évaluation environnementale pour une négociation commerciale donnée a les objectifs suivants :

En outre, l’évaluation environnementale examine la relation entre les politiques et les mesures nationales et l’augmentation potentielle de l’activité économique générée par la libéralisation du commerce dans le cadre d’un ALE proposé, qui peut exacerber les problèmes environnementaux en l’absence de politiques et de règlements environnementaux efficaces. Les politiques et les mesures nationales actuelles sont notamment prises en considération comme moyen d’atténuer les effets négatifs de la croissance économique. Le Cadre prévoit trois étapes pour l’évaluationNote de bas de page 4 :

  1. évaluation environnementale initiale (EEI) : examen préliminaire visant à cerner les grands enjeux éventuels,
  2. évaluation environnementale préliminaire (au besoinNote de bas de page 5) : s’appuie sur les constatations de EEI et comporte une analyse approfondie de ces enjeux,
  3. évaluation environnementale finale : réalisée à l’issue des négociations en prenant en considération les résultats finaux des négociations.

Le présent document rend compte de la première étape, ou Évaluation environnementale initiale (EEI), liée à la négociation d’un ALE entre le Canada et le Mercosur.

1.4 Évaluation environnementale initiale (EEI)

Les étapes analytiques d’une EEI, telles que décrites dans le Guide et résumées à l’annexe B, sont les suivantes : (1) détermination des retombées économiques des négociations, (2) détermination des répercussions environnementales probables des retombées économiques, (3) évaluation de l’importance des répercussions environnementales probables déterminées, et (4) détermination des options d’amélioration et d’atténuation en vue d’orienter les négociations.

Cette EEI est présentée en quatre sections. La première partie, Consultations auprès des intervenants, présente un résumé des commentaires reçus des consultations publiques, du comité interministériel, des provinces et territoires, ainsi que du Groupe consultatif sur l’évaluation environnementale (GCEE). Tous ces commentaires ont été pris en compte dans l’élaboration du présent document.

La deuxième partie, Évaluation des répercussions sur l’environnement, présente les trois premières étapes analytiques de l’évaluation des répercussions (détermination des retombées économiques, des répercussions environnementales et évaluation de l’importance de ces répercussions).

La troisième partie, Lois, politiques et mesures existantes concernant l’environnement, donne un aperçu du cadre du gouvernement du Canada qui régit les répercussions environnementales, tant à l’échelle générale que sectorielle.

La quatrième partie, Examen chapitre par chapitre, constitue l’étape analytique finale de l’évaluation des répercussions. Cette section a pour but de mettre en évidence les chapitres pertinents de l’accord proposé entre le Canada et le Mercosur qui offrent aux Parties la possibilité d’améliorer la coopération environnementale et d’atténuer les risques environnementaux possibles, tels qu’ils sont indiqués dans l’évaluation des répercussions environnementales.

2. Consultations auprès des intervenants

Aux fins des évaluations environnementales réalisées dans le cadre des accords commerciaux, le gouvernement a créé un comité interministériel qui contribue à l’EE pour chaque négociation commerciale et de l’examiner. Les ministères et organismes représentés au sein de ce comité comprennent Affaires mondiales Canada (AMC), Environnement et changement climatique Canada (ECCC), l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), ainsi qu’un certain nombre d’autres ministères et d’organismes fédéraux qui sont concernés par les négociations faisant l’objet de l’examen. Cette façon de procéder facilite l’élaboration de politiques et la prise de décisions éclairées tout au long du processus de négociation.

L’EEI comprend également des consultations auprès du public, des représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux et du Groupe consultatif sur l’évaluation environnementale (GCEE) non gouvernemental. Le GCEE se compose de personnes provenant du milieu des affaires, du milieu universitaire et des organisations non gouvernementales, et fournit des conseils en son propre nom sur l’EE entrepris par AMC. Au terme de chaque étape d’évaluation (c.‑à‑d. l’évaluation initiale, l’évaluation préliminaire et l’évaluation finale), les EE sont transmises aux représentants provinciaux et territoriaux ainsi qu’au GCEE pour solliciter leurs commentaires avant d’être publiées afin de recueillir les commentaires du public.

Cette section présente les commentaires qui ont été reçus du public, des gouvernements provinciaux et territoriaux et du GCEE dans le cadre de l’évaluation préliminaire des négociations d’un ALE entre le Canada et le Mercosur.

2.1 Consultations publiques

Un avis d’intention de procéder à une EE stratégique d’un ALE entre le Canada et le Mercosur a été publié le 11 septembre 2018Note de bas de page 6. Cet avis invitait les personnes intéressées à soumettre leurs commentaires afin qu’ils soient pris en considération dans la rédaction de l’EEI. Deux organisations canadiennes en ont fait parvenir. L’une d’elle a soulevé des préoccupations liées à l’augmentation prévue du transport mondial, ce qui pourrait accroître les émissions de gaz à effet de serre et d’autres polluants, tels que le dioxyde de soufre. L’autre s’est concentré sur le secteur canadien des poissons et fruits de mer, soulignant son leadership dans la mise en œuvre de pratiques durables et la conformité avec les normes internationales de durabilité.

2.2 Autres consultations

2.2.1 Comité interministériel

Un comité interministériel composé de représentants d’AMC, d’ECCC, de l’AEIC, d’Emploi et Développement social Canada (EDSC), de Ressources naturelles Canada (RNCan), de Patrimoine Canada, du ministère des Finances Canada, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), de Pêches et Océans Canada (POC) et d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a participé étroitement à la rédaction et à l’examen de cette EEI de l’ALE possible entre le Canada et le Mercosur.

2.2.2 Provinces et territoires

Les consultations avec les provinces et les territoires font partie intégrante des évaluations environnementales des négociations commerciales. Par conséquent, l’ébauche de cette EEI a été communiquée aux gouvernements provinciaux et territoriaux, dont quatre ont fourni des commentaires portant sur un certain nombre de sujets, y compris les espèces envahissantes, les fuites de carbone, ainsi que la portée des mesures et des cadres réglementaires provinciaux et territoriaux. Ces commentaires ont été consignés et examinés dans la version finale du rapport.

2.2.3 Groupe consultatif sur l’évaluation environnementale

Les membres du GCEE ont également participé à la rédaction de l’EEI. Compte tenu de la diversité de l’expertise et des approches représentées au sein du GCEE, les commentaires reçus du groupe étaient essentiels à l’élaboration de la version définitive du présent document. Plus particulièrement, les commentaires des membres du GCEE portant sur l’EEI ont souligné la nécessité d’affiner l’analyse des répercussions sectorielles, d’expliquer davantage sur le secteur de l’environnement et des technologies propres et d’élargir la portée de l’analyse étant donné la nature mondiale du commerce international.

3. Évaluation des répercussions environnementales préliminaire

L’EEI a pour but de déterminer les répercussions possibles sur l’environnement canadien qui pourraient découler d’un ALE entre le Canada et le Mercosur et d’évaluer l’importance de ces répercussions. L’EEI utilise d’abord la modélisation économique et les données environnementales pour estimer les effets potentiels d’un ALE entre le Canada et le Mercosur sur l’environnement canadien. Ces effets sont évalués en deux étapes : (1) les changements prévus dans la production par secteur économique (l’évaluation économique) et (2) les répercussions prévues sur les changements climatiques (par les émissions de GES), la consommation d’énergie et l’utilisation de l’eau découlant des changements estimés dans la production canadienne (l’évaluation environnementale).

Étant donné que cette approche de modélisation ne tient pas compte d’autres effets qui ne serait pas liés aux changements au niveau de la production canadienne, l’analyse est élargie afin d’inclure l’examen d’autres effets environnementaux pouvant résulter de l’augmentation des échanges commerciaux et des flux d’investissements entre le Canada et les pays du Mercosur (Autres liens environnementaux). Il est bien entendu qu’alors que notre approche de l’évaluation des effets environnementaux se concentre principalement sur l’environnement canadien, l’augmentation des flux commerciaux ne se fait pas en vase clos et peut avoir des conséquences qui transcendent les frontières nationales. Il importe de tenir compte de ces conséquences afin de fournir le niveau de renseignements et d’analyse requis pour contribuer à la prise de décisions éclairées tout au long des négociations commerciales. En conséquence, les répercussions mondiales plus générales sont également abordées, selon leur pertinence.

3.1 Évaluation économique préliminaire

L’estimation des changements du PIB, des exportations et des importations qui découlent d’un ALE entre le Canada et le Mercosur est fondée sur un modèle informatique d’équilibre général (MIEG) du commerce mondialNote de bas de page 7. La simulation compare un scénario de référence (avant la mise en œuvre de l’accord) à un scénario postérieur à la libéralisation des échanges (suivant la pleine mise en œuvre de l’accord, d’ici 2040). L’effet net de l’accord est quantifié comme la différence entre le scénario de référence et le scénario postérieur à la libéralisation exprimée en termes de variation du PIB, des exportations et des importations.

