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Crise humanitaire à Gaza : un agent d’intervention rapide fournit des secours d’urgence à l’échelle de la communauté

En travaillant pour la Croix-Rouge canadienne en tant que gestionnaire d’intervention rapide en cas de catastrophes et de conflits, Chiran Livera a vu des crises de grande ampleur frapper des pays du monde entier, ainsi que son propre pays, le Canada.

Or, la situation dans la bande de Gaza et en Cisjordanie dépasse tout ce que M. Livera, qui est récemment rentré d’un voyage dans la région, a déjà pu voir. Il explique que les efforts déployés pour apporter une aide humanitaire aux populations touchées, avec le soutien d’Affaires mondiales Canada, se sont avérés longs, complexes et traumatisants pour les personnes présentes sur le terrain.

Chiran Livera sourit à l’appareil photo en portant un gilet de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Chiran Livera est chef des opérations d’urgence pour la Croix-Rouge canadienne.

Source : Corrie Butler, FICR

« Je suis intervenu dans certaines des plus grandes situations d’urgence au monde, mais c’est celle-ci qui m’a le plus affecté », déclare M. Livera, chef des opérations d’urgence de l’organisation, dont le siège se trouve à Halifax. Avec l’aide d’AMC, il a passé deux mois à Ramallah pour soutenir l’intervention d’urgence de la Société du Croissant-Rouge palestinien, dans le cadre de laquelle des volontaires distribuaient de la nourriture, organisaient le transport des blessés par ambulance et coordonnaient l’aide humanitaire.

Âgé de 40 ans, M. Livera est né au Sri Lanka et, lorsqu’il avait 10 ans, sa famille et lui sont venus habiter au Canada afin de fuir la guerre civile dans leur pays d’origine. Ils se sont installés à Coquitlam, en Colombie-Britannique. C’est durant son secondaire qu’il a commencé à faire du bénévolat pour la Croix-Rouge, en aidant des personnes de sa communauté ayant été victimes d’inondations. Pendant ses études universitaires, il a participé aux interventions d’urgence liées aux grands incendies de forêt dans le nord du Manitoba et de l’Ontario. Ces activités se sont transformées en carrière à la Croix-Rouge, qui l’a envoyé à l’étranger, d’abord en réponse au tremblement de terre et au tsunami de 2004 dans l’océan Indien, qui ont touché le Sri Lanka. Il a ensuite pris part à des interventions découlant du tremblement de terre en Haïti, de la crise de l’Ebola en Afrique et des migrations massives en Syrie.

Ajouter de la dignité à la vie

« Lorsque j’appuie des collègues dans des endroits comme Gaza, je pense à la communauté qui y vit », explique M. Livera en repensant à ses débuts à Coquitlam. « Je suis un étranger; comment puis-je contribuer à leurs capacités? Quelle valeur ajoutée puis-je apporter? »

À Gaza, il s’agissait d’aider la Société du Croissant-Rouge palestinien à organiser des activités d’approvisionnement en eau et d’assainissement vitales, notamment en distribuant des trousses d’hygiène fournies par le gouvernement du Canada. « Nous sauvons des vies, mais il est également important de contribuer à préserver la dignité des personnes. Le savon, les produits d’hygiène féminine et autres articles connexes sont d’une valeur inestimable, mais les gens ne peuvent les acheter nulle part. »

Une femme vêtue d'un gilet du Croissant-Rouge regarde un autre secouriste du Croissant-Rouge pratiquer une intervention sur un homme assis sur une chaise
Des ambulanciers paramédicaux de la Société du Croissant-Rouge palestinien soignent des patients.

