Plan d'action national du Canada pour les femmes, la paix et la sécurité - Rapport d’étape 2021-2022 du ministère de la Justice
Le ministère de la Justice appuie le ministre de la Justice dans tout ce qui est fait pour que la société canadienne soit juste, respectueuse des lois et pourvue d’un système de justice accessible, efficace et équitable; pour fournir des services juridiques au gouvernement ainsi qu’aux divers autres ministères ou organismes de l’administration fédérale; et pour promouvoir le respect des droits et libertés, de la loi et de la Constitution.
Par l’entremise de la section des programmes juridiques internationaux, le Ministère contribue au développement international en jouant auprès d’Affaires mondiales Canada et d’autres ministères un rôle de conseiller stratégique sur des questions relatives au droit et au développement, lorsqu’il y est invité; de même qu’en concevant et en mettant en œuvre des projets d’assistance juridique technique avec le soutien financier d’Affaires mondiales Canada.
De façon générale, conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies et à d’autres résolutions connexes concernant les femmes, la paix et la sécurité, de même qu’à sa politique interne sur l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS Plus), le Ministère s’engage à intégrer les considérations relatives à l’égalité entre les genres dans chaque aspect de son travail en matière de développement.
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Priorités
Dans son rôle de conseiller en stratégie et tout au long du processus d’élaboration des politiques, le Ministère s’efforcera plus précisément de déterminer les incidences que les actions envisagées pourraient avoir sur l’ensemble du système de justice ainsi que sur l’accès à la justice des groupes vulnérables, dont les femmes et les jeunes filles.
Lors de la conception de projets, il s’assurera que :
- les considérations relatives à l’égalité des genres sont prises en compte dès l’évaluation des besoins d’assistance
- les personnes de tous les genres ont l’occasion de participer aux consultations
- des renseignements généraux sur la situation des femmes et des filles dans le pays cible sont recueillis
- des points d’accès possibles sont identifiés dans le but de promouvoir l’accès des femmes à la justice
Lors de la mise en œuvre de projets, il s’assurera de :
- déterminer si les réformes envisagées dans le cadre d’un projet sont susceptibles d’avoir des conséquences différentes pour les hommes et pour les femmes
- ventiler selon le genre, dans la mesure du possible, les renseignements relatifs aux activités du projet
- prendre en considération l’équilibre entre les genres dans les diverses activités du projet, dont la formation
- rendre compte des réalisations du projet en matière d’égalité des genres
Les questions précises pour lesquelles le ministère tiendra compte des considérations relatives à l’égalité des genres dépendront principalement de la nature et de l’étendue de l’aide demandée par le pays partenaire, puisqu’en vertu de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement, le pays aidé reste maître de ses priorités.
Cela étant dit, dans ses conseils, son développement de politiques et de programmes et dans ses activités de projets, le ministère de la Justice sera toujours attentif au fait que les sujets suivants sont au nombre de ceux qui présentent un intérêt particulier pour les femmes :
Violence familiale
Les violences intrafamiliales constituent dans bien des pays un problème important.
Dans le cadre de l’élaboration de politiques et de programmes sur la violence familiale, le ministère est en mesure non seulement de contribuer à l’analyse des aspects purement juridiques du problème, mais aussi de promouvoir une approche globale qui reflète la complexité du phénomène.
Détermination de la peine
L’emprisonnement n’a pas les mêmes répercussions pour les femmes que pour les hommes. Une grande majorité des femmes détenues sont des mères, et la plupart d’entre elles assurent seules l’entretien et l’éducation des enfants. Dans la plupart des cas, l’emprisonnement d’une mère a donc sur les enfants un effet que celui d’un père n’a pas.
Le ministère peut, en matière d’élaboration de politiques, apporter à toute entreprise de réforme s’intéressant au recours à l’incarcération, aux mesures non privatives de liberté ou au droit criminel en général de vastes connaissances et une perspective fondée sur l’égalité des genres. Il peut notamment promouvoir le respect des Règles des Nations Unies concernant le traitement des détenues et l’imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes (Règles de Bangkok).