3.1.1 Limites relatives à la modélisation économique

Bien que la modélisation économique soit un outil prévisionnel utile, tous les modèles économiques, par définition, représentent une simplification de la réalité et s’appuient sur de nombreuses hypothèses. Selon l’une de ces hypothèses, l’accord permettrait d’éliminer complètement toutes les protections agricoles et non agricoles entre le Canada et les quatre pays du Mercosur, sans exception pour les « produits sensibles ». En outre, la modélisation isole l’incidence des politiques commerciales en dégageant toutes les autres influences macroéconomiques comme la croissance économique et les fluctuations des taux de change. De plus, le modèle saisit seulement l’expansion du commerce des produits déjà échangés dans le cadre d’une relation bilatérale, et ne peut prévoir la création de flux commerciaux dans de nouveaux secteurs de marchandises.

3.1.2 Répercussions sur le PIB et le commerce

Selon l’analyse de la modélisation, il est estimé que la libéralisation du commerce au moyen d’un ALE entre le Canada et le Mercosur produirait des gains globaux de PIB pour les Parties qui s’élèveraient à 3,8 milliards de dollars (2,9 milliards de dollars américains). Le PIB du Canada augmenterait de 1,7 milliard de dollars (1,3 milliard de dollars américains), soit 0,051 % d’ici 2040. Les pays du Mercosur, en tant que groupe, connaîtraient une croissance combinée du PIB de 2,1 milliards de dollars (1,6 milliard de dollars américains), soit 0,027 %. Les gains du PIB du Canada proviendraient de deux sources principales : le commerce élargi grâce à l’élimination des mesures de protection des produits couverts au pays et à l’étranger et l’amélioration de la productivité découlant de la certitude accrue et de la réduction des coûts des biens et des services. L’analyse préliminaire montre que l’ALE proposé pourrait augmenter la production canadienne de 1,5 milliard de dollars d’ici à 2040, basé sur l’hypothèse d’une libéralisation complète qui élimine tous les droits de douane dans tous les secteurs pour les deux parties. La suppression des droits de douane relativement élevés dans les secteurs industriels et manufacturiers du Mercosur est le principal facteur d’expansion de la capacité de production canadienne. En ce qui concerne le commerce, on estime que le commerce bilatéral de marchandises et de service du Canada avec les pays du Mercosur augmenterait de 5,2 milliards de dollars (4,0 milliards de dollars américains), soit 30,0 % par rapport au niveau de référence.

3.2 Évaluation environnementale préliminaire

Selon les changements prévus du PIB et du commerce présentés à la section 3.1.2, l’évaluation environnementale préliminaire prévoit des répercussions environnementales en ce qui concerne les répercussions sur les changements climatiques (émissions de gaz à effet de serre [GES]), ainsi que les changements dans la consommation d’énergie et l’utilisation de l’eau dans l’ensemble des secteurs de l’économie canadienne. L’analyse comprend également un examen qualitatif d’autres liens environnementaux qui pourraient toucher les environnements canadiens et mondiaux en raison de l’ALE entre le Canada et le Mercosur.

3.2.1 Limites de la modélisation environnementale

Les calculs des changements des émissions de GES, de la consommation d’énergie et de l’utilisation de l’eau sont fondés sur les répercussions prévues sur le PIB et le commerce, telles qu’elles sont évaluées par la simulation économique. Par conséquent, ils héritent des mêmes limites que celles de la modélisation économique.

De plus, il existe des réserves propres à l’interprétation des résultats de la modélisation environnementale. Les changements prévus dans les émissions de GES, la consommation d’énergie et l’utilisation de l’eau, notamment, tiennent compte des répercussions en fonction de ces seuls indicateurs et ils ne saisissent pas l’ampleur des problèmes environnementaux qui pourraient survenir en raison de cet ALE. En outre, la méthodologie ne tient pas compte de l’effet des mesures environnementales qui peuvent ou qui ont été prises aux niveaux mondial, national, provincial ou local de manière indépendante de l’ALE à l’étude. En fait, l’analyse calcule les émissions supplémentaires qui peuvent être produites par une augmentation de la production canadienne en vertu de l’accord, mais non l’effet positif des forêts canadiennes en tant que puits de carbone. Même si nos forêts jouent un rôle clé en vue d’aider le Canada à réaliser ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre en compensant les émissions d’autres secteurs, cet effet positif devrait demeurer, en grande partie, inchangé par un ALE entre le Canada et le Mercosur. De même, cette analyse ne tient pas compte d’événements ou de mesures indépendants, comme les catastrophes naturelles, qui peuvent avoir une incidence négative sur les environnements canadiens et mondiaux, à moins qu’ils ne découlent directement d’une activité et d’un commerce accrus en vertu d’un ALE entre le Canada et le Mercosur.

3.2.2 Répercussions sur les émissions de GES, la consommation d’énergie et l’utilisation de l’eau

Telle qu’elle est présentée à la section 3.12, la modélisation économique prévoit une augmentation de 1,7 milliard de dollars du PIB du Canada, ainsi que des augmentations des niveaux de productions prévues dans le secteur manufacturier. Ces changements estimés de la production sont combinés aux indicateurs environnementaux des changements climatiques (émissions de GES), de la consommation d’énergie et de l’utilisation de l’eau par secteurNote de bas de page 8, afin d’évaluer les répercussions environnementales découlant des niveaux accrus d’activités économiques à la suite de l’ALE. Chaque indicateur est décomposé en trois éléments : effet d’échelle, effet de composition et effet technique. L’effet d’échelle mesure l’incidence d’une expansion de l’activité économique découlant de l’accord sur les émissions totales, ainsi que sur les utilisations de l’eau et de l’énergie, en supposant que la nature de cette activité demeure la même, l’effet de composition saisit les changements relatifs aux émissions et l’épuisement des ressources découlant des transformations de la structure de l’économie en raison des changements politiques du commerce et l’effet technique saisit l’évolution actuelle et future du rendement environnemental canadien par secteur, à la suite de l’adoption de nouvelles technologies et de l’application de la réglementation.

Le tableau 1 présente un résumé des changements prévus relativement à ces indicateurs environnementaux à la suite d’un ALE entre le Canada et le Mercosur et est décrit en détail ci‑dessus.

Tableau 1 : Résumé des changements prévus d’ici 2040 par rapport à 2015 relativement aux indicateurs environnementaux à la suite d’un ALE avec le Mercosur
Indicateur environnementalEffet d’échelle
(1)
Effet de composition
(2)
Effets d’échelle et de composition combinés
(3) = (1+2)
Effet technique
(4)
Effet total
(5)
Effet total/émissions totales au Canada (%)
(6)
Émissions de GES (kT)478,7‑407,771,0‑4,866,20,0092 %
Consommation d’énergie (TJ)7 286,8‑6 185,21 101,6‑128,8972,90,0084 %
Utilisation de l’eau (millions de mètres cubes)27,9‑25,12,80,02,80,0079 %
a. Changements dans les émissions de GES

Comme l’indique le tableau 1, la simulation prévoit une augmentation de 71,0 kilotonnes (kT) des émissions de GES du Canada par les effets d’échelle et de composition, en raison de la production de biens et de services canadiens. Cette augmentation prévue des émissions de GES est contrebalancée par les progrès prévus en technologies environnementales et l’application des règlements sur l’environnement (couvert par l’effet technique), ce qui devrait réduire les niveaux d’émissions de 4,8 kT. L’augmentation nette des émissions de GES découlant d’un ALE avec le Mercosur est donc estimée à 66,2 kT, et représente une part minimale des émissions de GES actuelles au Canada en 2015 (0,0092 %)Note de bas de page 9.

Les hausses les plus importantes des émissions de GES résultant d’un ALE devraient provenir du secteur manufacturier, l’effet total s’élevant à 116,2 kT, par rapport à une réduction de 50 kT dans le secteur non manufacturier (tableau 2).

Tableau 2 : Changements dans les émissions de GES au Canada d’ici 2040 dans le cadre de l’ALE entre le Canada et le Mercosur
SecteurÉmissions selon le scénario de base (kT)Émissions après l’ALE (kT)Effet d’échelle (kT)Effet de composition (kT)Effet technique (kT)Effet total (kT)
Tous les secteurs1 022 498,01 022 569,0478,7‑407,7‑4,866,2
Total non manufacturier803 445,6803 396,6376,0‑425,2‑0,9‑50,0
Total du secteur manufacturier, y compris219 052,4219 172,4102,717,5‑3,9116,2
Véhicules motorisés et pièces21 641,721 709,310,157,50,067,6
Produits papier et publications51 165,851 192,224,02,5‑3,922,6
Produits chimiques54 203,654 225,925,4‑3,1‑0,921,4

Au sein du secteur manufacturier, l’augmentation la plus importante des émissions de GES après l’ALE devrait provenir des secteurs à forte intensité directe de GES, notamment les véhicules motorisés et pièces, les produits papier et les produits chimiques. Ensemble, ces sous‑secteurs représentent 96 % de l’augmentation des émissions de GES prévue dans le secteur manufacturier canadien à la suite d’un ALE avec le Mercosur. Même s’il n’est pas pris en compte dans le modèle, le processus de fabrication dans les sous‑secteurs de véhicules motorisés et des pièces, de produits papier et de produits chimiques peut émettre d’autres substances que les GES, y compris des toxines et des produits chimiques qui peuvent avoir des répercussions négatives sur la santé des humains et d’autres animaux, notamment la faune aviaire.

