Déclaration de l’ambassadeur Marc-Andre Blanchard représentant permanent du Canada auprès des nations unies - au conseil de sécurité sur la constitution des forces stratégiques
New York, Le 05 Octobre 2017
Monsieur le Président,
Je tiens à remercier France et le Royaume-Uni d'avoir convoqué ce débat opportun portant sur la mise sur pied d’une force stratégique et d’avoir invité le Canada à communiquer de l’information sur la prochaine Conférence des ministres de la Défense sur le maintien de la paix qui aura lieu à Vancouver.
Le Canada est convaincu que lorsque le mandat est clair, que les bonnes ressources sont attribuées et que le soutien est assuré, les missions de maintien de la paix demeurent l’un des moyens les plus souples et les plus efficaces dont dispose la communauté internationale pour intervenir lors d’une crise.
Toutefois, la nature du conflit évolue, le rythme des opérations de maintien de la paix augmente et la taille et la complexité des opérations de maintien de la paix sont grandissantes.
Nous n’avons pas d’autres choix que d’anticiper, de s’adapter et de faire face aux enjeux.
Pour ce faire, nous devons réformer nos institutions communes, améliorer l’efficacité opérationnelle et fournir un effort soutenu et collectif pour remédier au fait que la capacité actuelle est insuffisante.
Cependant, il n’est pas possible de combler les lacunes relatives à la capacité en affectant seulement des ressources sur le terrain. Il s’agit de fournir aux troupes la formation, les capacités et l’équipement appropriés, et ce, en temps opportun.
La mise sur pied d’une force stratégique est fondamentale dans ces efforts, et il s’agit d’un domaine où nous devons travailler en ensemble – États membres et Secrétariat de l’ONU – autrement et mieux.
Depuis 2014, une série de conférences de haut niveau ont aidé à combler l’écart entre les besoins opérationnels des opérations de maintien de la paix de l’ONU et les formidables capacités que les États membres ont à offrir.
À New York, Londres et Paris, non seulement nous avons constaté un nombre sans précédent d’engagements à l’égard des opérations de maintien de la paix de l’ONU, mais également des efforts déployés par des États membres et l’ONU en vue d’intégrer des considérations qualitatives dans le débat portant sur la mise sur pied d’une force.
Ces événements annuels constituent maintenant un élément important de l’institution du maintien de la paix de l’ONU, et complètent le travail de cet organisme, ainsi que du Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix, ou C-34. Les opérations de maintien de la paix de l’ONU suscitent un nouveau regain d’intérêt grâce aux réformes proposées par le secrétaire général.
En gardant à l’esprit ces considérations, le Canada s’est porté volontaire pour accueillir la Conférence des ministres de la Défense sur le maintien de la paix de l’ONU 2017.
Nous ne sommes pas les seuls à entreprendre cette démarche. Nous sommes honorés d’emboîter le pas à 10 hôtes conjoints. Il s’agit notamment du Bangladesh, de l’Éthiopie, de l’Indonésie, du Japon, des Pays-Bas, du Pakistan, du Rwanda, du Royaume-Uni, de l’Uruguay et des États-Unis.
La Conférence des ministres de la Défense sur le maintien de la paix aura lieu les 14 et 15 novembre, à Vancouver. La participation à la Conférence des ministres est ouverte aux États membres qui annonceront de nouveaux engagements en matière d’opérations de maintien de la paix de l’ONU, à Vancouver.
On a déjà réalisé beaucoup de travail de préparation dans l’organisation et la planification de la Conférence des ministres.
Cela inclut trois conférences de fond tenues à Tokyo, à Kigali et à Dhaka, auxquelles environ 50 États membres ont participé. Ces conférences ont aidé à paver la voie à la tenue d’une conférence fructueuse en novembre.
Nous sommes sur la bonne voie pour atteindre le taux de participation le plus élevé jamais enregistré et nous avons établi des attentes également élevées pour ce qui est des résultats de l’événement.
