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Voix et leadership des femmes : défendre un avenir égal dans le contexte de la COVID-19


Le Canada est un allié des organisations et des mouvements de défense des droits des femmes. Il contribue à mieux faire entendre leur voix partout dans le monde en investissant 182 millions de dollars dans l’initiative Voix et leadership des femmes (VLF).

À l’instar de bon nombre de nos organismes de santé, d’éducation ou de services sociaux qui ont été submergés en raison des besoins accrus au Canada, les organisations de défense des droits des femmes ont elles aussi constaté une augmentation des demandes de la part de femmes qui ne sont pas en mesure d’acheter de la nourriture pour leur famille ou qui sont victimes de violence. Le financement souple de l’initiative VLF les aide à répondre à leurs besoins.

Au Canada et partout dans le monde, on estime que 1 femme sur 3 subira de la violence physique ou sexuelle au cours de sa vie. On note une recrudescence alarmante de la violence conjugale en raison de la pandémie de COVID-19. ONU Femmes a attribué cette augmentation à l’isolement des personnes avec leurs agresseurs, aux restrictions des déplacements, aux conditions de vie exiguës et aux préoccupations liées à la sécurité, à la santé et à l’argent.

La pandémie a mis en évidence le fardeau inégal porté par les femmes, plus particulièrement dans les pays du Sud.

En tant que travailleuses de la santé, soignantes et organisatrices communautaires, les femmes sont aux premières lignes de la crise de la COVID-19. Mais cette réalité fournit aussi une voie à suivre pour faire face à la pandémie et aux inégalités sous-jacentes, car les femmes sont des leaders communautaires efficaces.

C’est pour cette raison que l’initiative Voix et leadership des femmes (VLF) du Canada appuie les organisations locales qui font progresser les droits des femmes, plus particulièrement celles qui travaillent avec les femmes et les filles vulnérables et marginalisées, y compris les communautés 2ELGBTQI+.

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous vous présentons quatre femmes dynamiques dont les efforts sont soutenus par l’initiative VLF au Nigéria, au Honduras, au Sri Lanka et en Afrique du Sud. Qu’il s’agisse de renforcer le pouvoir des femmes en milieu rural, de lutter contre le danger, de donner la parole aux femmes dans leur communauté ou encore de leur offrir des voies pour sortir de la pauvreté, leur dévouement et leur militantisme changent des vies.

Vivian Efem-Bassey : Renforcer le pouvoir des femmes en région rurale pour qu’elles puissent défendre leurs droits au Nigéria

Vivian Efem-Bassey était encore très jeune quand elle a découvert le mouvement en faveur des droits des femmes et éprouvé le désir d’aider les autres. « À l’université, mon amie m’a fait découvrir l’aile jeunesse de Women in Nigeria, un des premiers mouvements féministes du Nigéria », explique-t-elle.

Vivian n’a pas choisi un chemin facile et a dû faire face à beaucoup de résistance au fil des ans, mais elle saisit toutes les occasions qui se présentent pour éduquer les gens.

« Mon père, à un moment donné, s’est inquiété du fait que je ne me marierais peut-être pas », dit-elle.

Vivian Efem-Bassey

Vivian Efem-Bassey

« C’est difficile d’être féministe et de défendre les droits des femmes au Nigéria », déclare Vivian, qui préfère se faire appeler par son prénom. Les gens pensent généralement que les féministes sont des femmes en colère, divorcées ou célibataires, qui ont une dent contre les hommes et qui cherchent à les émasculer et à prendre le pouvoir. Cependant, nous changeons la donne en les faisant participer à des interventions connexes qui les éclairent et qui les aident à comprendre pourquoi nous devrions tous être des féministes. »

La passion et la volonté de Vivian d’encourager les gens se poursuivent encore aujourd’hui, puisqu’elle est maintenant coordinatrice du projet Voix et leadership des femmes – Nigéria (VLF – Nigéria) pour ActionAid Nigéria. Ce projet est mené de concert avec quelque 120 organisations de défense des droits des femmes, dont 72 sont des organisations à l’échelle communautaire.

« Plusieurs de ces organisations de défense des droits des femmes sont situées dans des communautés rurales et s’attaquent aux problèmes de la violence sexuelle et fondée sur le genre, explique Vivian. Elles apportent un soutien aux victimes de violence sexuelle et sexiste. L’idée est qu’une fois que les femmes sont économiquement autonomes, elles peuvent couper les liens avec leurs agresseurs et devenir indépendantes. »

« Il s’agit de partir pour pouvoir vivre », ajoute-t-elle.