Cela dit, les indicateurs indiquent que les émissions globales provenant des secteurs manufacturiers canadiens diminuent depuis 2005Note de bas de page 10. Dans le contexte de l’ALE entre le Canada et le Mercosur, l’augmentation prévue des émissions est donc susceptible d’être contrebalancée dans une certaine mesure par les progrès technologiques et les règlements sur l’environnement au Canada (l’effet technique), qui devraient contribuer à la réduction de l’intensité des émissions du secteur manufacturier dans son ensemble à l’avenir.

b. Changements dans la consommation d’énergie

La consommation totale d’énergie au Canada découlant de la mise en œuvre de l’ALE augmenterait de 7 286,8 térajoules (TJ), par effet d’échelle. Au fur et à mesure que les échanges entre le Canada et le Mercosur se libéraliseront dans le cadre d’un ALE, la structure de production du Canada se transformera, ce qui pourrait avoir un effet sur l’utilisation de l’énergie au Canada (l’effet de composition), résultant en une réduction de la consommation d’énergie de 6 185,2 TJ. Ensemble, la consommation totale d’énergie devrait augmenter de 1 101,6 TJ par suite des effets d’échelle et de composition. D’après les conclusions de l’évaluation, les améliorations technologiques en matière de conservation d’énergie (l’effet technique) donneraient lieu à une diminution de la consommation d’énergie de 128,8 TJ. Ainsi, l’augmentation nette de la consommation d’énergie dans le cadre de cet accord correspondrait à 972,9 TJ, soit à 0,0084 % de la consommation totale d’énergie.

Les simulations indiquent que le secteur manufacturier, dans le cadre d’un ALE entre le Canada et le Mercosur, connaîtrait une augmentation de la consommation d’énergie de 773,5 TJ d’ici 2040, comparativement à une augmentation de 199,4 TJ pour le secteur non manufacturier (Tableau 3).

Tableau 3 : Changements dans la consommation d’énergie au Canada d’ici 2040 dans le cadre de l’ALE entre le Canada et le Mercosur
SecteurConsommation d’énergie selon le scénario de base (TJ)Consommation d’énergie après l’ALE (TJ)Effet d’échelle (TJ)Effet de composition (TJ)Effet technique (TJ)Effet total (TJ)
Tous les secteurs15 563 473,215 564 574,87 286,8‑6 185,2‑128,8972,9
Total non manufacturier13 348 933,913 340 217,16 245,9‑6 070,224,0199,4
Total du secteur manufacturier, y compris2 214 539,32 224 357,71 040,9‑115,0‑152,8773,5
Machinerie et équipement54 919,455 324,125,7379,0‑35,8368,9
Véhicules motorisés et pièces81 334,281 588,238,1216,00,0254,1
Produits chimiques593 639,1593 883,1277,9‑33,9‑12,5231,5

Après l’entrée en vigueur d’un ALE possible entre le Canada et le Mercosur, l’augmentation la plus importante de la consommation d’énergie devrait provenir des secteurs à forte intensité énergétique directe, notamment des secteurs de la machinerie et de l’équipement, des véhicules motorisés et des pièces automobiles et des produits chimiques. Cette utilisation devrait avoir un effet minimal sur l’environnement canadien, car plus de 67 % de l’électricité du Canada provient de sources renouvelables (p. ex. hydroélectricité, solaire, éolienne) et 82 % proviennent de sources à zéro émission de GES (p. ex. nucléaire)Note de bas de page 11. D’ici 2040, il est prévu que les productions d’électricité à zéro émission de GES atteindront plus de 90 %, en partie en raison des progrès technologiques relatifs aux sources éoliennes et solaires ; on s’attend également à ce que la capacité éolienne double et l’énergie solaire triple presque au cours de cette périodeNote de bas de page 12.

c. Changements dans l’utilisation de l’eau

Enfin, l’utilisation totale de l’eau dans l’économie canadienne augmenterait de 27,9 millions de mètres cubes par effet d’échelle, du fait de l’ALE. Le changement structurel de l’économie canadienne, conséquemment à l’ALE, conduirait à une diminution de l’utilisation de l’eau lorsque la composition sectorielle du Canada serait en phase d’ajustement. Cet effet de composition entraînerait une diminution de l’utilisation de l’eau de 25,1 millions de mètres cubes. Les effets techniques de l’utilisation de l’eau ne peuvent être calculés, à cause du manque de données projetées pour les années futures. L’utilisation de l’eau pour toute l’économie est, par conséquent, caractérisée par une augmentation nette de 2,8 m3, représentant une part de 0,0079 % de l’utilisation totale de l’eau au Canada en 2015.

L’augmentation totale de l’utilisation de l’eau dans le secteur manufacturier en raison d’un ALE est estimée s’élever à 3,4 millions de mètres3, par rapport à une réduction de 0,6 million de mètres3 dans le secteur non manufacturier, conformément à ce qui est indiqué dans le tableau 4 ci‑dessous. La grande partie de cette augmentation devrait provenir du sous-secteur des produits papier (74 %), suivi dans une moindre mesure du sous‑secteur des produits chimiques (18 %).

Tableau 4 : Changements dans l’utilisation de l’eau au Canada d’ici 2040 dans le cadre de l’ALE entre le Canada et le Mercosur
SecteurUtilisation de l’eau selon le scénario de base (millions de mètres cubes)Utilisation de l’eau après l’ALE (millions de mètres cubes)Effet d’échelle (millions de mètres cubes)Effet de composition (millions de mètres cubes)Effet total (millions de mètres cubes)
Tous les secteurs59 671,959 674,727,9‑25,12,8
Total non manufacturier52 667,552 667,224,8‑25,1‑0,6
Total du secteur manufacturier, y compris7 004,47 007,53,10,03,4
Produits papier et publications4 900,24 902,72,30,22,5
Produits chimiques1 360,61 361,20,6‑0,10,6

Outre l’utilisation de l’eau, l’industrie des pâtes et papiers se classe également au deuxième rang, après les municipalités, en ce qui concerne la production des eaux usées dans l’environnement canadien. Les déchets des usines de pâtes et papiers qui utilisent des techniques de blanchiment peuvent libérer des toxines dans les réseaux hydrographiques, qui peuvent s’accumuler et avoir des répercussions négatives sur les écosystèmes aquatiques, notamment en nuisant aux poissons et aux invertébrés.

d. Conclusion

D’après les prévisions des indicateurs économiques sur les changements cumulés ci-dessus, il appert que l’ALE entre le Canada et le Mercosur n’aura probablement pas de répercussions importantes sur l’environnement canadien dans son ensemble, tel que mesuré par les changements prévus des émissions de GES, de la consommation d’énergie et de l’utilisation de l’eau. Bien que les effets globaux attendus soient modérés, les effets environnementaux devraient provenir surtout du secteur manufacturier, dont la part la plus importante est concentrée dans un nombre limité de sous‑secteurs, notamment les véhicules motorisés et les pièces automobiles, les produits papier, les produits chimiques et la machinerie et équipement. Même si elles sont relativement importantes, les augmentations prévues des émissions de GES, de la consommation d’énergie et de l’utilisation de l’eau dans ces sous‑secteurs sont limitées en termes absolus et devraient être étalées sur une longue période (d’ici 2040).

3.2.3 Autres liens environnementaux

Il est entendu que les répercussions environnementales possibles d’un accord de libre‑échange entre le Canada et le Mercosur vont au‑delà de celles qui pourraient découler d’une augmentation de la production canadienne, comme on l’a indiqué dans la section précédente. Il convient donc d’étendre l’analyse au-delà de la modélisation économique et environnementale, en vue d’examiner d’autres effets environnementaux potentiels qui pourraient résulter de l’augmentation des échanges commerciaux et des flux d’investissements entre le Canada et les pays du Mercosur.

Cette section met en évidence quelques secteurs de risque supplémentaires qui n’ont pas été pris en compte dans la modélisation économique et environnementale présentée dans la section précédente. Cette analyse supplémentaire étudie les risques environnementaux élargis liés au transport maritime, aux espèces exotiques envahissantes, aux projets d’investissement à grande échelle – notamment dans le secteur minier. Elle présente également un aperçu des effets environnementaux potentiels sur les pays du Mercosur.

a. Transport maritime

Le commerce international exige que les marchandises soient transportées du pays de production au pays de consommation. Toute expansion du commerce découlant d’un accord possible avec le Mercosur, notamment en ce qui concerne le commerce de marchandises est donc susceptible de donner lieu à une utilisation accrue des services de transport et logistique. Même si la modélisation environnementale présentée dans la section précédente englobe les émissions provenant des fournisseurs de services de transports canadiens, elle ne comprend pas les émissions provenant de fournisseurs de services étrangers et elle n’est, par conséquent, pas exhaustive.

Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), 90 % du commerce mondial de marchandises est transporté par la mer, ce qui représente 10,7 milliards de tonnes de marchandises transportées en 2018Note de bas de page 13. Compte tenu de l’emplacement géographique du Canada et des pays du Mercosur, les flux commerciaux supplémentaires produits par un ALE entre le Canada et le Mercosur sont susceptibles de se traduire en une utilisation plus intensive du transport maritime.

L’Agence internationale de l’énergie estime que les transports sont responsables de 24 % des émissions mondiales directes de CO2 provenant de la consommation de carburantsNote de bas de page 14. L’industrie du transport aurait produit moins de 10 % des émissions totales du secteur et l’aviation internationale moins de 7 %Note de bas de page 15. Cela dit, le secteur des transports est également responsable des émissions de polluants atmosphériques, comme le monoxyde de carbone, les oxydes d’azote, les oxydes de soufre, les composés organiques volatils et la matière particulaireNote de bas de page 16.