Source : Société du Croissant-Rouge palestinien

Selon lui, la plupart des situations d’urgence comme les incendies de forêt, les tremblements de terre et les ouragans commencent par une « phase aiguë » qui peut durer quelques jours, alors qu’à Gaza, « la phase aiguë perdure depuis plusieurs mois ». M. Livera estime qu’il existe de « nombreuses entraves » à la prestation d’une aide humanitaire à la hauteur des besoins. « Il ne s’agit pas d’une intervention d’urgence classique, où l’on peut mettre en œuvre l’acheminement de produits par avion, par camion et par bateau, puis organiser des entrepôts et distribuer ces produits. » De multiples autorisations sont nécessaires avant d’acheminer les cargaisons, « et nous devons ensuite organiser une distribution systématique des articles afin que ce ne soit pas chaotique et que les personnes ayant les besoins les plus urgents puissent les obtenir. »

Selon lui, la sécurité des personnes travaillant sur le terrain est une préoccupation majeure puisque 22 employés et bénévoles de la Société du Croissant-Rouge palestinien et du Magen David Adom en Israël ont été tués depuis le début de la crise. Pendant ce temps, tous les membres des équipes de Gaza sont déplacés, vivent dans des abris temporaires ou séjournent dans des bases d’ambulances, appelées « postes d’aide », qui, selon lui, ne sont pas faites pour dormir.

« Il y a beaucoup de traumatismes – et je fais très attention avant d’utiliser ce mot – dans le cadre de cette intervention », dit-il. « Travailler dans un environnement traumatisant est très difficile, surtout sans la possibilité de décompresser pendant des mois, d’en parler, de bénéficier du soutien psychosocial que nous fournissons à notre personnel ou de prendre une pause. »

A woman in a Red Crescent Society vest watches while another Red Crescent Society paramedic performs a procedure on a man sitting in a chair
Palestine Red Crescent Society paramedics provide treatment to patients.

Credit: Palestine Red Crescent Society

« Un tout petit geste dans un océan de besoins »

Pendant les communications radio avec des bénévoles au sein de la communauté, « nous nous arrêtions pour que nos collègues puissent pleurer et évacuer les émotions qu’ils ressentaient. Ensuite, nous discutions des prochaines étapes ».

Pendant le séjour de M. Livera, la situation s’aggravait de jour en jour. La fourniture de trousses d’hygiène en provenance du Canada constituait « un tout petit geste dans un océan de besoins », dit-il, mais il en ressentait les effets positifs lorsque ses collègues lui disaient les avoir distribuées. « Ce lien remonte jusqu’au Canada », explique-t-il, soulignant la ressemblance de ce travail avec celui effectué dans son pays lors d’incendies de forêt. « Que ce soit en Nouvelle-Écosse ou à Gaza, ce sont les bénévoles locaux qui sont responsables de la distribution. C’est leur communauté. »

Maintenant qu’il est de retour, M. Livera s’emploie à préparer ses équipes à la prochaine saison des feux de forêt, qui s’annonce intense. « Nous devons être prêts à répondre aux besoins au fur et à mesure qu’ils se présenteront. »

Il effectue ce travail ici et à l’étranger pour la même raison l’ayant motivé à intervenir la première fois dans des opérations de secours lors de l’inondation des maisons de ses voisins. « Je pouvais être bien plus que d’être un spectateur; je pouvais changer la vie de quelqu’un », se souvient M. Livera. « Comme de nombreux Canadiens, j’ai du mal à regarder les actualités et à voir les nombreuses crises dans le monde entier. Je veux agir personnellement pour aider. »

Dans les mois à venir, M. Livera prévoit retourner dans la région, dans laquelle « il est vraiment difficile de continuer à espérer que le lendemain sera meilleur, ou la semaine suivante, ou le mois suivant », avoue-t-il. « Néanmoins, tant que la crise ne sera pas résolue, il y aura des besoins humanitaires urgents à combler. »

D’après son expérience dans d’autres situations de conflit, « une fois que les combats auront cessé, nous connaîtrons toute l’étendue des dégâts et des besoins, et nous pourrons voir comment rétablir les moyens d’existence, les vies et les maisons ». M. Livera ajoute que les organisations comme la sienne planifient actuellement la manière de se regrouper pour ce moment. « Nous devrons fournir une aide d’une envergure surpassant tout ce qu’on a pu voir depuis des lustres. »

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