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Débat ouvert du Conseil de sécurité : Les enfants et les conflits armés

Déclaration de l'Ambassadeur Marc-André Blanchard, Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies

New York, le 2 août 2016

Madame la présidente,

Je suis heureux de parler au nom du Groupe des amis des enfants touchés par les conflits armés, un réseau informel de 40 États membres intéressés représentant les cinq groupes régionaux des Nations Unies.

Le Groupe des amis réitère son appui sans réserve au programme du Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé (le Bureau), à la Représentante spéciale et aux institutions onusiennes qui s’emploient à promouvoir les droits des enfants touchés par les conflits armés dans le monde.

En ce 20e anniversaire de la création du mandat du Bureau par l’Assemblée générale, nous accueillons favorablement l’évolution d’un cadre normatif et institutionnel plus solide sur les enfants touchés par les conflits armés. Aujourd’hui, nous disposons de normes strictes contre le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les conflits armés, ainsi que d’un éventail croissant d’outils permettant de surveiller et de traiter toutes les graves violations commises contre les enfants.

Un élément clé de la réussite du programme du Bureau a été le mécanisme de surveillance et de communication de l’information (MRM) qui a été établi avec la résolution historique 1612, adoptée en 2005 par le Conseil de sécurité, et qui vise à documenter les graves violations commises contre les enfants, à renforcer la responsabilisation et à assurer le respect des normes juridiques et internationales, de concert avec les gouvernements nationaux. Il est important que le MRM puisse documenter de façon impartiale et objective et en fonction des faits sur le terrain l’existence de violations graves commises contre les enfants. Par conséquent, les Nations Unies doivent déployer des ressources appropriées pour mettre en œuvre le mandat du Bureau et le MRM. À cet égard, le Groupe des amis lance un appel au maintien des ressources, du leadership et de l’expertise spécialement consacrés à l’exécution de ce mandat afin d’appuyer le travail de protection des enfants accompli par les missions de paix des Nations Unies et les agences respectives qui font partie du MRM.

Madame la présidente, 

Le Groupe des amis se réjouit de la signature de plans d’action par les huit pays – dont le Soudan tout récemment – dont les forces gouvernementales ont été énumérées par le Secrétaire général en ce qui concerne le recrutement et l’utilisation des enfants dans les conflits armés. Nous louons aussi les efforts déployés par la Représentante spéciale dans la campagne « Enfants, pas soldats ». Nous exhortons les gouvernements tout comme les acteurs non étatiques à mettre en œuvre pleinement et rapidement les plans d’action afin de faire cesser et de prévenir les violations commises contre les enfants.

Malgré ces succès, le Groupe des amis déplore l’augmentation de l’intensité des graves violations commises contre des enfants qu’on a constatée dans plusieurs situations de conflit en 2015. En particulier, nous sommes fortement préoccupés par la montée de groupes armés recourant à une violence extrême et par leur recrutement et leur utilisation d’enfants. L’impact sur les enfants se fera sentir pour les générations à venir. Il nous faut mieux déterminer comment prévenir la radicalisation et le recrutement d’enfants, comment isoler les enfants de tels groupes pour les réintégrer dans leurs sociétés d’appartenance et comment composer avec les séquelles psychologiques et sociales de longue durée des survivants. Tout au long de cette démarche, nous ne devons pas perdre de vue que ces enfants devraient être traités comme des victimes et non comme des auteurs de crimes. En outre, la prévalence d’attaques lancées contre des écoles et des hôpitaux et l’utilisation de ces établissements à des fins militaires demeurent très préoccupantes. Le Groupe des amis demande à toutes les parties de protéger écoles et hôpitaux en faisant appliquer les dispositions du droit humanitaire international ainsi que du droit international en matière de droits de la personne.

Le Groupe des amis exprime sa profonde préoccupation à l’égard de l’impact de la vague sans précédent de déplacements forcés d’enfants. Nous encourageons les gouvernements à intervenir pour faire respecter les droits des enfants déplacés de force en raison d’un conflit et à assurer, en coopération avec la communauté internationale, leur protection, leur accès à un système de santé et d’éducation et la possibilité d’obtenir des moyens dignes de gagner leur vie pour leurs familles. Qui plus est, les conflits armés d’aujourd’hui causent aux enfants de nouvelles incapacités physiques et psychologiques qui peuvent les rendre encore plus vulnérables et leur faire courir un risque plus grand de devenir victimes de violence, de discrimination, de mauvais traitement et de négligence, et ils nécessitent une réponse concertée.

Finalement, le Groupe des amis condamne fermement les incidents continus d’exploitation sexuelle et d’abus des enfants, en particulier lorsque ces actes sont commis par des membres des forces ou du personnel des Nations Unies. Nous demandons à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour endiguer ce fléau et nous faisons bon accueil aux récents efforts déployés par les Nations Unies et les États membres pour prévenir ces graves violations et fournir un soutien aux victimes.

Madame la présidente,
 
En ma qualité de représentant du Canada, je tiens à soulever cinq points supplémentaires.
 
Premièrement, une évidence. Nous sommes particulièrement horrifiés par l’ampleur de l’émergence de groupes armés qui emploient de la violence extrême et qui recrutent et utilisent des enfants.
 
Deuxièmement, nous invitons les états membre à appuyer de façons indéfectible le programme sur les enfants et les conflits armés et le travail de la représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Zerrougui. Mme Zerrougui est une championne efficace et infatigable. Elle a besoin de notre appui politique mais aussi elle a besoin de notre appui financier.
 
Troisièmement, on l’a rappelé à plusieurs reprise les enfants aujourd’hui : les enfants représentent plus de la moitié des 60 millions de personnes déplacées. Les enfants représentent plus de la moitié des 23 millions de réfugiés. Si on veut aider ces enfants, l’une des façons les plus simples est de leur offrir sans délai une terre d’accueil. C’est pourquoi le Canada est si fier d’avoir accueilli plus de 30 000 réfugiés depuis un an. Et c’est pourquoi, nous pensons avoir l’obligation d’accueillir encore plus. Le sommet du Président Obama en septembre sera une excellente occasion pour les pays à s’engager à accueillir un plus grand nombre de réfugiés.
 
Quatrièmement, les Nations Unies doivent aussi en faire plus dans le cadre de leurs opérations de paix pour aider les enfants en situation de conflit armé. Les Nations Unies doivent redoubler d’efforts pour s’attaquer au fléau de l’abus et de l’exploitation sexuelle des enfants. À cet égard, nous appuyons l’engagement du Secrétaire général à empêcher les forces armées gouvernementales figurant dans les annexes de ses rapports sur les enfants et les conflits armés de fournir des soldats aux opérations de maintien de la paix.
 
Cinquièmement, les États membres doivent promouvoir davantage le programme sur les enfants et les conflits armés. S’appuyant sur le succès du Groupe des amis sur les enfants et les conflits armés à New York, le Canada soutient l’établissement de sections locales du Groupe des amis en Afghanistan, aux Philippines, au Soudan et à Genève. Nous espérons que ces sections contribueront à accroître la sensibilisation, à favoriser l’échange d’opinions et à coordonner le soutien offert à l’égard des enjeux relatifs aux enfants en situation de conflit armé, tant à l’échelon national que régional.

En somme, Monsieur le Président, il reste beaucoup de travail à faire. Toutefois, il ne suffit pas de déplorer les abus commis. Il incombe à tous les États membres de prendre les mesures nécessaires pour venir en aide aux enfants en situation de conflit armé, tant au sein de leur pays qu’à l’étranger.

Le Canada demeure prêt à contribuer à cette cause vitale.

Merci.

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