Justice pour mineurs
Les considérations relatives au genre des personnes sont également importantes dans le domaine de la justice des mineurs. Il convient de noter que le traitement des délinquantes âgées de moins de 18 ans est une question qui tend à recevoir encore moins d’attention que celle du traitement des délinquantes adultes ou des jeunes délinquants de sexe masculin.
Comme il a une connaissance approfondie des questions liées aux jeunes délinquants, le ministère de la Justice peut aider à élaborer un système de justice pour mineurs qui tient compte des différences entre les genres et qui respecte les exigences internationales, y compris :
- la Convention relative aux droits de l’enfant
- l’Ensemble de règles minima des Nations Unies concernant l’administration de la justice pour mineurs (Règles de Beijing)
- les Règles des Nations Unies concernant le traitement des détenues et l’imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes (Règles de Bangkok)
Accès à la justice
Il n’est pas rare que des obstacles sociaux ou institutionnels entravent l’accès des femmes à la justice.
Le ministère, grâce à son expertise sur des sujets tels que les régimes d’assistance juridique, le traitement des témoins, l’aide aux victimes et les relations entre le système de justice et les populations autochtones, peut contribuer à l’élaboration de réformes visant à éliminer ou à réduire ces obstacles.
Droit et pauvreté
Les infractions commises par des femmes sont souvent étroitement liées à la pauvreté et visent dans bien des cas à assurer la subsistance de leur famille. La pauvreté aggrave les difficultés d’accès à la justice pour les populations marginalisées et mal desservies, y compris les femmes.
Le ministère peut contribuer utilement à toute discussion relative au lien entre droit et pauvreté.
Violence sexuelle commise en tant que crime international
Par l’intermédiaire de sa Section des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, le Ministère appuie les enquêtes et les poursuites portant sur les actes de violence sexuelle commis comme moyen de guerre ou comme acte de génocide contre les filles et les femmes. Une personne a été reconnue coupable et condamnée à la prison à vie en vertu de la Loi sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, L.C. 2000, ch. 24, pour avoir commis un génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, dont de nombreux actes de violence sexuelle contre des femmes tutsies. [R. c. Munyaneza, 2009 QCCS 4865 – CanLII]
Le Ministère reconnaît que les filles et les femmes sont plus vulnérables face aux crimes de guerre. Elles sont plus susceptibles d’être victimes d’actes de violence sexuelle commis en tant que moyen de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. De plus, les actes de violence sexuelle ont d’énormes répercussions sur les femmes. Elles peuvent être mises enceintes de force ou être infectées de diverses maladies transmissibles sexuellement, comme le VIH. De plus, certaines cultures rejettent les femmes victimes d’une agression sexuelle, et d’autres ne permettent pas à celles-ci de parler de leur victimisation. Le Ministère continuera d’appuyer les enquêtes et les poursuites liées à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité.
Budget
À la lumière du fait que le ministère de la Justice ne fournit une aide technique aux pays étrangers qu’à la demande d’Affaires mondiales Canada, et uniquement si ce ministère lui fournit une aide financière, la mesure dans laquelle le Ministère participe à la mise en œuvre du PAC sur les femmes, la paix et la sécurité sera déterminée par le nombre et la portée des projets qu’Affaires mondiales Canada finance.
Indicateurs
Conseil stratégique et élaboration de politiques
- Prise en compte de la mesure dans laquelle les mesures envisagées ont des répercussions potentielles sur l’ensemble du système de justice et sur les groupes vulnérables.
Conception de projet
- Nombre de critères utilisés pour examiner les facteurs liés au genre dans l’évaluation des besoins d’assistance
- Mesure dans laquelle les personnes de tous les genres ont eu l’occasion de participer aux consultations
- Nombre et pertinence des sources d’information consultées au sujet de la situation des femmes et des filles dans le pays cible
- Établissement d’une liste des obstacles que les femmes peuvent rencontrer dans l’accès à la justice
Mise en œuvre du projet
- Établissement d’une liste de sujets susceptibles d’avoir un effet différent selon le genre
- Répartition selon le genre des informations relatives aux activités des projets
- Mention dans les comptes rendus remis à Affaires mondiales Canada des résultats obtenus dans les projets liés aux genres
Conclusion
Le ministère de la Justice s’efforcera de contribuer aussi largement que possible à la mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité. À cette fin, il pourrait notamment concevoir des programmes pour les femmes dans les États fragiles.