Au‑delà de la pollution atmosphérique, l’augmentation de la quantité de marchandises transportées par mer entre les pays du Mercosur et le Canada a également des répercussions sur les écosystèmes et les espèces marines dans les eaux canadiennes et internationales, notamment en raison des effets des bruits des navires sous‑marins des navires et des collisions avec des navires.

Même si les simulations prévoient une augmentation de 30 % du commerce de marchandises bilatéral d’ici 2040 à la suite d’un ALE avec le Mercosur, la valeur de cette augmentation est relativement faible par rapport au commerce du Canada avec d’autres partenairesNote de bas de page 17. En conséquence, les effets mondiaux de l’accord sur l’environnement liés aux transports devraient être limités.

b. Espèces Exotiques Envahissantes (EEE)

De 2016 à 2018, 6 % des exportations du Canada vers le Mercosur étaient des produits agricoles, dont la valeur annuelle moyenne s’élevait à 152 millions de dollars. Au cours de la même période, 20,7 % des importations du Canada en provenance du Mercosur étaient des produits agricoles, avec des importations annuelles d’environ 1,3 milliard de dollars.

Un ALE entre le Canada et le Mercosur pourrait occasionner une légère augmentation du commerce bilatéral de produits agricoles et agroalimentaires. Si cette augmentation devait entraîner une augmentation notable des importations agricoles en provenance du Mercosur, elle pourrait se traduire par une augmentation du risque d’importation d’espèces exotiques envahissantes (EEE) et de maladies au Canada. De nombreuses espèces ravageuses importantes qui touchent l’agriculture ne sont pas indigènes au Canada. Par exemple, 80 % des mauvaises herbes agricoles sont des EEE, et de nombreuses cultures au Canada ne peuvent survivre si elles ne sont pas protégées contre ces espèces. On a estimé que les espèces envahissantes de toutes les régions du monde causent des pertes annuelles de 2,2 milliards de dollars à l’industrie agricole canadienne en raison de la baisse des productions, des dépenses accrues de lutte antiparasitaire et de la perte des marchés en raison des restrictions commerciales et d’autres restrictions au niveau du transportNote de bas de page 18. En outre, les activités de protection contre les EEE induisent des coûts environnementaux indirects en raison de l’utilisation accrue de produits chimiques.

Bien que présent, le risque d’une plus grande exposition du secteur agricole canadien aux EEE et aux maladies devrait rester limité étant donné la faible augmentation prévue du commerce bilatéral agricole et agroalimentaire entre le Canada et le Mercosur à la suite d’un ALE. Par conséquent, l’importance de ces effets environnementaux potentiels devrait également être faible.

c. Projets d’investissement à grande échelle

Tel que cela a été indiqué antérieurement, la portée et la valeur des augmentations prévues de la production découlant d’un ALE entre le Canada et le Mercosur devraient être limitées. Par conséquent, la probabilité que ces changements donnent lieu à la construction ou à l’expansion d’installations de production, d’infrastructures du transport et d’autres projets concrets d’envergure au Canada devrait également être limitée.

Cela dit, les données laissent entendre que les traités d’investissement ou les dispositions relatives à l’investissement en vertu d’accords de libre‑échange sont susceptibles de donner lieu à une augmentation modérée dans certains types d’investissements directs étrangers (IDE)Note de bas de page 19. Ainsi, bien que l’existence de dispositions liées à l’investissement au sein de l’ALE soit positif et soit un facteur important dans la prise de décision des investisseurs, il ne s’agit que d’un des nombreux éléments considérés au moment de choisir d’investir ou non sur le territoire de l’autre Partie. De plus, le Canada a déjà un régime d’investissement relativement ouvert et deux accords d’investissement avec les pays du Mercosur (l’Argentine et l’Uruguay). Les effets économiques, sous la forme d'une augmentation des investissements du Mercosur au Canada, résultant de l’ALE seront minimes et proviendront principalement du Brésil. Actuellement, les investissements brésiliens au Canada sont concentrés dans le secteur minier et il est possible que les futurs investissements puissent conduire à d’autres projets à grande échelle dans ce secteur.

Chaque étape du processus de production minérale et non minérale (exploration, extraction, transformation, fermeture et après fermeture) comporte un risque de répercussions environnementales négatives, y compris l’augmentation des émissions de GES, de l’utilisation des terres et de l’eau, la contamination de l’eau et la sédimentation, la contamination du sol et la destruction de l’habitat. La roche stérile, les effluents de procédés et les résidus miniers peuvent entraîner des rejets de contaminants dans l’eau et le sol, causant ainsi une pollution de l’environnement voisin. Le drainage des acides et la lixiviation de métaux provenant des travaux miniers et des déchets de mine peuvent se produire dans certains types de mines.

D’un autre côté, il convient de noter que le Canada, grâce à son secteur minier, est l’un des principaux producteurs mondiaux de cuivre, de nickel et de cobalt et qu’il accueille un certain nombre de projets miniers de pointe pour les éléments de terres rares, le lithium et le graphite. Ces produits sont essentiels à la production de technologies d’énergies renouvelables comme les cellules photovoltaïques, les piles de haute densité et les turbines éoliennes. Ces technologies sont essentielles pour faire en sorte que les industries canadiennes soient placées au premier plan, afin de pouvoir tirer profit de l’occasion de déployer des solutions technologiques, qui peuvent répondre aux défis environnementaux les plus urgents. Par conséquent, bien qu’un plus grand accès étranger à ces intrants minéraux aux fins des technologies d’énergies renouvelables puissent avoir pour conséquence certaines répercussions négatives sur l’environnement, tels que mentionnés ci-dessus, elles seraient contrebalancées par la possibilité pour autres pays d’adopter ces ressources d’énergie durable, réduisant ainsi les émissions mondiales de GES.

d. Effets dans les pays du Mercosur

Alors que la présente analyse se concentre sur les effets susceptibles d’être ressentis dans l’environnement canadien, il est important de reconnaître que les risques environnementaux résultant d’un ALE entre le Canada et le Mercosur ne sont pas limités au territoire canadien. En effet, à mesure que les économies des pays du Mercosur s’adapteront aux nouvelles possibilités créées par l’accord, il est attendu l’intensité et le rendement relatifs de la production entre les secteurs seraient modifiés. Cette évolution résulterait de l’expansion ou de la contraction de la production dans certains secteurs, de changements dans l’utilisation des matières premières, de progrès technologiques, de nouveaux investissements et de l’expansion des infrastructures physiques, qui pourraient avoir des effets positifs ou négatifs sur l’environnement local. La nature et l’importance de ces effets sur l’environnement des pays du Mercosur dépendront en grande partie des effets d’un accord sur la structure économique de chaque pays, ainsi que des réglementations, des politiques et des mesures que ces pays ont ou mettront en place pour prévenir et gérer les risques environnementaux créés par l’ALE.

Un risque possible pour le marché canadien associé à des niveaux plus élevés de production agricole et agroalimentaire dans les pays du Mercosur pourrait notamment entraîner certains degrés de déforestation, d’érosion des sols et de perte de biodiversité, si cette production accrue se fait au détriment des écosystèmes naturels. À l’inverse, un ALE entre le Canada et le Mercosur pourrait entraîner une réduction de l’empreinte écologique de certains secteurs dans les pays du Mercosur grâce à un meilleur rendement de la production ou à un meilleur accès aux technologies environnementales.

Les répercussions environnementales attendues dans les pays du Mercosur offraient notamment des occasions pour les entreprises canadiennes dans certains secteurs. En ce qui concerne l’énergie nucléaire, l’Argentine exploite la technologie CANDU et l’Argentine et le Canada continue de s’associer dans leur programme d’énergie nucléaire pour de futurs projets. Sous l’égide de l’Accord de coopération nucléaire de 2018, le Canada et l’Argentine ont signé un protocole d’entente, fixant un cadre de coopération bilatéral en vue du développement durable de l’énergie nucléaire et de ses applications. Dans l’éventualité que de futurs projets nucléaires soient facilités par cet ALE, le protocole d’entente inclut des domaines d’intérêt commun en matière de coopération, notamment pour la protection de l’environnement et la gestion des déchets radioactifs pour les opérations actuelles et futures.

Il convient aussi de souligner que les pays du Mercosur offrent des possibilités aux investisseurs canadiens du secteur des technologies propres. De récents projets et acquisitions d’actifs dans la région ont porté, par exemple, sur la gestion des eaux usées, l’hydroélectricité, la transmission, l’éolien et le solaire. La majorité des grands investisseurs canadiens de placement de portefeuille au Brésil ont déjà acquis des actifs ou des concessions dans le secteur des technologies propres, principalement dans les secteurs éolien et solaire dans le nord-est du Brésil, et sont désireux d’élargir leurs investissements dans les technologies propres en y intégrant de nouvelles acquisitions. En Argentine, les investissements dans les technologies propres sont principalement liés aux développements dans les secteurs minier, pétrolier et gazier, orientés vers la vente d’énergie aux utilisateurs finaux industriels et multinationaux. En Uruguay, les possibilités de technologies propres concernent principalement le traitement de l’eau, la gestion des déchets et l’énergie propre. Le Paraguay offre aux investisseurs canadiens des possibilités dans le domaine de la gestion des déchets et de la production d’énergie distribuée. Les changements prévus dans la réglementation de l’électricité au Paraguay pourraient également présenter des occasions pour les développeurs d’énergies renouvelables et les fournisseurs de technologies dans le domaine de l’énergie solaire et des petites centrales hydroélectriques du Canada.