Pour beaucoup de femmes, la situation économique s’est aggravée pendant la pandémie de COVID-19 et le confinement qui en a découlé. Mais la pandémie a aussi été une occasion de donner du pouvoir aux personnes vulnérables.

« Mon exemple préféré est celui des petits commerçants de marchés de l’État de Lagos », explique Vivian.

« Ce sont des femmes qui vendent leurs marchandises au bord de la route ou au marché. Lorsque la pandémie a frappé et que le confinement a été imposé dans l’État, leurs petites entreprises se sont retrouvées au point mort. Ces femmes vivaient auparavant de leurs bénéfices quotidiens, et ceux-ci venaient de disparaître. »

Vivian explique que, comme presque dans tous les pays du monde, la plupart des échanges commerciaux ont d’un seul coup commencé à se faire sur Internet, mais que ces femmes n’avaient aucune idée de la manière de procéder. Certaines étaient coincées à la maison avec des partenaires violents, sans endroit où aller et sans revenu quotidien.

« Lorsque l’espace physique s’est fermé, tout le monde est allé en ligne sur Instagram ou sur Facebook, mais ces femmes ne savaient pas comment le faire, explique Viviane. Grâce au projet VLF – Nigéria, nos partenaires les ont formées une fois le confinement levé et leur ont fourni les informations et les compétences nécessaires pour commencer à vendre en ligne, même si c’est seulement par SMS ou sur l’appli WhatsApp. Cela a élargi leur base de clients, et elles sont maintenant mieux préparées. »

« Ces femmes ont un certain pouvoir, déclare Vivian. Elles sont informées, elles savent ce qu’elles font et elles ont les connaissances nécessaires pour défendre leurs droits. »

Selon Vivian, l’initiative Voix et leadership des femmes et la Politique d’aide internationale féministe du Canada s’inscrivent dans sa propre mission et son propre dynamisme, ce qui l’encourage à en faire encore plus.

Cristina Alvarado : Lutter contre les dangers et la discrimination au Honduras

Cristina Alvarado a connu très tôt les conditions sociales qui rendent les femmes vulnérables à la violence dans son pays natal, le Honduras, puisqu’elle a été agressée sexuellement par son beau-père à l’adolescence. Elle s’est enfuie de chez elle sans l’aide de sa mère, qui était elle-même victime de violence conjugale, et se sentait impuissante dans la lutte contre la culture du danger et de la discrimination auxquels étaient exposées les femmes tout autour d’elle.

Aujourd’hui, elle ne se sent plus impuissante.

Christina Alvarado

Christina Alvarado

Mme Alvarado a une formation de travailleuse sociale et de thérapeute. Elle est devenue, dans la trentaine, une féministe engagée. « J’ai commencé à comprendre la situation qui laisse les femmes aux prises avec des inégalités dans cette société, se rappelle-t-elle. J’ai réussi à me guérir et à renouer avec ma mère. »

Elle s’est jointe au mouvement des femmes pour la paix Visitación Padilla, une organisation qui encourage et protège les droits des femmes et des filles honduriennes dont la vie a été touchée par la violence. Le mouvement a choisi son nom pour reconnaître Visitación Padilla, une éducatrice et militante féministe du pays au début des années 1900.

Mme Alvarado dirige maintenant un programme qui fournit une aide juridique et émotionnelle aux survivantes de « violencia machista », ou violence fondée sur le genre. Elle conseille les survivantes et défend leur cause dans les forums nationaux, en plus d’attirer l’attention sur les niveaux élevés de féminicide, c’est-à-dire les meurtres de femmes en raison de leur genre, que connaît le pays.

La pandémie de COVID-19 et les deux ouragans qui ont frappé le Honduras l’année dernière ont fait augmenter fortement les niveaux de violence envers les femmes, affirme Mme Alvarado. En 2020, il y a eu 103 063 appels d’urgence liés à la violence conjugale, dont « seul un petit nombre a abouti à des plaintes et à des condamnations pénales ». Elle fait remarquer que du 1er janvier au 15 février de cette année, 33 femmes ont été brutalement assassinées au Honduras.