Activités réalisées
Justice Canada a continué de travailler en étroite collaboration avec avec des réseaux et des organisations pour faire avancer les questions relatives aux femmes et faire la promotion de l’ODD 5 (l’égalité des genres) et de l’ODD 16 (sociétés pacifiques, justes et inclusives) sur la scène internationale. Au cours du dernier exercice, Justice Canada a participé à divers événements visant à promouvoir l'égalité des genres et l'accès des femmes à la justice, notamment en participant au rassemblement de haut niveau sur l’accès à la justice pour les femmes coorganisé par « Elders & Pathfinders State of Hope» et au premier appel trimestriel sur la justice pour les femmes organisé par Pathfinders en mars 2022.
Justice Canada a continué de contribuer à, ou à diriger, plusieurs initiatives nationales qui promeuvent et protègent les droits fondamentaux des femmes et des filles et l'égalité des genres, notamment les suivantes :
- Aider les familles autochtones à s’orienter dans le système de justice familiale (Programme d’assistance parajudiciaire aux Autochtones) et à accéder à des services de médiation familiale communautaires (Programme de justice autochtone).
- Veiller à ce que les familles des femmes et des filles disparues ou assassinées au Canada aient accès à tous les renseignements disponibles qu’elles recherchent auprès des organismes gouvernementaux au sujet de leur proche disparu ou assassiné par l'intermédiaire des Unités de liaison pour l’information à l’intention des familles (ULIF). Ces Unités aident les familles à surmonter les nombreux obstacles systémiques et structurels qui entravent leur capacité à obtenir des informations actualisées de la part des agences et des secteurs gouvernementaux, et veillent à ce qu'elles soient mises en contact avec tous les soutiens disponibles en matière de deuil et de guérison.
- Fournir des fonds pour soutenir les projets pilotes des centres de justice communautaire (CJC) en Colombie-Britannique. Les CJC réunissent les services de justice, de santé et les services sociaux afin de s'attaquer aux causes profondes du crime, d’offrir une solution de rechange à l’incarcération aux personnes accusées d’infractions non violentes et les mettre en relation avec des soutiens sociaux. Grâce à l'intégration de services culturellement adaptés, les CJC peuvent contribuer à réduire la surreprésentation des personnes autochtones et des Canadiens noirs dans le système de justice pénale et apporter des solutions aux problèmes systémiques.
- Élaborer une série de cours en ligne sur les modifications apportées à la Loi sur le divorce et à d'autres lois fédérales liées au droit de la famille, qui visent à renforcer l’accès à la résolution des conflits familiaux et les devoirs des parties, l'éducation des enfants, le déménagement et les pensions alimentaires interjuridictionnelles. Ces publications comprennent une trousse d’outils AIDE : Comment repérer les cas de violence familiale et intervenir pour les conseillères et conseillers juridiques en droit de la famille.
- Extension du financement à l'ensemble des provinces et territoires afin de soutenir des projets qui permettent aux victimes d'infractions sexuelles et de violence conjugale de bénéficier de conseils juridiques indépendants et d'une représentation juridique indépendante.
- Partenariats pour des projets qui aident les victimes de violence entre partenaires intimes à accéder au système de justice et à s'y retrouver, et qui améliorent les réponses du système de justice à ce type de violence.
- Financement aux provinces et territoires afin de leur permettre de fournir des services de supervision du temps parental et de transferts afin de préserver la sécurité et le bien-être des enfants et des familles.
- Organiser des événements de renforcement des connaissances et de sensibilisation pour mieux faire connaître les expériences des femmes et des filles en tant que victimes/survivantes d'actes criminels, leurs expériences et leurs droits au sein du système de justice pénale, ainsi que les services disponibles pour les aider. Ces événements ont été organisés virtuellement, notamment dans le cadre de l'initiative nationale annuelle de la Semaine des victimes et des survivants d'actes criminels du ministère en novembre 2021.
