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Déclaration du Canada au Conseil de Sécurité des Nations Unies au Débat sur la Médiation et le règlement de différences, livré par Ambassadeure Louise Blais

Le 29 août 2018

Monsieur le Président,

Permettez-moi d’abord de remercier le Royaume-Uni d’avoir convoqué cet important débat. Permettez-moi également de remercier le secrétaire général, Monseigneur Justin Welby, archevêque de Canterbury, et Mme Mossarat Qadeem, Co-fondatrice du PAIMAN Alumni Trust pour leurs exposés perspicaces qui invitent à la réflexion.

Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude envers les acteurs de la société civile et les défenseurs des droits de la personne du monde entier pour leur courage dans la recherche de solutions pacifiques aux conflits. Notamment des personnes comme Chantal Bilulu, une défenseure congolaise des droits de la personne qui se trouvait récemment à Ottawa pour lancer Femmes de courage, un projet visant à habiliter les femmes qui œuvrent pour la paix avec des moyens pour construire la paix à l’échelle locale en Colombie, en RDC, aux Philippines, au Soudan du Sud et en Cisjordanie.

Les intervenants m’ayant précédé ont parlé avec éloquence du rôle vital que jouent les processus de médiation dans la résolution et la prévention des conflits. Je voudrais revenir sur la question de l’inclusion des femmes et des jeunes et exprimer le plein accord du Canada avec l’appel du Royaume-Uni et d’autres pays en faveur d’une augmentation du nombre de femmes médiatrices. Un nombre croissant de recherches prouve que lorsque des groupes de femmes exercent une forte influence sur les négociations de paix, la probabilité d’en arriver à un accord est beaucoup plus élevée, alors que lorsque ce n’est pas le cas ou que ces femmes ont une influence minimale, les chances de parvenir à un accord de paix diminuent considérablement. La participation de groupes de femmes est également liée à des taux de mise en œuvre beaucoup plus élevés une fois qu’un accord est conclu.

L’ONU, les organisations sous-régionales et la société civile font déjà un excellent travail pour susciter la participation des femmes dans la médiation à l’échelle locale. Le Canada est fier d’appuyer trois initiatives de ce type :

  1. La première a lieu au Burundi, où les femmes ont historiquement joué un rôle important en tant qu’agentes de paix. Le Canada est donateur au Fonds des femmes pour la paix et l’aide humanitaire, qui a accompli un travail exemplaire en matière de médiation et de règlement pacifique des différends. En partenariat avec ONU Femmes, le Fonds a créé un réseau national de femmes médiatrices qui organisent des dialogues à l’échelle locale, travaillent avec les autorités provinciales et locales et organisent des dialogues communautaires. En deux ans seulement, ce Fonds a permis à des centaines de femmes médiatrices d’intervenir dans des milliers de conflits locaux, empêchant souvent qu’ils dégénèrent en hostilités armées.
  2. Ensuite, le Canada a financé des efforts pour intensifier l’engagement des femmes, des jeunes et des églises à l’appui du processus de paix dirigé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (AIGD) au Soudan du Sud. Nous parrainons également un conseiller en matière d’égalité des sexes au sein de l’AIGD, dont la tâche est de veiller à ce que les points de vue des femmes soient diffusés et intégrés aux négociations de processus de paix. Le rôle constructif des femmes, des jeunes et des églises a eu une grande incidence sur l’accord de paix signé en juin. D’ailleurs, c’était l’un des sujets abordés le mois dernier par des jeunes de partout au Canada qui se sont réunis à Edmonton, en Alberta, pour la conférence « South Sudan Youth of Canada ».
  3. Enfin, le travail extraordinaire accompli par les ambassadeurs de la paix au Mali est un autre exemple d’initiatives menées par des jeunes et des femmes qui génèrent un changement pacifique dans les régions touchées par des conflits. Les campagnes pour la paix, comme celles organisées par l’ONG Search for Common Ground, utilisent la radio comme outil pour assurer la transmission auprès du grand public et des autorités locales d’informations exactes, constructives et adaptées aux situations de conflit sur les besoins et les droits des femmes.

Ces initiatives illustrent à quoi doit ressembler de la médiation efficace sur le terrain, au quotidien. Elles prennent la forme de dialogues communautaires pour la paix, de surveillance des alertes rapides, de diffusion de renseignements et d’un engagement politique actif.

Monsieur le Président,

De la Colombie au Yémen, de l’Afghanistan à la Guinée-Bissau, les efforts de médiation et de dialogue auxquels participent les femmes et les jeunes ont permis de réaliser des progrès qui n’auraient pas été possibles autrement.

L’ONU a fait des progrès importants dans le renforcement de la médiation inclusive, notamment grâce à :

Cependant, malgré ces nombreux exemples, les préjugés et l’intimidation dissuadent trop souvent les femmes et les jeunes de participer aux processus de paix.

Si nous voulons parvenir à une résolution des conflits significative et durable, nous devons continuer à travailler ENSEMBLE – avec les agences onusiennes, les organisations régionales et les partenaires de la société civile – pour impliquer et mobiliser de manière systématique et significative les femmes et les jeunes afin qu’ils puissent devenir les architectes d’une paix durable.

Je vous remercie.

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