Mme Alvarado a aidé des survivantes de violence comme Nancy, qui dit avoir finalement quitté une relation violente de neuf ans après que Mme Alvarado « m’a aidée à découvrir ma valeur, mon potentiel, mon cœur et ma lumière. » Mme Alvarado explique que Nancy et elle se sont rencontrées virtuellement en raison du confinement lié à la COVID-19, et elle fait remarquer que la présence numérique de l’organisation a été renforcée grâce au projet VLF – Honduras, un projet mis en œuvre par Oxfam-Québec. VLF fournit ses conférences et ateliers en ligne et fait la promotion du « cyber-militantisme » des jeunes féministes qui ont reçu une formation sur la violence, le leadership féministe et l’utilisation des médias sociaux.

Mme Alvarado espère que les relations étroites entre le Canada et le Honduras permettront un « apprentissage mutuel » entre les deux pays. Elle trouve encourageant d’entendre les voix émergentes d’une nouvelle génération de femmes honduriennes, et de voir apparaître de nouvelles façons de penser qui respectent la diversité et renforcent la capacité des femmes à « changer nos vies ».

Bien que Mme Alvarado soit optimiste, il y a encore d’horribles journées, comme celle de début février, où 5 femmes victimes de violence conjugale ont été retrouvées mortes.

« La situation est difficile, admet-elle. Mais la dernière chose que je perdrai, c’est l’espoir. »

Aneesa Firthous : Donner une voix aux femmes du Sri Lanka

En tant qu’enseignante de niveau primaire au Sri Lanka, Aneesa Firthous a pu observer la mesure dans laquelle les mères de ses élèves luttaient contre l’insécurité économique, l’isolement social et la discrimination juridique. Animée du désir d’aider sa communauté musulmane de Kattankudy, dans le district de Batticaloa à l’est du pays, elle a cofondé en 2000 un groupe qui se consacre à redresser la situation.

Aneesa Firthous

Aneesa Firthous

Trois ans plus tard, Mme Firthous a enregistré son groupe à titre d’organisation officielle, l’Association des femmes islamiques pour la recherche et l’autonomisation (IWARE), et s’est attelée à aider les femmes et les filles confrontées à « un problème à la suite de l’autre », se souvient-elle. Ces problèmes allaient du tsunami de 2004 dans l’océan Indien, qui a entraîné d’importantes difficultés alors que des quartiers entiers de Kattankudy étaient dévastés et réinstallés, aux attentats à la bombe du dimanche de Pâques de 2019 commis par des extrémistes islamiques, qui ont ostracisé les familles des terroristes présumés de la ville.

Mme Firthous a quitté son emploi en 2012 pour se consacrer entièrement à IWARE. Elle est aujourd’hui présidente de l’organisation, qui fait campagne pour des réformes progressistes au Sri Lanka. Par exemple, elle fait pression depuis 10 ans pour modifier la Muslim Marriage and Divorce Act (Loi musulmane sur le mariage et le divorce), la principale loi régissant le mariage et les questions familiales dans les communautés musulmanes du pays, qui date de 1951. Cette loi fixe l’âge « nubile » des femmes à 12 ans, n’exige pas le consentement des épouses pour se marier et n’autorise pas les femmes à être juges, jurées ou autres représentantes au Quazi, le tribunal de la famille.

« Les femmes n’ont pas de voix et ne peuvent faire valoir leurs droits », explique Mme Firthous. Selon elle, le problème pour beaucoup de femmes est qu’elles se marient et ont des enfants quand elles sont jeunes, puis sont abandonnées par leur mari. Ces femmes se retrouvent alors sans éducation et inaptes au travail.

Mme Firthous explique que le plaidoyer de IWARE en faveur de réformes de la Loi a connu un certain succès, puisque le gouvernement devrait faire une annonce prochainement à ce sujet. Elle est reconnaissante du soutien fourni par VLF dans ce dossier et dans d’autres. L’initiative aide IWARE à former des bénévoles qui sont des « artisans du changement » selon des perspectives islamiques progressistes, offrant aux femmes et aux filles de Kattankudy un soutien affectif et social. Ces « amies » mettent surtout l’accent sur les activités de lutte contre la radicalisation dans la communauté, déclare Mme Firthous.

Elle est également reconnaissante des encouragements prodigués par son mari et sa famille élargie concernant son militantisme, et elle est particulièrement inspirée par sa fille de 23 ans qui étudie pour devenir avocate, avec une spécialisation sur les droits de la personne.

