Des activités ciblant un député canadien sur WeChat suggère une possible ingérence étatique étrangère
Résumé
Le Mécanisme de réponse rapide (MRR) du Canada a détecté sur la plateforme de médias sociaux WeChat une opération d’information dirigée contre le député de Wellington—Halton Hills, Michael Chong.
L’opération, menée entre le 4 et le 13 mai 2023, coïncidait avec la décision du Canada de déclarer un diplomate chinois persona non grata, après quoi la Chine avait elle-même désigné un diplomate canadien comme persona non grata en guise de représailles.
Le réseau impliqué dans cette opération d’information a amplifié un grand nombre d’informations fausses ou trompeuses sur M. Chong. L’essentiel de l’opération a consisté à diffuser des informations fausses sur son identité, y compris des commentaires et des affirmations sur ses antécédents, ses positions politiques et son patrimoine familial. Affaires mondiales Canada estime que rien de ce qui a été observé ne représente une menace pour la sécurité de M. Chong ou de sa famille.
Suite à une analyse du réseau et du fonctionnement, Affaires mondiales Canada évalue que qu’il est hautement probable que la Chine ait joué un rôle dans l’opération d’information. Plusieurs indices de manipulation de l’information et d’ingérence étrangères le laissent supposer, notamment les suivantsNote de bas de page 1 :
- coordination du contenu et synchronicité;
- changements hautement suspects et anormaux dans le volume et la portée des activités;
- dissimulation de l’intervention de l’État.
Le réseau se composait au tiers de médias d’État connus et de comptes qui sont probablement liés à l’appareil d’État de la Chine, mais dont les liens peuvent être opaques. Les deux autres tiers des comptes étaient anonymes et n’avaient jamais publié de nouvelles sur la politique canadienne auparavant. Cependant, ces comptes ont publié du contenu ou interagi avec celui-ci à des heures et à des dates similaires, ce qui, en générant un volume accru sur ce sujet, a augmenté la probabilité que les utilisateurs de WeChat voient les fausses informations.
Les fausses informations sur M. Chong ont probablement violé le code de conduite des utilisateurs de WeChat sur les fausses informations et les comportements inauthentiques coordonnés; toutefois, le MRR Canada n’a trouvé aucune indication que WeChat ait tenté d’appliquer ses propres normes de modération du contenu.
Il est difficile de déterminer le nombre exact d’utilisateurs qui ont vu le contenu ou participé à celui-ci en aimant, en partageant et en commentant. WeChat compte plus de 1,3 milliard d’utilisateurs actifs mensuels, dont au moins 100 millions à l’extérieur de la Chine. WeChat n’a pas révélé combien de ses utilisateurs résident au Canada, mais certaines sociétés de marketing estiment ce nombre à plus de 1 million. Le MRR Canada estime qu’entre 2 et 5 millions d’utilisateurs de WeChat ont vu ce contenu à l’échelle mondiale.
Répercussions
La manipulation de l’information et l’ingérence étrangères érodent la démocratie au Canada et nuisent à la capacité de la population canadienne d’exercer ses droits et libertés sans intimidation. Des activités de la sorte pourraient décourager les députés de s’acquitter de leurs fonctions et de s’exprimer sur des questions importantes, et elles ont des répercussions négatives sur les membres de la diaspora vivant au Canada.
Méthodologie
Installés à Affaires mondiales Canada, les responsables du MRR Canada dirigent le MRR du G7 de façon continue, soutiennent la mobilisation internationale du Canada contre la désinformation parrainée par des États étrangers, et surveillent le milieu de l’information numérique pour détecter des indices de manipulation de l’information et d’ingérence étrangèresNote de bas de page 2. Le MRR Canada agit notamment en tant que système d’alerte précoce pour le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections pendant les élections générales et les élections partiellesNote de bas de page 3.
Le MRR du Canada adopte une approche fondée sur des données probantes dans son travail de surveillance et de collecte. Les analyses des données de sources ouvertes du MRR Canada s’appuient à la fois sur des données primaires de sources ouvertes et sur des sources secondaires, afin de repérer les tendances et les tactiques émergentes liées à la manipulation de l’information et à l’ingérence étrangères dans les processus et les institutions démocratiques. Le travail du MRR Canada est assujetti à un cadre éthique et méthodologique accessible au public sur InternetNote de bas de page 4, lequel décrit comment ses méthodes respectent et renforcent les droits de la personne et les libertés, notamment les droits à la vie privée, à la liberté d’expression et à l’égalité. Le cadre ancre les activités analytiques de l’équipe dans un contexte politique, juridique et réglementaire existant et vise à garantir la transparence du mécanisme et à rendre des comptes à la population canadienne.
Prochaines étapes
Le gouvernement du Canada continuera de surveiller le milieu de l’information numérique afin de détecter la manipulation étrangère de l’information et d’intervenir lorsqu’il conviendra de le faire, notamment en divulguant au public de l’information.
Le gouvernement du Canada continuera de respecter toutes les recommandations formulées par l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, et le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre dans le cadre de leurs examens continus sur l’ingérence étrangère dans les 43e et 44e élections générales fédérales canadiennes.
Le gouvernement du Canada a mis en place de nombreux mécanismes permettant aux Canadiens et aux Canadiennes de signaler tout cas présumé d’ingérence étrangère. De plus amples détails sont affichés sur le site Web de Sécurité publique CanadaNote de bas de page 5.
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