3.3 Conclusion de l’évaluation environnementale préliminaire

À titre d’exercice de cadrage, la présente EEI a mis l’accent sur la détermination de la probabilité d’effets positifs ou négatifs importants d’un ALE entre le Canada et le Mercosur sur l’environnement canadien. Selon les estimations de l’augmentation du PIB et du commerce, ainsi que les projections des changements des indicateurs environnementaux qui en découleront au Canada, il semble que l’incidence nette d’une production et d’un commerce accrus dans le cadre d’un ALE avec le Mercosur serait caractérisée par des augmentations mineures des émissions globales de GES, de la consommation d’énergie et de l’utilisation de l’eau, notamment dans le secteur manufacturier.

En complément à cette analyse, l’examen qualitatif d’autres liens environnementaux vise à élargir l’analyse des risques possibles liés à un ALE avec le Mercosur. Même si cet examen n’a pas permis de déterminer d’effets positifs ou négatifs importants sur l’environnement canadien découlant d’un tel accord, il met en évidence des risques limités liés au transport maritime, aux espèces exotiques envahissantes et aux investissements dans le secteur minier. Bien que ce constat dépasse le cadre du présent rapport, l’analyse note également la possibilité d’effets environnementaux positifs et négatifs dans les pays du Mercosur.

Compte tenu de ces risques limités, les sections suivantes examinent le cadre législatif actuel concernant l’environnement au niveau fédéral au Canada (chapitre 4), ainsi que les options d’amélioration et d’atténuation qui pourraient être envisagées plus particulièrement dans le contexte d’un ALE entre le Canada et le Mercosur (chapitre 5).

4. Examen chapitre par chapitre des options d’amélioration et d’atténuation

L’ALE entre le Canada et le Mercosur pourrait également contribuer à accroître les répercussions positives et à atténuer les risques environnementaux, tels qu’ils sont décrits dans la section suivante. À titre d’étape analytique finale de l’évaluation des répercussions environnementales, la présente section indique les domaines à améliorer et à atténuer les risques pour l’environnement qui peuvent être abordés par un ALE possible entre le Canada et le Mercosur. Cette analyse préliminaire vise à répondre aux risques indiqués à la section 3, ainsi qu’à de vastes considérations environnementales, en matière de politique commerciale, en vue d’orienter les négociations en cours. Pour de plus amples renseignements sur l’objet des chapitres indiqués ci‑dessous, voir l’annexe A.

Aux fins du présent rapport, l’évaluation a été divisée en cinq groupes de chapitres ou de dispositions connexes :

Les chapitres qui ne sont pas inclus dans les regroupements ci‑dessus sont ceux qui ne devraient pas améliorer ou atténuer de manière importante les répercussions environnementales de l’accord.

4.1 Environnement

Le Canada cherche à faire progresser un chapitre ambitieux et complet sur l’environnement dans le cadre de toutes ses négociations d’ALE. Cela comprend les obligations visant à s’assurer que les niveaux élevés de protection de l’environnement soient maintenus au fur et à mesure de la libéralisation du commerce et des investissements, ainsi que des engagements visant à régler de nombreux problèmes environnementaux mondiaux. De plus, le Canada inclut de dispositions relatives à l’environnement dans d’autres domaines de ses ALE, le cas échéant, y compris dans le préambule, ainsi que plus largement dans les dispositions initiales et les exceptions générales.

Dans le contexte de l’ALE entre le Canada et le Mercosur, il existe des possibilités d’utiliser ce chapitre pour améliorer la gouvernance environnementale et pour poursuivre la coopération entre les Parties et régler les défis environnementaux, non seulement en ce qui concerne les secteurs de risques indiqués dans la section 3 du présent rapport, mais également de manière plus générale.

Le Canada peut, plus particulièrement, profiter de l’occasion offerte par un ALE avec le Mercosur pour réaliser quatre principaux objectifs :

  1. Renforcer la gouvernance environnementale en poursuivant les obligations essentielles consistant à maintenir des normes élevées de protection de l’environnement, y compris les engagements à appliquer de manière efficace les lois environnementales, à ne pas déroger de ces lois en vue d’encourager le commerce ou l’investissement et à promouvoir la transparence, la responsabilisation et la participation du public. Dans le contexte d’un ALE avec le Mercosur, les engagements des Parties pris en vue de maintenir les niveaux élevés de protection de l’environnement et d’améliorer leurs lois et politiques respectives peuvent contribuer à l’atténuation des augmentations mineures prévues des émissions de GES, d’utilisation de l’eau et de consommation d’énergie, telles qu’elles ont été indiquées antérieurement dans le présent rapport.
  2. Appuyer les efforts visant à relever un éventail de défis environnementaux internationaux dans les domaines qui ont une incidence sur l’environnement du Canada, l’économie et la santé. En plus de contribuer potentiellement à la résolution de certains secteurs à risque indiqués à la section 3 concernant les émissions de GES, la qualité de l’air, la gestion des produits chimiques et les espèces exotiques envahissantes, les dispositions relatives à l’environnement prévues dans un ALE avec le Mercosur offre la possibilité d’améliorer les efforts liés aux secteurs comme le commerce illégal de la faune, l’économie circulaire et économe en ressources, les déchets marins et plastiques et la conservation de la biodiversité. Un accord pourrait également inclure un engagement contraignant sur les changements climatiques, ce qui appuierait les objectifs plus vastes en matière de changements climatiques et serait conforme à l’objectif de la SFDD de 2019‑2022 consistant à promouvoir des dispositions de fond en matière de changements climatiques dans les ALE du Canada. En outre, les Parties pourraient utiliser l’ALE pour réaffirmer leurs engagements respectifs à l’égard des accords multilatéraux sur l’environnement qu’elles ont signés. Dans l’ensemble, ces dispositions appuieraient les engagements nationaux, bilatéraux et internationaux respectifs de chacune des Parties en vue de renforcer la protection de l’environnement et de contribuer à la recherche de solutions aux défis environnementaux mondiaux actuels et futurs.
  3. Promouvoir des objectifs commerciaux et environnementaux qui se renforcent mutuellement à l’aide, par exemple, d’engagements visant à promouvoir les pratiques exemplaires volontaires en matière de responsabilité sociale des entreprises et de conduite responsable des activités commerciales, des mesures volontaires visant à améliorer le rendement environnemental et le commerce et l’investissement dans les biens et services environnementaux. Plus particulièrement et sous réserve d’un partenaire disposé à le faire, ces dispositions pourraient encourager la promotion du commerce de biens et de services environnementaux, y compris ceux qui sont particulièrement pertinents aux secteurs de risque indiqués antérieurement dans le présent rapport et aux objectifs plus généraux d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ceux‑ci. En général, cela pourrait également contribuer à la croissance durable et à la création d’emplois et serait conforme à l’objectif de la SFDD de 2019‑2022 consistant à faire croître l’industrie et les exportations canadiennes de technologies propres.
  4. Appuyer la gestion durable des ressources naturelles en poursuivant des dispositions relatives à une économie circulaire et économe en ressources et à la gestion durable des pêches, de l’agriculture et des forêts. Étant donné l’importance des ressources naturelles et de leur rôle essentiel dans l’économie nationale des Parties, ces dispositions renforceraient l’importance de la gestion durable des ressources. Ces dispositions peuvent également contribuer à atténuer les effets négatifs, notamment en ce qui concerne les pratiques agricoles mises en évidence plus haut, ainsi que la production de déchets, l’exploitation forestière illégale, la surpêche de stocks de poissons limités ou la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INDNR).

En plus des objectifs susmentionnés, le chapitre sur l’environnement offre l’occasion de renforcer les activités de coopération existantes entre le Canada et les pays du Mercosur relativement aux questions environnementales plus vastes en établissant un cadre de coopération sur des questions d’intérêt commun.

Les activités de coopération environnementale existantes entre le Canada et les pays du Mercosur visent un large éventail de secteurs. Ainsi, le Canada a collaboré récemment avec l’Argentine et le Brésil en vue de concevoir des registres des rejets et des transferts de polluants (RRTP) et avec le Brésil en matière de biodiversité en vue de surveiller et de conserver les oiseaux de reproduction des rivage arctiques canadiens dans leur habitat de non-reproduction dans le nord‑est du Brésil.

Le Canada coopère également avec l’Argentine et le Brésil sur la question des feux de forêt dans l’Amazonie. Le Canada a annoncé le 26 août 2019 qu’il verserait jusqu’à concurrence de 15 millions de dollars canadiens aux bombardiers à eau pour contribuer à la lutte contre les incendies dans la forêt tropicale amazonienne. De plus, le Service météorologique du Canada a fourni des modèles de dispersion de la fumée à l’Argentine. Le Canada est également un donateur important du Fonds vert pour le climat (FVC) et s’est engagé à verser une somme supplémentaire de 300 millions de dollars pendant le premier processus de reconstitution du Fonds. Depuis janvier 2020, le FVC finance trois projets au Brésil, dont deux font la promotion de l’efficacité énergétique et un versement des paiements pour les résultats découlant de la réduction des émissions de la déforestation de la région de l’Amazonie en 2014 et en 2015.