IWARE fait face à des critiques et des menaces en raison de son leadership progressiste, indique Mme Firthous. De plus, la crise de COVID-19 a entraîné des défis importants : elle a réduit le nombre d’emplois informels pour les femmes, fait augmenter la violence conjugale et provoqué l’abandon scolaire chez les filles. VLF fournit des fonds à IWARE pour que l’organisation puisse sensibiliser la population à la sécurité dans le contexte de la COVID-19, distribuer des trousses d’hygiène et fournir des allocations aux femmes les plus touchées.

Mme Firthous est fière que son organisation puisse « aider les femmes à être fortes » et qu’elle aborde différentes perspectives sociales, contribue à de nouvelles mentalités et gagne une présence politique. « Nous nous réjouissons à l’idée de connaître encore plus de succès », dit-elle.

Ncazelo Nucbe-Mlilo : Raconter une seconde histoire pour guérir à la suite d’un traumatisme, de violence ou d’abus

Ncazelo Nucbe-Mlilo travaille avec une équipe de thérapeutes, de psychologues et de travailleurs sociaux en Afrique du Sud pour aider les personnes qui ont traversé des périodes difficiles à retrouver espoir.

« Nous les aidons à découvrir ce que nous appelons la seconde histoire de leur vie, une histoire qui peut leur donner la force nécessaire pour continuer. Nous reconnaissons leurs difficultés, mais les guidons dans une phase de réveil du sens de soi. »

Ncazelo Nucbe-Mlilo

Ncazelo Nucbe-Mlilo

Mme Nucbe-Mlilo affirme avoir observé beaucoup d’exemples de réussites dans sa vie, mais un exemple se démarque plus particulièrement.

« La première fois que Sarah est venue à l’une de nos séances, je ne pouvais même pas voir ses yeux; elle souffrait de maltraitance dans sa vie et luttait contre les effets connexes. Elle avait vécu beaucoup de difficultés et se sentait vraiment désemparée et désespérée. En tant que mère célibataire, elle luttait également contre la pauvreté. »

Le parcours de Sarah a consisté à suivre 10 séances du programme Phola COURRAGE, mis au point en 2014.

« Elle a rapidement trouvé sa voix et commencé à comprendre qu’elle était une survivante et que sa vie était remplie de possibilités, explique Mme Nucbe-Mlilo. Elle a commencé à comprendre qu’elle n’était pas seule et qu’elle avait des relations importantes dans sa vie, relations qui l’ont aidée à survivre aux épreuves et aux abus. »

Selon Mme Nucbe-Mlilo, l’histoire de Sarah a ramené celle-ci à sa relation avec sa grand-mère, une femme forte qui a élevé seule 12 petits-enfants.

« Elle a donné tant de sa vie et fait tant de sacrifices », a déclaré Sarah, qui s’est donc mise à penser ceci : « Ma grand-mère m’a tant donné et elle avait tant de rêves pour moi. Je veux prendre soin de moi. Pendant longtemps, j’ai accumulé de la colère et cela m’a détruite. J’ai toujours pensé aux violences et aux difficultés, mais maintenant je vois tant de beauté dans ma vie. »

Mme Nucbe-Mlilo dit que la fille de Sarah fait maintenant partie de l’équipe qui aide les autres femmes. Elle décrit cette situation comme l’histoire remarquable de quelqu’un qui a surmonté des difficultés.

« Pour moi, cette histoire se démarque parce que j’ai une image très nette de sa situation au début et de la transformation qu’elle a vécue. »

Mme Nucbe-Mlilo dit que la méthode de l’équipe reconnaît les connaissances et les compétences des personnes qui ont été touchées par des traumatismes et des difficultés.

« Nous les aidons à se faire entendre, à être les auteures de leurs propres histoires et à résoudre les problèmes qui leur posent des difficultés. Nous croyons vraiment à la communauté, aux liens sociaux et à la lutte contre la culpabilité et la honte qui accompagnent la violence et les traumatismes, car cela les aide à trouver des moyens de sortir de la pauvreté. »

Grâce à un financement de l’initiative Voix et leadership des femmes, l’équipe de Mme Nucbe-Mlilo a pu prendre de l’expansion en adoptant une démarche narrative et joindre les femmes et les filles qui ont subi des violences fondées sur le genre.

« Nous avons transformé des roulottes en unités de counseling mobiles afin que ces femmes et ces filles n’aient pas à lutter pour obtenir l’aide dont elles ont besoin. Nous nous rendons dans leur espace et leur école, ainsi que dans les foyers et les communautés pour femmes, afin de pouvoir être là pour les aider à surmonter les obstacles. »

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