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Une avocate fait profiter le monde entier de son expertise en matière de droits des victimes

Anju Fujioka est avocate et défenseure des victimes à London (Ontario). Elle réunit des membres des forces de l’ordre, du système judiciaire et des organisations communautaires pour soutenir les victimes de violences sexuelles et sexistes.

Lorsque Mme Fujioka a récemment pris part à une initiative du Partenariat d’assistance technique – mécanisme de déploiement d’experts (PAT-MDE), elle a fait profiter le monde entier de son expertise. Elle a travaillé avec le ministère de la Justice de la Gambie, en Afrique de l’Ouest, afin d’améliorer la capacité de ce pays à répondre aux cas de violence sexuelle et sexiste.

Anju Fujioka se tient devant le cabinet du procureur général et le ministère de la Justice à Banjul, en Gambie, avec un sac à main qui lui a été remis en reconnaissance de son travail.
Source : Photo offerte par Anju Fujioka

Mme Fujioka, 30 ans, est née en Norvège et a connu une vie « nomade » au début de sa vie, déménageant au Japon, en Inde et à Oman avant de s’installer au Canada avec sa famille. Elle s’est engagée très tôt dans la défense des victimes de violences sexuelles et sexistes, en faisant du bénévolat dans des centres d’aide aux victimes d’agressions sexuelles et sur des lignes d’aide téléphonique en cas de crise. Aujourd’hui, en tant qu’avocate, elle se concentre sur les litiges civils au nom des victimes d’agressions et d’abus sexuels. 

Mme Fujioka a été invitée à participer au programme PAT d’Affaires mondiales Canada après que le ministère de la Justice de la Gambie a demandé l’aide d’un expert canadien. Ce ministère cherchait à accroître sa capacité à enquêter sur les crimes de violence sexuelle et sexiste et à déposer des accusations contre les auteurs. Elle a travaillé en étroite collaboration avec l’unité de lutte contre la violence sexuelle et sexiste du Ministère, qui documente les cas d’agression, de viol et d’autres formes d’abus et d’exploitation sexuels, en particulier à l’égard des femmes et des enfants, et poursuit les responsables. 

La transition du pays de la dictature à la démocratie a mis l’accent sur la question de la violence sexuelle et sexiste, explique Mme Fujioka, à la fois dans le contexte d’un processus de vérité et de réconciliation et dans son système de justice pénale. Le ministère de la Justice cherche à renforcer les compétences des enquêteurs de la police et des procureurs, tout en améliorant la manière dont les plaignants évoluent dans le système juridique.

« Il faut placer la victime au centre des préoccupations », dit-elle.

Rassembler les groupes clés 

Mme Fujioka a travaillé aux côtés d’un conseiller juridique principal du ministère de la Justice de l’Ontario et a été soutenue par une équipe de professionnels du développement international d’Alinea International, l’agence responsable du PAT-MDE. Elle a réuni des groupes clés en Gambie pour discuter des moyens d’améliorer les processus existants et de soutenir les victimes ainsi que les témoins.

Elle souligne que, même s’il est utile qu’un pays comme le Canada partage ses meilleures pratiques exemplaires, la Gambie ne dispose pas des mêmes ressources de base que nous. Par exemple, il n’y a pas de centre d’analyse d’ADN dans le pays, il n’y a pas de moyen de préserver et de suivre les preuves, et il n’y a pas de système numérique de gestion des cas. Souvent, les policiers ne disposent pas non plus de véhicules pour se rendre sur les scènes de crime. « Très souvent, ils se déplacent avec la famille de la victime », explique M. Fujioka. Vous travaillez dans un monde très différent. Par conséquent, si vous vous contentez de présenter des pratiques exemplaires à l’aveuglette, cela ne donnera rien. »

L’un des éléments importants du rôle d’expert du PAT-MDE dans un pays est de « travailler avec les contraintes en place », dit-elle, en discutant de ce qui est faisable tout en tenant compte des obstacles, en particulier le financement et les ressources limités. « Est-il possible d’apporter de modestes améliorations aux processus ou aux façons de faire et d’avoir un réel impact? »

Des séances de formation et de consultation ont réuni des groupes comprenant des magistrates et magistrats, des conseillères et conseillers d’État, des policières et policiers, des enquêtrices et enquêteurs, des travailleuses et travailleurs sociaux et des avocates et avocats de l’aide juridique.
Source : Photo offerte par Anju Fujioka

Lors de deux voyages en Gambie, Mme Fujioka a organisé des ateliers de formation et de consultation auprès d’« un large éventail de parties prenantes qui ne communiquent généralement pas entre elles ». Il s’agissait de procureurs, d’avocats de la défense, de policiers, de travailleurs sociaux, de membres du personnel de l’unité de lutte contre la traite de personnes  et de juges.

« La créativité, la passion, l’expérience et l’expertise des personnes présentes ont été mises en évidence », se souvient-elle. « Il s’agit d’avoir une conversation, d’être sur la même longueur d’onde et parfois même de trouver des solutions rapides à des problèmes importants. »

Ces « moments éclairants » se sont accompagnés d’une « collaboration pendant les dîners et les pauses entre les travailleurs sociaux et les procureurs au sujet des dossiers en cours et de la façon dont ils pourraient réellement travailler ensemble pour mieux soutenir les plaignants. »

Selon Mme Fujioka, l’objectif n’était pas d’élaborer un plan d’action national susceptible de rester sur une étagère, mais d’examiner comment améliorer les choses d’une manière qui touche directement les survivantes ». Un travail de sensibilisation a également été mené sur les attitudes, les stéréotypes de genre et les croyances en matière de violence sexuelle et sexiste.

«â€¯Plutôt comme une facilitatrice »

Mme Fujioka ne s’est pas présentée comme « l’experte canadienne », mais « plutôt comme une facilitatrice », dit-elle, en suscitant des conversations et des idées, tout en présentant les pratiques exemplaires et les leçons tirées d’autres pays. 

Les travailleuses et travailleurs sociaux et les procureures et procureurs collaborent pendant les pauses sur les affaires en cours et sur la manière dont ils peuvent travailler ensemble pour mieux soutenir les plaignantes et plaignants.
Source : Photo offerte par Anju Fujioka

Je n’avais pas l’impression de leur dire « Voilà comment nous faisons les choses au Canada et voilà comment vous devriez les faire », explique-t-elle. Nous avons une expertise, certes, nous pouvons la partager avec d’autres, mais nous n’avons pas toutes les réponses. » 

Pouvoir se rendre en personne dans ce pays est « énorme », dit-elle, d’autant plus que l’accès à Internet y est limité. Il n’est pas aussi facile de se rendre sur Google Meets, Teams ou Zoom et de dire : « Hé, on peut parler? »

Elle est reconnaissante que son rôle dans l’initiative PAT-MDE puisse « contribuer à ce que les survivantes aient une meilleure expérience du système juridique en Gambie ». En conclusion, Mme Fujioka ajoute ceci : « J’espère que je contribuerai à faire évoluer la situation là-bas ». 

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