Leçons sur la puberté : Au Vietnam et au Népal, des adolescentes et des adolescents s’informent sur la sexualité grâce à des sketches et à des jeux-questionnaires
L’éducation sur la santé sexuelle et reproductive est un sujet important, mais sensible, pour Tram, 15 ans, élève à l’école secondaire Nguyen Trai, dans la province vietnamienne de Son La. Elle découvre son corps et aimerait en savoir plus sur les changements qu’elle vit en tant qu’adolescente. Mais Tram ne sait pas si ce qu’elle lit sur Internet est vrai, et elle a peur de demander à sa mère ou à son professeur des renseignements sur ce sujet délicat.
Lorsque l’école, située en région montagneuse dans le nord-ouest du pays, a organisé l’année dernière une activité d’éducation de masse sur la santé sexuelle et reproductive, Tram a joué un personnage dans un spectacle qui a permis de répondre à bon nombre de ses questions et de ses craintes. « Le sketch m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur moi-même », déclare Tram.
Ce jeu de rôles, au cours duquel un groupe a mis en scène une visite dans un centre de planification familiale, lui a appris à gérer des situations sociales difficiles auxquelles elle pourrait devoir faire face. Les renseignements communiqués au moyen d’exercices interactifs et de concours lui ont également permis de prendre conscience du fait que l’éducation sur la santé sexuelle et reproductive est cruciale pour les jeunes. « Il est important de s’informer sur ce sujet, en particulier à l’école », souligne Tram.
Cette activité s’inscrit dans le cadre d’un programme visant à offrir une éducation complète à la sexualité (ECS) et des services de santé sexuelle et reproductive aux adolescentes et aux adolescents des régions éloignées du Vietnam et du Népal. Soutenue par Affaires mondiales Canada par l’intermédiaire de la HealthBridge Foundation of Canada et mise en œuvre par HealthBridge et des partenaires locaux sur le terrain, l’initiative vise à améliorer la santé reproductive et l’égalité des genres chez les jeunes filles et les femmes des collectivités marginalisées.
« Nous voulons que les adolescentes et les adolescents aient confiance en leurs connaissances sur la sexualité », explique Huan Nguyen Van, gestionnaire de projet pour HealthBridge au Vietnam. Il précise que le projet prévoit la mobilisation de dirigeantes et de dirigeants de collectivités locales et de fournisseurs de soins de santé en vue de promouvoir la qualité des services de santé sexuelle et reproductive et leur utilisation par les jeunes filles et les femmes. Dans les écoles, ce projet contribue à l’élaboration de programmes et à la formation du personnel enseignant et d’animatrices et d’animateurs pour faire progresser l’éducation sur la santé sexuelle et reproductive. Il s’adresse aux groupes communautaires, au personnel de la santé et aux bénévoles, ainsi qu’aux leaders religieux, afin de s’attaquer aux normes culturelles qui peuvent mener à la violence fondée sur le genre, comme le mariage d’enfants.
« Nous voulons que les collectivités soutiennent les jeunes dans leurs décisions et offrent des services conviviaux de santé sexuelle et reproductive », explique Huan. « Les jeunes ne devraient pas ressentir de gêne en se rendant à la pharmacie pour acheter des préservatifs, par exemple. Cela devrait être normal. »
Réalisé en collaboration avec le Centre de contrôle et de prévention des maladies de Son La au Vietnam, le projet se concentre sur 3 écoles secondaires accueillant des élèves de 12 à 15 ans et 3 écoles secondaires accueillant des élèves de 16 à 18 ans.
Huan indique que le Bureau général de la population et de la planification familiale du Vietnam signale que le taux d’avortement chez les adolescentes et les jeunes adultes au pays est en augmentation et représente plus de 20 % de l’ensemble des avortements. Il indique également que les taux d’avortement chez les adolescentes, de mariage précoce, de mères adolescentes et de mortalité maternelle à Son La sont nettement plus élevés que la moyenne nationale.
Il explique que le gouvernement du Vietnam s’apprête à mettre en œuvre l’ECS à l’échelle nationale et que le programme de HealthBridge y contribue en offrant une formation intensive aux enseignantes et aux enseignants sur le sujet. Il leur offre les compétences et les outils de communication nécessaires pour transmettre le contenu de manière interactive, notamment grâce au travail en groupe, à la modélisation, aux tableaux de papier, aux présentations PowerPoint et au mentorat.