Dans le cadre de l’engagement de financement rapide du Canada pour le climat qui était en vigueur de 2010‑2011 à 2012‑2013, le Canada a également appuyé l’action pour le climat dans plusieurs pays du Mercosur, dont l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay. Cet appui comprenait la contribution du Canada de 1,5 million de dollars pour appuyer l’adaptation au stress hydrique dans la région de Comahue en Argentine, de 300 000 $ en vue de réduire la consommation d’énergie dans l’industrie hôtelière en pleine croissance du Brésil et de plusieurs projets énergétiques en Uruguay dans le cadre de la contribution de 250 millions de dollars à la Banque interaméricaine de développement en vue de créer le Fonds canadien pour le climat destiné au secteur privé dans les Amériques (C2F). Dans le cadre de l’engagement actuel du Canada en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques de 2,65 milliards de dollars (de 2015‑2016 à 2020‑2021), le Canada a versé la somme de 223,5 millions de dollars lors de la deuxième étape du Fonds canadien pour le climat destiné au secteur privé dans les Amériques en vue d’appuyer les pays dans les Amériques et la région des Caraïbes afin d’atténuer les effets des changements climatiques et de s’y adapter. Des projets particuliers dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes seront progressivement approuvés et communiqués, mais aucun n’a été annoncé à ce jour.

Un ALE avec le Mercosur constitue une occasion de tirer profit de ces activités de collaboration environnementale et d’examiner de nouvelles pistes en matière de collaboration avec le Mercosur.

4.2 Marchandises et services

Les dispositions sur les marchandises et les services comprennent les chapitres suivants : Traitement national et accès aux marchés (TNAM), Règles d’origine et procédures relatives à l’origine, Droits de douane et facilitation du commerce, Mesures sanitaires et phytosanitaires, Commerce des services transfrontières, Séjours temporaires des gens d’affaires, Commerce électronique, Propriété intellectuelle et l’Annexe sur la biotechnologie. Le but de ces chapitres est d’aider les commerçants, les fournisseurs de service et les investisseurs canadiens à avoir accès aux marchés et de veiller à ce que les systèmes réglementaires des États membres du Mercosur soient prévisibles et transparents. Se référer à l’annexe A pour obtenir de plus amples renseignements.

Un ALE avec le Mercosur offre l’occasion d’accroître les répercussions positives et d’atténuer les répercussions découlant d’un commerce accru de biens et de services, comme suit :

De manière plus générale, les chapitres de ce groupe pourraient contribuer à améliorer les processus et les mécanismes de commerce à l’aide de procédures plus prévisibles et transparentes, ainsi que de dispositions particulières visant à faciliter le commerce en ligne de biens et de services. Cela s’applique en particulier aux chapitres Droits de douane et facilitation du commerce et Règles d’origine et procédures relatives à l’origine, qui permettrait de rationaliser les procédures douanières et de faciliter la circulation des marchandises de manière plus efficace. Cela offrirait des avantages commerciaux et environnementaux en réduisant les coûts et les retards pour les négociants, tout en réduisant au minimum les incidences environnementales liées au mouvement des biens par des efficiences au chapitre des transports, la promotion d’environnements sans support papier et d’autres facteurs d’atténuation.

4.3 Investissement

L’objectif d’un chapitre sur l’investissement dans un ALE avec le Mercosur serait d’aider les investisseurs canadiens à gagner des parts de marché, à protéger leurs investissements de la discrimination et des traitements arbitraires et de veiller à ce que les systèmes de réglementation des États membres du Mercosur soient prévisibles et transparents. Le chapitre sur l’investissement ne requiert aucun changement dans le cadre réglementaire canadien, qui s’applique à tout investisseur étranger de la manière qu’aux investisseurs canadiens, incluant la loi sur l’évaluation d’impact et les régimes de réglementations d’évaluations environnementales provinciaux. Ainsi, bien que l’ALE puisse avoir pour conséquence une augmentation des investissements, ceux-ci devraient satisfaire aux mêmes normes de protection de l’environnement que les investissements domestiques. Le chapitre sur l’investissement pourrait également contenir un certain nombre de dispositions additionnelles pour remédier aux risques relevés dans la présente étude en ce qui concerne les projets d’envergure et comprendraient :

Certains intervenants se sont dits inquiets que l’inclusion de dispositions concernant le règlement de litiges entre un investisseur et une Partie à l’accord confère des droits aux investisseurs sans qu’ils aient d’obligations à respecter, notamment des obligations quant à la protection de l’environnement. Le mécanisme de règlement des différends entre l’investisseur et l’État vise à préserver le droit du gouvernement de réglementer dans l’intérêt public, y compris en ce qui a trait à l’environnement.

4.4 Marchés publics

Les objectifs des marchés publics (MP) du Canada dans le cadre des négociations commerciales visent à faire en sorte que les fournisseurs canadiens soient traités de façon non discriminatoire lorsqu’ils soumissionnent pour des contrats d’approvisionnement et que les MP soient effectués de façon équitable, ouverte et transparente.

Tout en favorisant les objectifs susmentionnés, le Canada peut profiter de l’occasion offerte par les négociations avec le Mercosur pour obtenir des engagements afin de permettre aux Parties d’appliquer des spécifications techniques en vue de promouvoir la conservation des ressources naturelles ou de protéger l’environnement dans le cadre de ses activités concernant les MPNote de bas de page 20. L’inclusion de telles dispositions contribuerait à accroître les répercussions positives d’un accord en appuyant la Stratégie pour un gouvernement vert, surtout sa Politique d’achats écologiquesNote de bas de page 21 et en faisant la promotion de l’objectif de la SFDD de 2019‑2022 visant un gouvernement vert, ce qui comprend les jalons à court terme aux fins suivantes :

En général, les engagements pris dans le chapitre sur les MP auraient sans doute une répercussion positive indirecte sur l’environnement en renforçant les pratiques écologiques des MP et l’augmentation prévue connexe des dépenses publiques relatives aux biens et aux services respectueux de l’environnement. Les engagements pris dans le cadre des MP renforcent également les efforts déployés par le Canada pour encourager l’adoption de technologies propres, qui peuvent créer des possibilités économiques et améliorer les résultats environnementaux.

4.5 Commerce et peuples autochtones

Dans le cadre de son approche inclusive relative au commerce, le Canada fait progresser les dispositions du chapitre Commerce et peuples autochtones qui visent à reconnaître l’importance d’accroître la capacité des peuples autochtones et des entreprises autochtones de profiter des occasions créées par un ALE avec le Mercosur. Cela comprend également des dispositions visant à effectuer ce qui suit :

Dans l’ensemble, les dispositions du chapitre Commerce et peuples autochtones auraient sans doute une incidence positive sur l’environnement dans le cadre des activités de coopération entre les Parties. Ces activités mettraient en évidence l’importance de l’environnement quant au bien‑être économique et culturel des peuples autochtones et le rôle que les entreprises autochtones jouent à l’échelle internationale dans le développement économique novateur et durable en ce qui concerne l’environnement.

5. Lois, politiques et mesures existantes concernant l’environnement

Les répercussions prévues déterminées par l’analyse environnementale devraient être prises en compte dans le contexte des lois, des règlements, des politiques et des mesures canadiens existants qui contribuent à la prévention et à la gestion des risques environnementaux au Canada. Le cadre législatif concernant l’environnement vise à réduire au minimum les menaces aux Canadiens et à leur environnement découlant de la pollution, à doter les Canadiens des moyens de prendre des décisions éclairées sur les conditions météorologiques, l’eau et le climat et à conserver et à rétablir l’environnement naturel du Canada. Ce cadre environnemental solide permet au Canada d’atténuer les effets environnementaux possibles d’un ALE entre le Canada et le Mercosur.

La présente section donne un aperçu du cadre législatif du gouvernement du Canada concernant l’environnement, tant à l’échelle générale que sectorielle. Même si cet aperçu porte sur les lois, les règlements, les politiques et les mesures mises en œuvre par le gouvernement fédéral, il est entendu que les gouvernements provinciaux et territoriaux ont également d’importants rôles et responsabilités dans la prévention et la gestion des risques environnementaux, notamment par l’entremise de nombreux textes et réglementations. Du fait de ces rôles, il y a une vaste collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans ces domaines.

5.1 Cadre et stratégie de durabilité de l’environnement du Canada

D’après notre constitution, la gestion des enjeux environnementaux est un domaine de compétence partagée entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Le gouvernement fédéral collabore avec les provinces, les territoires, les peuples autochtones et d’autres entités les espèces et les milieux naturels, afin de mettre en place et de gérer des normes, des lignes directrices et des règlements liés à l’environnement ainsi que des mesures de gestion du risque en vue de diminuer les rejets et de surveiller les niveaux de contaminants dans l’air, l’eau et le sol et de favoriser et d’imposer la conformité avec les lois et les règlements environnementaux. La surveillance et les rapports réguliers sur les changements dans l’environnement sont essentiels à l’évaluation des répercussions des risques et à l’efficacité des mesures visant à prévenir ou à réduire au minimum ces risques et constituent une composante importante des travaux scientifiques à l’appui de la mise en œuvre du cadre environnemental du Canada. Les normes environnementales établies par ces mesures demeureront en vigueur, peu importe les changements de l’activité économique ou du commerce international, y compris par suite d’un ALE entre le Canada et le Mercosur.

