Déclaration du Canada au Conseil de Sécurité des Nations Unies au Débat sur les opérations du maintien de la paix, livré par Ambassadeur Marc-André Blanchard
Le 12 septembre, 2018
Madame la Présidente,
Permettez-moi d’abord de remercier les États-Unis d’avoir convoqué ce débat important. Permettez-moi aussi de remercier Monsieur Jean-Pierre Lacroix, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, et Madame Sarah Blakemore de l’ONG Keeping Children Safe de ses interventions inspirantes.
Aux yeux de la population locale, la réussite des opérations de maintien de la paix est tributaire de la crédibilité, de l’intégrité et de la réputation des Nations Unies. Des éléments de plus en plus nombreux montrent que le fait d’accroître la participation significative des femmes à tous les niveaux des opérations de paix peut améliorer l’efficacité en amenant des perspectives éclairantes, en aidant à bâtir la confiance auprès des collectivités locales et en renforçant la connaissance de la situation par l’accès à une diversité élargie de renseignements sur la dynamique d’un conflit. Les femmes mettent à profit des atouts inestimables dans les opérations de paix des Nations Unies, et leur apport favorise la sûreté et la sécurité des soldats du maintien de la paix ainsi que l’efficacité opérationnelle des missions.
Depuis l’adoption de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité il y a 18 ans, les Nations Unies n’ont pas cessé de fixer des cibles pour le déploiement accru des femmes dans un rôle en uniforme au sein des opérations de la paix. Malheureusement, nousnesommespasen voie d’atteindre ces cibles. Que faudra-t-il? Nous devons manifester un engagement politique au plus haut niveau dans un large éventail de pays, y compris les pays contributeurs de troupes et les gouvernements hôtes.
Madame la Présidente,
Le Canada a du travail à faire au pays aussi. Beaucoup trop de femmes au Canada continuent d’être victimes de discrimination et de violence fondée sur le sexe. Il est prioritaire pour mon gouvernement de relever efficacement ces défis. Dans le contexte du maintien de la paix, nous le faisons en cherchant activement à recruter plus de femmes dans les Forces armées canadiennes, à augmenter le nombre de femmes canadiennes participant à un déploiement dans le cadre d’opérations multinationales et à mieux tenir compte des considérations d’égalité entre les sexes dans la façon dont notre gouvernement travaille.
Grâce à une collaboration efficace et au leadership audacieux des pays contributeurs de troupes, nous pouvons recruter, entraîner et déployer beaucoup plus de femmes pour les opérations des Nations Unies. Mais le déploiement n’est pas suffisant en soi – la direction de missions doit aussi tirer parti de la contribution et du rendement des femmes en uniforme participant à un déploiement dans leurs missions. Pour y parvenir, une réflexion honnête s’impose dans les quartiers généraux, dans les missions et dans les pays contributeurs concernant les obstacles et les préjugés qui persistent. Augmenter le nombre de femmes qui partent en missions d’opérations de maintien de la paix – et tenir compte des considérations d’égalité entre les sexes – améliorera sensiblement les résultats en matière de maintien de la paix.
Le Canada contribue à ces efforts à titre de priorité nationale. Depuis 2014, les services de police canadiens ont été à l’avant-plan d’une initiative des Nations Unies visant à fournir une formation de présélection aux policières aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et nous avons collaboré avec les Nations Unies pour offrir le cours de développement de commandement à l’intention d’agentes de police supérieures, préparant plus de 130 femmes chefs des forces policières à exercer un rôle de leadership au sein des composantes de police des Nations Unies. En novembre dernier, le Canada a lancé l’Initiative Elsie sur les femmes dans les opérations de paix parce que nous croyons qu’une combinaison réfléchie d’assistance technique, de formation, d’incitatifs financiers et de recherche peut contribuer à accélérer le changement transformationnel et les progrès pour atteindre les objectifs des Nations Unies. La ministre des Affaires étrangères du Canada attend informera les États membres de l’évolution de l’initiative à l’occasion d’un événement organisé en marge de la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale plus tard ce mois-ci. Vous pouvez aussi être assurés que nous continuerons de jouer un rôle actif dans les progrès concrets réalisés relativement à ces questions si nous sommes élus pour servir au Conseil de sécurité pour le mandat de 2021-2022.
Madame la Présidente,
Permettez-moi à présent d’aborder la question de l’exploitation et des abus sexuels. Je suis heureux qu’elle ait été incluse dans ce débat sur le maintien de la paix. Il s’agit manifestement non seulement d’une question touchant la conduite et la discipline, mais aussi le rendement, l’efficacité et la légitimité. Les incidents d’exploitation et d’abus sexuels minent la crédibilité des opérations des Nations Unies en brisant la confiance entre la mission et les collectivités qu’elles servent.
Nous devons travailler ensemble pour mettre un terme à l’exploitation et aux abus sexuels. Le Canada est un ardent défenseur de la mise en œuvre intégrale de la politique de tolérance zéro des Nations Unies. Nos efforts pour concrétiser cette politique doivent couvrir l’intégralité du système des Nations Unies, ainsi que les cadres nationaux des pays contributeurs de troupes et de forces de police. Les victimes doivent pouvoir accéder à un système unique, intégré, adapté aux besoins et humain qui les traite avec dignité, peut instruire les demandes et offrir une voie vers la justice et la restitution. Bien que le Secrétaire général ait été catégorique dans son message voulant que l’exploitation et les abus sexuels soient inacceptables, ce message ne s’est pas encore traduit par des efforts concrets dans l’ensemble des opérations des Nations Unies. Seul un leadership solide peut en venir à bout.
L’objectif est clair : une intervention globale mise en œuvre de façon uniforme dans l’ensemble du système des Nations Unies pour prévenir l’exploitation et les abus sexuels, et y répondre, et pour aider les victimes. De la même façon, il faut faire plus pour préciser le rôle du porte-parole des droits des victimes et, de façon plus générale, la façon dont une approche centrée sur la victime devrait être formulée dans la politique et dans la pratique. La stratégie du Secrétaire général repose non seulement sur le fonctionnement efficace des mécanismes clés, y compris le Bureau du Coordonnateur spécial, le Bureau du porte-parole des droits des victimes et la Caisse d'assistance aux victimes. Ces bureaux doivent avoir assez de ressources pour s’atteler à une tâche de cette envergure. Néanmoins, des efforts beaucoup plus importants doivent être faits pour assurer la responsabilisation et modifier fondamentalement notre approche collective afin que nos interventions soient centrées sur la victime.
Madame la Présidente,
À l’occasion de la Réunion des ministres de la Défense sur le maintien de la paix des Nations Unies à Vancouver l’année dernière, le Canada a accueilli 80 États membres et cinq organisations internationales pour examiner comment nous pouvons mieux entreprendre les opérations de paix. Il est indispensable que les pays contributeurs de troupes et de forces de police collaborent pour assurer la disponibilité fiable et prévisible des capacités pour répondre aux besoins cruciaux des opérations des Nations Unies. Il est tout aussi important que nous travaillions ensemble pour trouver de nouvelles façons de répondre aux besoins qui optimisent les ressources limitées.
Pour conclure, j’aimerais souligner encore une fois que l’amélioration des résultats en matière de maintien de la paix constitue une tâche complexe. Accroître la participation significative des femmes et s’attaquer à l’exploitation et aux abus sexuels sont des volets essentiels de cet effort. Comme je l’ai dit plus tôt, une partie de cet effort commence chez nous au Canada. Nous devons tous travailler avec nos institutions nationales respectives. Et nous devons nous aider mutuellement et apprendre les uns des autres. Tenez pour certain que le Canada consultera les membres de ce conseil, d’autres États membres, la société civile et des experts pour déterminer ce qui fonctionne. Nous devons tous encourager, inciter et aider les Nations Unies à atteindre ses objectifs. Nous bénéficions tous d’un monde plus sûr. Nous devons travailler ensemble pour y parvenir.
Merci.
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