Luong Huu Hung, professeur de biologie à l’école secondaire Chieng Sinh de Son La, explique que « en ayant des connaissances en matière de santé sexuelle et reproductive, les élèves sauront comment se protéger et appliquer ces connaissances dans leur vie ». Il s’inquiète du fait que, bien que l’ECS fasse partie de matières telles que la biologie, l’éducation civique et l’orientation professionnelle, « la quantité de connaissances incluses n’est pas très importante ». De plus, les élèves peuvent choisir de ne pas suivre ces cours.
Luong souhaiterait que l’école mette en place un « coin destiné aux jeunes » sur la santé sexuelle et reproductive, où les adolescentes et les adolescents pourraient se rendre et lire de l’information utile sur le sujet. Il souhaite également voir se multiplier les activités d’éducation de masse « afin que tous les élèves aient la possibilité de participer ».
Les activités comprennent des sketches dans lesquels les jeunes se mettent en scène dans des situations susceptibles d’arriver dans leur vie quotidienne, ainsi que des séances de discussion sur des sujets tels que la différence entre l’amitié et l’amour. Il y a également des jeux-questionnaires au cours desquels les équipes acquièrent des connaissances sur les changements physiques au cours de la puberté ou sont interrogées sur les différentes méthodes de contraception. Les élèves reçoivent un certificat de réussite du cours de formation sur la santé sexuelle et reproductive des adolescentes et des adolescents.
Des programmes similaires sont également mis en place au Népal, où HealthBridge collabore avec l’International Nepal Fellowship (INF) pour offrir une formation sur l’ECS aux enseignantes et aux enseignants et des activités interactives aux élèves dans le district rural de Kalikot. Padma Hitan, agente de projet pour l’INF, explique que cette région, située dans la partie himalayenne du Népal, est économiquement défavorisée, isolée et conservatrice. À titre d’exemple, la chaupadi, la ségrégation des jeunes filles et des femmes qui ont leurs règles, y est largement pratiquée.
Le projet d’ECS est mis en œuvre dans 11 écoles au Népal. Il aide les élèves à comprendre les changements physiques, psychologiques et émotionnels qui accompagnent la puberté et à composer avec ceux-ci, explique Padma. « Les jeunes ressentent de la gêne de parler de leurs sentiments à propos de ces changements à leurs amies et amis et à leurs parents. »
Les élèves participent avec enthousiasme aux activités d’ECS, comme des pièces de théâtre où on met en scène les conséquences difficiles d’un mariage trop précoce. « Les jeunes apprennent que de ne pas se marier à un âge précoce leur permet de poursuivre leurs études et d’accéder à l’indépendance », ajoute Padma.
Chandra Prasad Koirala, professeur d’anglais et directeur de l’école secondaire Shree Panchadev à Kalikot, a reçu une formation sur l’ECS dans le cadre du projet. Il parle aux élèves de concepts tels que la prise de parole dans des situations inconfortables. Il démontre que chaque personne a une « zone de confort » et parle des principes du « bon toucher » et du « mauvais toucher », ainsi que de la manière de fixer des limites.
Les leçons sur les aspects émotionnels, physiques et sociaux de la sexualité sont essentielles pour les adolescentes et les adolescents, selon Chandra. « De nombreux changements se produisent au cours de l’adolescence », explique-t-il. « Si nous pouvons sensibiliser ces adolescentes et ces adolescents au mariage d’enfants et à la planification familiale, ça leur permettra peut-être de faire face à ces problèmes. »
Kishwor, 16 ans, élève de l’école, estime que ces séances « sont très importantes pour nous, car beaucoup d’élèves manquent de sensibilisation en matière de sexualité ». Kishwor, qui envisage d’étudier l’agriculture afin d’aider les agricultrices et les agriculteurs de sa région à produire suffisamment de nourriture, souhaiterait que l’ECS soit intégrée aux activités extrascolaires auxquelles les élèves peuvent participer le vendredi. « Il est utile d’en savoir plus sur les problèmes auxquels nous devons généralement faire face pendant l’adolescence », déclare-t-il.
Au Vietnam, Tram espère que les activités d’éducation de masse sur la santé sexuelle et reproductive seront élargies pour inclure davantage de sketches et d’autres éléments tels que le dessin et la réalisation de vidéos. « Cela renforcerait l’enthousiasme et l’intérêt des élèves », souligne-t-elle.
Participer à de telles activités « peut nous aider à être pleinement préparés pour la vie », estime Tram, qui étudie fort pour devenir médecin afin de contribuer à sa collectivité en fournissant des traitements et des soins aux membres de celle-ci.
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