5.2 Principaux textes législatifs fédéraux sur l’environnement au Canada

Les principales lois fédérales relatives à la protection de l’environnement sont les suivantes :

  1. Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE)
    • Elle vise à prévenir la pollution et à protéger l’environnement et la santé humaine.
    • Elle prévient et gère les risques posés par des substances toxiques et autres substances dangereuses. Elle gère aussi les effets que peuvent entraîner sur l’environnement et la santé humaine les produits de la biotechnologie, l’élimination de déchets en mer, les émissions des véhicules et du matériel, les carburants, les déchets dangereux, les urgences environnementales et d’autres sources de pollution.
  2. Loi sur les pêches
    • Elle porte sur la protection des habitats des pêches tant dans les océans que dans les voies navigables intérieures.
    • Elle interdit de rejeter des substances dangereuses dans l’eau où vivent des poissons, sauf en conformité avec des règlements.
  3. Loi sur le transport des marchandises dangereuses
    • Elle vise à accroître la sécurité publique en matière de transport des matières dangereuses.
  4. Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs
    • Elle protège les oiseaux migrateurs contre la chasse excessive et d’autres actions humaines. Elle interdit l’achat, la vente ou la possession d’un oiseau migrateur, en tout ou en partie, de son nid ou de ses œufs, sauf si un règlement le permet.
  5. Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires
    • Elle vise à réglementer le développement, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire ainsi que la production, la possession et l’utilisation des substances nucléaires, de l’équipement réglementé et des renseignements réglementés au Canada.
  6. Loi sur la marine marchande du Canada
    • Elle vise principalement le contrôle des rejets de polluants des navires d’exportation.
  7. Loi sur les espèces en péril (LEP)
    • Elle vise à respecter l’un des principaux engagements du Canada en vertu de la convention internationale sur la diversité biologique, visant à prévenir que les espèces sauvages au Canada en péril de disparition, en prévoyant le recouvrement des espèces sauvages et la gestion des espèces préoccupantes en vue de les empêcher de devenir en péril ou d’être menacées.
    • Encourage les divers gouvernements du Canada de coopérer pour protéger les espèces sauvages. La consultation et la coopération avec les peuples autochtones sont essentielles à la mise en œuvre réussie de la LEP.
  8. Loi sur l’évaluation d’impact (LEI)
    • La Loi et son règlement d’application établissent le fondement législatif pour l’évaluation d’impact fédéral.
    • L’évaluation d’impact constitue un outil de planification et de prise de décisions utilisé pour évaluer les effets environnementaux, économiques, sociaux et de la santé, tant positifs que négatifs, des projets proposés, ainsi que les répercussions sur les groupes autochtones et les droits des peuples autochtones.
  9. Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre
    • Elle contribue à la réduction des émissions de GES du Canada en appliquant un prix du carbone à la grandeur du Canada et en l’augmentant progressivement.
  10. Loi sur la protection d’espèces animales ou végétales sauvages et la réglementation de leur commerce international et interprovincial (LPEAVSRCII)
    • Elle met en œuvre la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction(CITES) en réglementant le commerce des animaux et des plantes sauvages.
    • Elle interdit l’importation, l’exportation et l’acheminement interprovincial des espèces désignées, à moins que les spécimens ne soient accompagnés des documents appropriés (licences et permis).

5.3 Stratégie fédérale de développement durable et Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques du Canada

La Stratégie fédérale de développement durable (SFDD) de 2019‑2022Note de bas de page 22 établit les priorités, les objectifs appuyés par des cibles à moyen terme du gouvernement du Canada en matière de durabilité environnementale et détermine les jalons à court terme et les mesures nécessaires pour les réaliser. Il s’agit de la quatrième stratégie pangouvernementale du Canada qui regroupe les activités de développement durable du gouvernement du Canada en un seul endroit. Elle décrit quelles mesures que le gouvernement prendra dans l’ensemble des 42 ministères et organismes pour favoriser une croissance propre, préserver des écosystèmes sains et construire des collectivités sûres, sécuritaires et durables au cours des trois prochaines années. La SFDD demeure également étroitement liée aux priorités du gouvernement, tenant compte des principales initiatives, comme les efforts visant à mettre en œuvre le programme de l’ONU de 2030, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, le Plan de protection des océans, et les travaux entrepris pour lutter contre les déchets de plastique et promouvoir les véhicules à zéro émission. Les indicateurs permettant de suivre les progrès accomplis par rapport aux buts et aux objectifs de la SFDD sont tirés en grande partie du Programme des indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement, y compris les progrès réalisés relativement aux émissions de GES pour le Canada. La SFDD suit également les progrès réalisés à l’égard de l’engagement du gouvernement du Canada concernant la Mission Innovation consistant à doubler les investissements dans l’énergie propre, la recherche, le développement et la démonstration, passant des niveaux de 387 millions de dollars en 2015 à 775 millions de dollars d’ici 2020, ainsi qu’à réduire les émissions de GES des opérations du gouvernement de 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030 avec une aspiration d’être neutre sur le plan du carbone d’ici 2050.

Parmi les 13 objectifs énoncés dans la SFDD de 2019‑2022, les éléments suivants présentent un intérêt particulier dans le contexte des répercussions environnementales prévues à la suite d’un ALE entre le Canada et le Mercosur :

Promouvoir l’innovation et l’ingéniosité dans les aliments durables, notamment en encourageant l’adoption de pratiques agricoles durables et en collaborant avec les provinces et territoires dans le cadre du Partenariat canadien pour l’agriculture.

Le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiquesNote de bas de page 23 constitue le plan ambitieux retenu par le gouvernement pour lutter contre les changements climatiques, accroître la résilience à un climat en évolution et stimuler une croissance économique propre. Il s’agit du premier plan de lutte contre les changements climatiques de l’histoire du Canada qui comprend des engagements communs et individuels des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, et qui a été élaboré avec la participation des peuples autochtones, des entreprises, des organisations non gouvernementales et des Canadiens partout au pays. Les quatre piliers du Cadre pancanadien sont les suivants : la tarification de la pollution au carbone, des mesures complémentaires pour réduire les émissions produites par l’économie canadienne, l’adaptation et la résilience contre les changements climatiques et les technologies propres, l’innovation et la création d’emplois.

Parmi les principaux domaines définis dans le Cadre pancanadien, ceux qui sont particulièrement pertinents dans le contexte des répercussions prévues à la suite d’un ALE entre le Canada et le Mercosur comprennent les plans visant à :

5.4 Lois, politiques et mesures sectorielles

Le Canada tire également parti de l’engagement bilatéral et multilatéral dans les principaux forums internationaux en vue d’appuyer les efforts mondiaux plus vastes visant à lutter contre les changements climatiques et à gérer les risques environnementaux. Par exemple, en signant l’Accord de Paris, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de GES de 30 % par rapport aux niveaux de 2005, d’ici 2030. Le Canada offre également un financement de lutte contre les changements climatiques pour appuyer la transition des pays en développement vers des économies à faibles émissions de carbone et résilientes sur le plan climatique. Le Canada verse la somme de 2,65 milliards de dollars au titre de financement de lutte contre les changements climatiques aux pays en développement, entre 2015‑2016 et 2020‑2021.

Des politiques et des règlements particuliers sont également pertinents, étant donné les risques environnementaux déterminés dans le cadre de l’évaluation environnementale préliminaire d’un ALE entre le Canada et le Mercosur. Au niveau sectoriel, ces mesures peuvent contribuer au contrôle des risques limités liés aux secteurs manufacturier, agricole et agroalimentaire, minier et des transports, tels qu’ils sont indiqués à la section 3.2.

5.5 Conclusion

Le cadre législatif actuel du gouvernement du Canada est bien placé pour atténuer tout effet environnemental découlant d’un ALE entre le Canada et le Mercosur. À mesure que des lois, des politiques, des mesures et des règlements nouveaux sont élaborés et mis en œuvre à l’avenir, les améliorations dans le rendement environnemental des secteurs économiques canadiens peuvent contribuer davantage à l’atténuation des répercussions environnementales découlant d’un accord à l’avenir.

6. Conclusion et prochaines étapes

Avec une population de 261 millions d’habitants et PIB de plus de trois billions de dollars combinés, le Mercosur offre au Canada la possibilité de diversifier le commerce dans un marché important à croissance rapide. Un ALE avec le Mercosur représente un moyen d’accroître notre commerce bilatéral actuel de 9,9 milliards de dollars en aidant à un plus grand nombre de Canadiens à faire concurrence et à réussir dans les marchés mondiaux, ce qui, à son tour, contribuera à renforcer l’économie canadienne.