Le Canada est tout à fait d’accord avec l’opinion du secrétaire général Guterres, selon laquelle la prévention du conflit devrait être l’une des principales priorités de l’ONU. Les discussions qui auront lieu à Vancouver souligneront en conséquence l’importance des approches intégrées visant à prévenir les conflits violents. Les ministres feront avancer ces objectifs en organisant des séances de discussions sur les thèmes suivants.
En premier lieu, les participants combleront les lacunes relatives à la capacité des opérations de maintien de la paix de l’ONU en annonçant de nouveaux engagements et en faisant le bilan des engagements déjà pris. Cela comprend notamment le renforcement des capacités liées au sexe, aux forces policières participant aux opérations de maintien de la paix et aux opérations de maintien de la paix dans un milieu francophone.
En deuxième lieu, nous trouverons des solutions concrètes pour renforcer les partenariats sur des activités de formation et l’établissement d’une capacité entre les troupes de l’ONU, les forces policières et d’autres intervenants. Nous avons tous comme objectif commun de rehausser l’efficacité des opérations de maintien de la paix de l’ONU, et nous possédons des compétences et de l’expérience à offrir.
Il est temps que les forces militaires et policières, de même que le Secrétariat de l’ONU, collaborent plus étroitement avant de déployer des troupes sur le terrain afin de s’assurer que toutes les femmes et tous les hommes ont reçu la formation dont ils ont besoin et sont en mesure de fonctionner comme une seule équipe.
En troisième lieu, nous examinerons comment nous pouvons mieux protéger les personnes à risque, en veillant à ce que nos stratégies soient conformes aux réalités sur le terrain. Cela comprend l’examen de mesures concrètes pouvant être prises pour éliminer l’exploitation et la violence sexuelles et empêcher l’enrôlement et l’utilisation d’enfants soldats.
En quatrième lieu, nous favoriserons la cohérence des alertes précoces et le déploiement rapide en établissant des approches, des capacités et des technologies novatrices visant à améliorer les alertes précoces, l’analyse rapide et les capacités de planification. Nous étudierons également des moyens pour réduire le temps de démarrage des nouvelles missions et nous nous assurerons de satisfaire aux exigences du déploiement rapide de l’ONU d’ici 2018.
Compte tenu du leadership du premier ministre Trudeau et du secrétaire général Guterres, aucun d’entre vous ne sera étonné du fait que le thème transsectoriel principal de la Conférence des ministres de Vancouver portera sur l’importance d’intégrer l’égalité des sexes.
En remédiant au manquement persistant de souligner l’importance des femmes dans les efforts de prévention et l’assurance d’une paix durable, les perspectives relatives à l’égalité des sexes seront intégrées dans toutes les discussions. Cela consistera notamment à améliorer le recrutement du personnel féminin, à éliminer les obstacles à leur participation, à offrir des possibilités de formation et à lutter contre la violence sexuelle en période de conflit et contre l’exploitation et la violence sexuelles.
En fait, les perspectives relatives à l’égalité des sexes et la participation des femmes sont directement liées à l’efficacité opérationnelle et sont essentielles aux efforts de prévention pour garantir une paix durable.
Plus fondamentalement, en tant que Canadiens, nous reconnaissons que les partenariats inclusifs sont essentiels à notre réussite commune.
La nature pair-à-pair de la formation conjointe qui permet de mieux préparer les forces militaires et policières interopérables; l’importance vitale de collaborer avec des organisations régionales clés, telles que l’Union africaine, sur une base plus équitable; le potentiel des engagements conjoints « intelligents » qui peuvent permettent de prévoir l’approvisionnement requis pour accroître les chances de réussite d’une mission -- tous ces éléments renvoient à la façon dont nous pouvons faire plus pour se réunir à un moment où les opérations de maintien de la paix de l’ONU ont besoin de nous.
Nous avons hâte de tous vous accueillir à Vancouver.
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