- En 2021, l'ancien projet de loi C-3, qui était un projet de loi modifiant la Loi sur les juges et le Code criminel, a adopté des dispositions obligeant les nouveaux juges des cours supérieures provinciales à participer à une formation sur les enjeux juridiques des agressions sexuelles et sur le contexte social après leur nomination. La formation sur le contexte social vise à améliorer la sensibilisation et la connaissance des réalités des accusés et des victimes afin de s'assurer que les préjugés, les mythes et les stéréotypes personnels ou sociétaux n'influencent pas la prise de décision judiciaire.
- Justice Canada continue de mettre en œuvre une approche intersectionnelle ACS Plus dans tous ses domaines de travail. L'application d'une optique ACS Plus aux initiatives menées par Justice soutient les objectifs de l'ODD 16 en favorisant la prise en compte des incidences sur le genre et la diversité afin d'accroître les résultats inclusifs qui sont adaptés aux besoins de divers groupes. La mise en œuvre opportune et cohérente d'une approche ACS Plus permet d'identifier les obstacles existants, d'améliorer l'accès à la justice et de contribuer à ce que tous les Canadiens se sentent inclus, soutenus et en sécurité.
Résultats et progrès
Conseils stratégiques
Le ministère de la Justice du Canada fournit des conseils juridiques aux ministères clients, y compris ceux dont le mandat consiste à aider les États fragiles et touchés par les conflits au cours de la période visée par le rapport. La contribution du ministère de la Justice serait reflétée dans le contexte des progrès globaux indiqués par ces ministères.
L'un des principaux obstacles à la réalisation du mandat de Justice Canada, notamment en ce qui concerne le Programme femmes, paix et sécurité, est le manque de données désagrégées sur le secteur de la justice qui permettraient de prendre des décisions fondées sur des données probantes. Justice Canada poursuit un certain nombre d'initiatives visant à collecter des données qui nous aideront à comprendre la nature des problèmes auxquels différentes personnes sont confrontées et les voies qu'elles empruntent pour les résoudre. L'Enquête canadienne sur les problèmes juridiques (ECPJ), qui a été publiée en janvier 2022, en est un exemple. Cette enquête a permis de recueillir des données sur la prévalence et la nature des problèmes juridiques graves au Canada, ainsi que sur la résolution de ces problèmes et la manière dont ils ont été résolus. La possibilité de ventiler les données a permis d'obtenir une image plus claire de la façon dont différentes populations, y compris les femmes, vivent les problèmes juridiques. En complément de l’enquête quantitative, Justice Canada a également mené une série d’études qualitatives afin d’enrichir sa compréhension des expériences d’un certain nombre de populations minoritaires, notamment les immigrants, les Canadiens noirs, les Autochtones, les personnes handicapées et les membres de la communauté LGBTQ2.
Conception de projets
Le ministère de la Justice n’a mené aucune évaluation des besoins d’aide ni élaboré de projets ou de propositions de projets dans le contexte des États fragiles ou touchés par les conflits pendant la période visée par le rapport.
Comme ci-dessus, le progrès serait mesuré par les indicateurs des ministères clients plus directement engagés dans l’aide aux États fragiles ou touchés par des conflits.
Mise en œuvre de projets
Le ministère de la Justice Canada a fourni une assistance technique à des pays étrangers à la demande de et avec le soutien financier d'Affaires mondiales Canada. Parallèlement, le rôle de leadership plus large de Justice Canada, exercé de concert avec des partenaires internationaux, a donné lieu à d'importantes recherches, notamment le rapport Justice pour tous, et à la création de réseaux clés, tels que le Partenariat pour un gouvernement ouvert (PGO), qui servent à promouvoir l'égalité des genres et l'inclusion telles qu'exprimées par le Programme 2030 de l'ONU et en particulier l'Objectif de développement durable 16 (Sociétés pacifiques, justes et inclusives).
Avec une plus grande attention étant accordée aux efforts nationaux, Justice Canada a également travaillé de concert avec de nombreux intervenants nationaux tels que le Comité d'action national sur l'accès à la justice en matière civile et familiale et des partenaires, y compris les provinces et les territoires, pour faire progresser une approche à la justice axée sur l’éradication des discriminations de tous types et la suppression des obstacles qui entravent l’accès à la justice.
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