Déclaration sur la protection
Intervention du gouvernement du Canada à la 67e session du Comité exécutif du HCR
Merci, Monsieur le Président.
En cette période où les déplacements forcés à l’échelle internationale ont atteint des proportions sans précédent et où l’attention internationale a été tournée principalement vers la nécessité d’avoir de meilleures réponses et d’accroître le partage des responsabilités, nous avons atteint un tournant décisif dans l’histoire de la protection internationale. Dans le prolongement des engagements pris à l’occasion de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur les réfugiés et les migrants et du Sommet des dirigeants sur les réfugiés à New York, le temps est maintenant venu d’établir nos prochaines étapes.
Le Canada convient que les pays à proximité des crises donnant lieu à des déplacements importants sont confrontés à d’immenses difficultés, et il loue la générosité des États qui accueillent un grand nombre de réfugiés. Ces États ne devraient pas avoir à prendre toute la responsabilité sur leurs épaules. Les donateurs et les pays de réinstallation ont fait preuve d’une grande générosité, mais c’est loin d’être suffisant. Il faut entre autres que d’autres pays contribuent. Le Canada est conscient qu’il sera complexe de diriger le Cadre d’action global pour les réfugiés, puis d’adopter un Pacte mondial sur les réfugiés, mais nous sommes prêts à travailler activement à ce projet de concert avec les États et le HCR au cours des deux prochaines années.
Aujourd’hui, je vais m’en tenir à la nécessité pour les membres de la communauté internationale de s’acquitter de leur responsabilité commune, qui consiste à préserver le régime de protection internationale, et d’adopter des approches complètes et à long terme en vue d’assurer un avenir positif aux personnes déplacées de force et à leur communauté d’accueil.
Monsieur le Président,
Il faut faire l’éloge du Haut Commissaire pour son leadership, et ce leadership continuera d’être essentiel pour la suite. Le Canada appuie fermement le mandat de protection unique du HCR et reconnaît le travail indispensable que réalisent son personnel et ses partenaires. Par ailleurs, le Canada désire insister sur la responsabilité fondamentale que les États ont de respecter les principes sous-tendant le régime de protection des réfugiés et de les appliquer efficacement.
Les réfugiés sont non seulement une responsabilité partagée, mais ce sont également des gens qui peuvent apporter une contribution positive. Le Canada a accueilli des milliers et des milliers de réfugiés provenant de bon nombre de pays différents au fil des ans. Nous avons vu ces réfugiés et leurs enfants devenir des membres extrêmement productifs et utiles dans notre société, notre vie culturelle et notre économie.
La Déclaration de New York a réaffirmé que la Convention de 1951 et son Protocole afférant de 1967 constituaient la pierre angulaire du régime de protection des réfugiés. Elle a aussi réaffirmé le respect qu’elle portait à l’institution qu’est le droit d’asile et au principe du non-refoulement. Malheureusement, encore trop d’États ne sont pas signataires de la Convention, et il arrive trop souvent que même des signataires de la Convention n’octroient pas aux réfugiés les protections auxquelles ils ont droit aux termes de la Convention. Dans nos prochaines étapes, il importera d’aider le HCR à encourager d’autres États à signer la Convention de 1951, et d’appuyer tous les efforts déployés pour améliorer la qualité de la protection offerte aux réfugiés et à d’autres personnes relevant de la compétence du HCR.
Pour offrir une protection effective, il faut un environnement sécuritaire, accueillant et inclusif. De nombreux réfugiés ont fui la discrimination, l’intolérance et la xénophobie dont ils faisaient l’objet dans leur pays d’origine. Ils ne devraient donc pas avoir à subir le même traitement dans les pays et les communautés d’accueil. Les enfants sont particulièrement à risque, et les femmes sont exposées à un plus grand risque de violence fondée sur le sexe. Nous encourageons le HCR à faire en sorte que les interventions en matière de protection, notamment les mesures visant à prévenir et à régler la violence fondée sur le sexe, soient priorisées dès l’apparition d’une situation d’urgence et intégrées dans les travaux du HCR. Le Canada se réjouit et prend note de la pertinence du dialogue à venir du Haut Commissaire du HCR sur « les enfants en déplacement », pour ce qui est de répondre aux besoins d’un nombre record d’enfants séparés de leur famille et non accompagnés qui demandent l’asile.
Monsieur le Président,
Nous devons redynamiser la réponse mondiale et adopter des approches globales afin de répondre non seulement aux besoins immédiats, mais aussi de renforcer la résilience en vue de préparer le terrain pour la mise en place de solutions durables. Un trop grand nombre de personnes se trouvent en situation de déplacement prolongé, sans espoir de bénéficier de solutions à long terme. Nos approches devraient permettre de mobiliser les personnes déplacées et leur communauté d’accueil et leur être bénéfiques, ce qui aura pour effet d’améliorer les résultats économiques et sociaux. Cette réalité devrait faire partie de toute solution durable, qu’il s’agisse de rapatriement volontaire, d’intégration locale, ou de réinstallation dans un autre pays.
L’éducation est un volet essentiel des stratégies en matière de protection et des solutions immédiates et à long terme. Elle peut favoriser la cohésion sociale au sein des communautés, offrir un environnement stable aux enfants, donner accès à des renseignements vitaux, répondre aux besoins psychosociaux et promouvoir l’autonomie et l’inclusion. Le Canada demande au HCR et aux autres organismes et partenaires de se reconcentrer sur l’éducation des réfugiés et la formation technique et professionnelle, puisqu’il s’agit d’un élément essentiel à leur autonomie, tout en accordant une attention particulière aux besoins des enfants, des jeunes et des femmes.
Monsieur le Président,
Le partage des responsabilités à l’échelle internationale fait intervenir différents partenaires et peut s’illustrer de diverses façons : aide humanitaire et au développement, réinstallation et autres voies d’accès dans des pays tiers, assistance technique, mise en commun de pratiques exemplaires, et leadership et dialogue politiques soutenus.
L’adoption d’approches tournées vers l’avenir nécessitera un financement prévisible. Dans ce sens, le Canada a été heureux d’annoncer à New York, dernièrement, qu’il accordait un financement de base pluriannuel en matière d’aide humanitaire au HCR ainsi qu’un financement pluriannuel pour le HCR en Syrie et en Iraq.
En tant que pays de réinstallation de longue date, le Canada applaudit l’appel du Secrétaire général des Nations Unies visant à réinstaller au moins 10 % de la population totale de réfugiés. Nous encourageons d’autres États à participer aux efforts pour répondre aux besoins de réinstallation prévus par le HCR. Grâce à une volonté politique, à l’innovation et à des partenariats, il est possible d’accomplir beaucoup de choses. D’après l’expérience du Canada, le soutien et la participation de la société civile, du secteur privé et des organisations jouent un rôle essentiel dans la réinstallation positive et l’intégration à long terme, et l’adaptation mutuelle des nouveaux arrivants et de la société d’accueil crée des retombées à long terme pour tous.
Le HCR joue un rôle essentiel pour ce qui est de faciliter le partage des responsabilités et l’adoption d’approches coordonnées à long terme. Le Canada encourage l’Agence à renforcer encore davantage ses partenariats, y compris avec d’autres agences des Nations Unies, des institutions financières internationales et des États hôtes, et à continuer de mettre l’accent sur la programmation de solutions, à l’aide d’approches pratiques et novatrices. En outre, le Canada demande à l’Agence de s’assurer d’affecter les ressources nécessaires aux solutions et de promouvoir l’utilisation stratégique de la réinstallation de concert avec d’autres activités humanitaires et de développement qui sont avantageuses pour les réfugiés.
Pour terminer, Monsieur le Président,
Le Canada demande à tous les membres du Comité exécutif de respecter les engagements qu’ils ont pris dans diverses réunions de haut niveau en 2016, d’aider le HCR à mettre en œuvre le cadre d’action global pour les réfugiés et de jouer un rôle constructif dans l’élaboration d’un pacte mondial sur le partage des responsabilités à l’égard des réfugiés d’ici 2018.
À titre de membres de ce Comité exécutif, nous avons une responsabilité particulière qui consiste à formuler des conseils constructifs sur les défis d’aujourd’hui en matière de protection et à travailler en collaboration avec le HCR pour trouver des solutions et créer une vision mondiale plus équilibrée pour les personnes déplacées du monde entier. Le Canada prend note du consensus qui a été atteint pour la première fois depuis 2013 parmi les membres du Comité exécutif sur des Conclusions en matière de protection internationale. Il encourage les membres du Comité exécutif à continuer de travailler constructivement sur les thèmes choisis pour les Conclusions de 2017.
Le Canada se réjouit à la perspective de poursuivre, au cours de la présente session, un débat fructueux en vue de définir les orientations pour l’année à venir.
Merci.
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