L’analyse des répercussions environnementales utilise des données environnementales et de modélisation économique pour estimer les effets possibles d’un ALE entre le Canada et le Mercosur sur l’environnement canadien. La modélisation économique des effets environnementaux au Canada montre que l’augmentation des échanges commerciaux avec les pays du Mercosur entraînerait une légère augmentation des émissions de GES, de la consommation d’énergie et de l’utilisation de l’eau. Ces augmentations devraient provenir surtout du secteur manufacturier, la part la plus importante étant concentrée dans un nombre limité de sous-secteurs, notamment les véhicules automobiles et leurs pièces, les produits du papier, les produits chimiques, ainsi que les machines et l’équipement. L’analyse étudie également les risques environnementaux élargis liés au transport maritime, aux espèces exotiques envahissantes, aux investissements – notamment dans le secteur minier – ainsi que les effets environnementaux potentiels dans les pays du Mercosur.

Dans l’ensemble, l’analyse indique que les répercussions négatives d’un ALE entre le Canada et le Mercosur sur l’environnement de Canada seraient limitées quant à leur étendue et portée. En outre, l’aperçu du cadre législatif actuel du gouvernement du Canada, y compris les lois, les règlements, les politiques et les mesures visant la prévention et la gestion des risques environnementaux, laisse entendre que le Canada est bien placé pour atténuer les répercussions environnementales possibles d’un accord, y compris à l’aide d’améliorations futures dans le rendement environnemental des secteurs économiques canadiens à l’avenir.

De plus, l’examen chapitre par chapitre indique que plusieurs domaines de collaboration environnementale et d’atténuation des risques dans le contexte de l’ALE, y compris à l’aide de dispositions au chapitre de l’environnement, l’élargissement de l’accès aux marchés pour les produits, les services et les technologies respectueux de l’environnement, les mécanismes visant à accroître la collaboration sectorielle, technologique et institutionnelle entre le Canada et les pays du Mercosur dans les principaux domaines et diverses dispositions liés aux investissements et aux marchés publics.

Étant donné les répercussions environnementales limitées prévues à la suite d’un ALE entre le Canada et le Mercosur et conformément au Cadre, ce qui n’exige pas la publication d’une évaluation environnementale (EE) préliminaire dans les cas où il est peu probable qu’il y ait des répercussions environnementales importantes, la prochaine étape du processus d’EE consistera à effectuer une EE finale. Cette EE finale tiendra compte des résultats finaux négociés pour évaluer la portée et la nature des effets environnementaux qui pourraient découler de l’ALE proposé entre le Canada et le Mercosur. L’EE finale sera publiée après la conclusion des négociations.

D’ici là, le gouvernement du Canada souhaite recevoir des commentaires et des suggestions portant sur cette EEI. Tous les commentaires reçus seront utilisés en vue de guider l’analyse de l’EE subséquente d’un ALE entre le Canada et le Mercosur, ainsi que les futures EE d’autres négociations commerciales de façon plus générale. Toutes les suggestions sur les façons d’améliorer les mesures d’atténuation des effets négatifs potentiels sur l’environnement ou de renforcer les effets positifs cernés à cette étape sont aussi encouragées.

Les commentaires et la rétroaction peuvent être acheminés jusqu’au 10 novembre 2020 aux adresses suivantes :

Courriel : EAconsultationsEE@international.gc.ca

Courrier : Consultations sur l’évaluation environnementale des négociations en vue d’un ALE entre le Canada et le Mercosur
Secrétariat des ententes et de l’Accord de libre‑échange nord‑américain (TCT)
Affaires mondiales Canada
125 Promenade Sussex, Ottawa (Ontario), K1A 0G2

Annexes

Annexe A – Aperçu des objectifs du chapitre de l’ALE

Annexe B – Méthodologies de l’analyse des évaluations environnementales

Le Cadre prévoit une méthode analytique en quatre étapes pour la conduite des EE initiales, préliminaires et finales. Des directives sur la façon d’effectuer chaque étape de l’analyse sont présentées dans le Guide (section 4.6.1).

  1. Détermination des retombées économiques de l’accord à négocier. Cette étape a pour objet de déterminer l’activité de libéralisation du commerce visée par l’accord faisant l’objet des négociations. On y examine les secteurs que l’accord potentiel pourrait inclure, les changements ou les nouvelles activités commerciales qui pourraient en résulter et la portée économique globale à l’échelle du Canada. On peut ainsi définir l’étendue de l’analyse à mener dans le cadre de l’EE et classer par ordre de priorité les questions à évaluer.
  2. Détermination des effets environnementaux probables de tels changements. Après avoir estimé les retombées économiques de l’accord commercial proposé, on détermine les effets sur l’environnement qui pourraient vraisemblablement en découler. On tient compte des incidences positives et négatives éventuelles sur l’environnement.
  3. Évaluation de l’importance des effets environnementaux probables cernés. On évalue ensuite l’importance des effets environnementaux probables. Le Cadre prévoit différents critères pour déterminer l’importance des effets, dont la fréquence, la durée, la permanence, l’étendue géographique et l’ampleur, le degré de risque, l’irréversibilité et les synergies possibles entre les effets.
  4. Détermination des options en matière d’amélioration ou d’atténuation pour informer les négociateurs. L’EE a pour objet de déterminer, dans un premier temps, les options ou mesures stratégiques possibles qui pourraient s’imposer afin d’atténuer les incidences négatives potentielles et de renforcer les incidences positives potentielles qui pourraient découler de l’accord proposé.

Le processus d’EE comprend également des consultations auprès du public, des représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux et du Groupe consultatif sur l’évaluation environnementale (GCEE) non gouvernemental. Le GCEE comprend des personnes provenant du secteur des affaires, des milieux universitaires et des organisations non gouvernementales (ONG). Le Groupe fournit des conseils en son propre nom sur le processus d’EE appliqué par Affaires mondiales Canada. Au terme de chaque étape d’évaluation (c.‑à‑d. évaluation initiale, évaluation préliminaire et évaluation finale), les EE sont transmises aux représentants provinciaux et territoriaux ainsi qu’au GCEE pour solliciter leur rétroaction avant d’être publiées afin de recueillir les commentaires du public.

Une EE finale sera publiée une fois que les négociations auront été menées à bien. Au besoin, elle comprendrait un examen de toute analyse subséquente réalisée et recensera les commentaires reçus en réponse à l’EEI des effets environnementaux potentiels de l’Accord sur le Canada. L’EE finale devrait aussi indiquer dans quelle mesure les considérations environnementales peuvent avoir influencé les négociations de l’ALE.

À la suite de la conclusion du rapport d’EE finale, on pourrait assurer, s’il y a lieu, un suivi et une surveillance afin d’examiner toute mesure d’atténuation ou d’amélioration qui serait recommandée ultimement par ce rapport. Des activités de contrôle et de suivi peuvent être réalisées en tout temps durant la mise en œuvre d’un accord commercial conclu, de façon à mesurer l’exécution de ses dispositions d’un point de vue environnemental.

Annexe C – Historique du cadre des effets environnementaux

Dans l’ensemble, les incidences nettes d’un ALE sur l’environnement au Canada sont déterminées par les trois forces concurrentes, chacune ayant une valeur relative unique : l’effet d’échelle (incidence négative), l’effet de composition (incidence ambiguë) et l’effet technique (incidence positive). L’effet d’échelle et l’effet technique tendent à prendre des directions opposées, tandis que l’effet de composition dépend de l’essor ou du recul des secteurs à forte production d’émissions. De façon générale, les répercussions des échanges dépendent de l’ampleur ou de la force de chacun de ces trois effets.

Les indicateurs environnementaux utilisés pour l’analyse comprennent les émissions de GES, la consommation d’énergie provenant de combustibles fossiles et l’utilisation de l’eau. En matière d’émissions de GES, l’analyse prend en compte autant le niveau et l’intensité directs en 2015 de trois des principaux gaz à effet de serre : le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O). Le niveau d’émissions mesuré est exprimé en kilotonnes d’équivalent dioxyde de carbone (kt éq. CO2) et leur intensité est mesurée en kilotonnes d’équivalent dioxyde de carbone par million de dollars de production (Kt éq. CO2/1 000 000 $). Les sources d’émissions se composent de 16 types différents de combustibles : le charbon, le gaz naturel, l’essence automobile, le diesel, le carburant aviation, le mazout léger (dont le kérosène), le mazout lourd, le gaz de combustible de raffinerie, le gaz de cokerie, les gaz de pétrole liquéfiés (dont les liquides de gaz naturel), l’électricité, le coke, la vapeur, le bois et la lessive de pâte épuisée.

En ce qui concerne la consommation d’énergie, l’analyse est fondée sur le niveau de 2015 et l’intensité directe de la consommation d’énergie qui sont associés à l’utilisation et à la production de charbon, de gaz naturel, d’essence automobile, de diesel, de carburant aviation, de mazout léger (dont le kérosène), de mazout lourd, de gaz de combustible de raffinerie, de gaz de cokerie, de gaz de pétrole liquéfiés (dont les liquides de gaz naturel), d’électricité, de coke, de vapeur, de bois et de lessive de pâte épuisée. L’énergie a été mesurée en térajoules (TJ), et les intensités sont mesurées en térajoules par million de dollars (TJ/1 000 000 $).

L’utilisation de l’eau renvoie à l’utilisation de l’eau à des fins agricoles, industrielles et municipales, y compris l’irrigation agricole, la pluie dans les secteurs de l’agriculture et de la foresterie ainsi que la génération d’énergie hydroélectrique. L’intensité de l’utilisation de l’eau est, elle, exprimée en mètres cubes par dollar de production, suivant les dernières données disponibles, soit celles de 2015.

Bibliographie

Date de modification: