Allocution prononcée par l’Ambassadeur Marc-André Blanchard au Débat du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur le « Renforcement du multilatéralisme et rôle de l’ONU »
9 novembre 2018
Je remercie la présidence chinoise d’avoir choisi d’ajouter cette question à l’ordre du jour du Conseil de Sécurité.
Je suis frappé par le nombre d’États membres qui veulent contribuer à cette conversation.
Et nous voulons tous y répondre de manière significative.
Il convient tout d’abord de nous rappeler pourquoi le multilatéralisme est important et ce qu’il signifie pour notre planète et ses habitants.
Au Canada, le multilatéralisme nous fait bien entendu penser au travail des Casque bleus qui œuvrent afin de protéger les civils.
Nous célébrons le fait qu’il y a eu moins de morts au cours de la première décennie du présent siècle que dans toute décennie du 20e siècle.
Nous songeons aux plus de 80 millions de personnes dans plus de 80 pays qui bénéficient de l’appui du Programme alimentaire mondial chaque année.
Nous pensons aussi au travail effectué par l’OACI concernant l’aviation civile, par l’OMI sur les voies maritimes, par l’OMC sur le développement du commerce inclusif et par l’OMS pour éradiquer la variole, et bientôt – nous l’espérons – la polio.
Bien que ce système soit imparfait, la plupart d’entre nous y voient des avantages. C’est pourquoi nous tenons tant à le maintenir.
Nous reconnaissons qu’aucun pays seul ne peut affronter les défis qui se pointent à l’horizon au 21e siècle.
Nous sommes d’accord pour dire que le multilatéralisme est en soi un programme positif, un effort collectif en vue d’un gain commun.
Mais nous voyons aussi des défis multiples.
Les résultats continuent d’être répartis de façon inégale.
Les règles du jeu sont loin d’être équitables. Trop de gens sont laissés pour compte.
Et les règles ne sont malheureusement pas appliquées par tous.
Nous constatons des violations constantes des droits de la personne du droit international humanitaire à travers le monde et un manque d’imputabilité pour les crimes graves.
L’imputabilité n'est pas un luxe offert uniquement lorsque les circonstances le permettent. C’est la base de notre interaction, entre États, et avec nos citoyens.
La reddition de comptes n’est pas un luxe que l’on ne peut s’offrir que lorsque les circonstances le permettent. C’est le fondement de nos interactions avec les autres États et avec nos citoyens.
La Charte des Nations Unies nous oblige à agir dans l’intérêt supérieur de l’humanité, à proclamer à nouveau notre – et je cite – « foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites ».
La Charte est à la base de nos interventions sur un ensemble d’obligations que les États membres acceptent au moment de leur adhésion et qu’ils doivent respecter par la suite.
Le défi à venir du multilatéralisme sera de déterminer si nous choisissons de nous montrer à la hauteur de nos obligations. Si chacun accepte de faire sa juste part.
Si nous décidons de mettre en œuvre pleinement les Pactes mondiaux que nous avons conclus, sur les changements climatiques, les migrations et les réfugiés. Si nous mettons en œuvre les ODDs.
Nous devons écouter les voix de ceux qui ont été laissés pour compte.
Le multilatéralisme est trop souvent associé à une bureaucratie inefficace, déconnecté de la réalité des personnes qu’il vise à aider. Nous ne pouvons pas balayer ces critiques sous le tapis.
Nous devons nous attaquer au déficit de confiance, tant au sein de l'ONU que dans le contexte multilatéral plus large, en nous engageant, en écoutant, et en étant ouverts au compromis.
Et nous devons nous engager à réformer l'ONU et nos propres institutions pour les rendre plus transparentes, inclusives, efficaces et imputables.
Le multilatéralisme ne consiste pas à faire du cabotinage et à prêcher. Il ne s'agit pas d'adopter les mêmes résolutions année après année.
Il s'agit d'écouter les uns les autres, d'apprendre des uns des autres, de trouver des solutions ensemble et de faire avancer les choses pour notre peuple et notre planète.
Le Canada s’est engagé à contribuer à bâtir un monde meilleur où l’ordre international fondé sur des règles est inclusif et durable, et où ses avantages sont répartis plus équitablement.
C’est pourquoi le Canada cherche à obtenir un siège non permanent au Conseil de sécurité en 2021-2022.
Ensemble, nous pouvons renouveler et revitaliser les institutions que nous avons passé plus de sept décennies à bâtir.
Trouvons des occasions de travailler ensemble de bonne foi et en partenariat pour bâtir un monde plus sûr, plus juste et plus sécuritaire, un monde où personne n’est laissé pour compte.
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