Débat de l'AGNU sur l'initiative du veto concernant la résolution du Conseil de sécurité sur les armes de destruction massive dans l'espace extra-atmosphérique
Le 6 mai 2024
Discours du chef de mission – tel qu'il a été prononcé.
Merci Monsieur le Président,
Si nous nous réunissons aujourd’hui, c’est que la Fédération de Russie a une fois de plus abusé cyniquement de son droit de veto au Conseil de sécurité.
Cette fois-ci, et rappelons que nous étions ici il y a tout juste une semaine, la Russie a empêché l’adoption d’un projet de résolution au Conseil de sécurité, dirigé avec compétence par les États-Unis et le Japon, visant à prévenir une course aux armements nucléaires dans l’espace extra-atmosphérique. Une bonne idée, assurément.
Réfléchissons un instant.
Aux conséquences pour l’humanité de l’explosion d’une arme de destruction massive au-dessus de nos têtes.
Au fait qu’un membre permanent du Conseil de sécurité disposant d’un arsenal nucléaire est prêt à envisager un tel scénario.
Le projet de résolution auquel la Russie a opposé son veto nous invitait toutes et tous à veiller à ce que l’espace extra-atmosphérique soit utilisé à des fins entièrement pacifiques. Il nous invitait toutes et tous à respecter la Charte et le droit international dans l’espace extra-atmosphérique.
Est-il surprenant que la Russie, qui méprise tant la Charte des Nations Unies sur terre, s’oppose à son application dans l’espace?
La Russie déclare – et je cite le compte officiel de sa mission permanente sur les médias sociaux – ce qui suit : « Le recours au veto lui-même ne doit pas être critiqué, mais bien la réticence de certains États membres de l’ONU à entendre et à prendre en compte les points de vue des autres pour trouver des compromis et des solutions équilibrées. »
D’après ce que nous comprenons, les États-Unis et le Japon ont mené un processus de négociation approfondi et transparent qui s’est étendu sur plusieurs semaines.
Treize membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur du projet de résolution, ce qui témoigne de la qualité de ce processus. La Russie a été la seule à le bloquer.
Soixante-cinq États membres de tous les groupes régionaux ont coparrainé le projet de résolution, ce qui témoigne du sérieux que nombre d’entre nous attachent à cette question cruciale.
La Russie est la seule à s’opposer à nos souhaits.
Monsieur le Président,
Le Canada regrette profondément que cette résolution, qui visait à maintenir et à réaffirmer les engagements existants énoncés dans le traité sur l’espace extra-atmosphérique, ait fait l’objet d’un veto.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie a une responsabilité particulière dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, responsabilité qu’elle n’a pas assumée dans ce cas précis et dans d’autres.
La Russie appelle à la négociation d’un instrument juridiquement contraignant pour empêcher l’implantation d’armes dans l’espace. Pourtant, dans le même temps, elle bloque une résolution affirmant la seule obligation existante de ne pas placer d’armes - les armes les plus destructrices - en orbite.
En toute honnêteté, sa position n’a pas de sens.
La Russie tente également de détourner l’attention en se concentrant sur un traité. Le Canada et d’autres pays ont clairement indiqué qu’un traité interdisant les armes dans l’espace devait avoir un champ d’application, des définitions et une méthode de vérification.
Les propositions de la Russie et de la Chine ne contiennent pas ces éléments. Si l’on ajoute à cela le veto de la Russie et l’abstention de la Chine, il apparaît clairement que ces deux pays ne sont pas intéressés par un véritable désarmement dans l’espace.
Monsieur le Président,
Pour que les traités et les lois soient efficaces, il faut un certain degré de confiance dans le fait que les États respecteront leurs obligations.
Que nous dit la Russie lorsqu’elle ne peut accepter un projet de résolution qui ne fait que réaffirmer des engagements internationaux existants qu’elle doit déjà respecter?
Par ses actes et ses paroles, la Russie nous dit clairement qu’elle se croit au-dessus de la loi. Elle nous demande de croire qu’elle croit en un traité alors qu’elle ne croit même pas en une résolution.
Monsieur le Président, il est peut-être temps pour la Russie de redescendre sur terre.
Merci.
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