Déclaration de L’honorable Maryam Monsef, Ministre du Développement international Ministre des Femmes et de l’Égalité des genres à la 63e session de la Commission de la condition de la femme de l’Organisation des Nations Unies
Le 12 mars 2019
New York
Le texte prononcé fait foi
Madame la Présidente, c’est un honneur pour moi de diriger une fois de plus la délégation canadienne et de représenter devant vous un gouvernement qui a parcouru tant de chemin vers la création d’une société où toutes et tous sont égaux, sans égard à leur identité de genre; un honneur aussi de m’adresser à vous à titre de ministre canadienne du Développement international et toute première ministre des Femmes et de l’Égalité des genres du pays.
Avant de commencer, j’aimerais offrir mes condoléances, au nom du gouvernement du Canada, aux amis et aux familles des victimes de l’écrasement d’un avion d’Ethiopian Airlines. Je tiens également à rendre hommage à la mémoire des travailleuses et des travailleurs humanitaires ainsi que du personnel des organismes des Nations Unies.
Nous qui participons à cette session de la Commission voulons, toutes et tous, réaliser l’égalité entre les sexes. Cependant, malgré notre hâte de la voir se concrétiser, nous savons qu’elle ne dépend pas que de nous.
Nous savons qu’il nous faut collaborer avec d’autres au Canada, dans le monde, dans le secteur privé et dans l’appareil onusien pour y arriver. Ces autres incluent des gouvernements et le monde associatif, y compris le mouvement des femmes et ses organismes.
Nous savons aussi que nous allons devoir faire preuve d’innovation dans notre façon de penser les interventions et dans les approches employées. Par exemple, pendant sa présidence du G7, l’an dernier, le Canada a innové en mettant sur pied un Conseil consultatif sur l’égalité des sexes, formé de féministes influentes et respectées venant des quatre coins du monde. Son rôle : conseiller et interpeller. Nous nous réjouissons de voir que la France a décidé de reconduire cette initiative cette année, durant sa présidence.
Sur la scène internationale, l’avancement de l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes sont au cœur de toutes les interventions du Canada depuis l’adoption de notre Politique d’aide internationale féministe. D’ici 2022, 95 % de notre aide bilatérale au développement ira à l’avancement de l’égalité des sexes. Nous avons presque atteint cet objectif. En 2017-2018, nous étions déjà à 90 %.
À l’intérieur de nos frontières, la prise en compte du genre fait maintenant partie intégrante du processus budgétaire. De fait, nous appliquons une optique diversitaire et inclusive non seulement aux budgets, mais à toutes les décisions qui ont trait aux dépenses et programmes. Nous donnons à cette optique le nom d’analyse comparative entre les sexes plus ou, tout simplement, ACS+.
Parmi les mesures importantes récemment adoptées par le Canada, il faut aussi souligner la création d’un ministère distinct consacré aux femmes et à l’égalité de genre — je suis d’ailleurs fière d’en être la première titulaire.
Par l’entremise de ce ministère, nous réalisons des investissements substantiels dans les groupes de femmes, parce que nous savons qu’ils sont les assises du mouvement des femmes et que la meilleure façon de faire progresser l’égalité, c’est de donner à ces groupes les moyens de durer et de croître.
L’approche explicitement féministe de notre gouvernement a produit des avancées majeures, et j’aimerais vous faire part de trois d’entre elles.
Première avancée : l’équité salariale.
Nous avons adopté une loi proactive sur l’équité salariale afin d’aider à refermer l’écart salarial entre les femmes et les hommes. Cette loi représente un jalon historique, et non seulement elle améliorera la sécurité financière des Canadiennes, mais elle contribuera aussi à la croissance de la classe moyenne et au renforcement de notre économie.
Deuxième avancée : des logements sûrs.
Grâce à notre nouvelle Stratégie nationale sur le logement, un million de familles au Canada auront accès à un logement abordable. Trente-trois pour cent des investissements réalisés dans le cadre de la stratégie sont réservés aux femmes qui fuient la violence et à leur famille, afin qu’elles puissent se loger en toute sécurité.
Troisième avancée : lutte contre la violence fondée sur le sexe.
Nous avons lancé la toute première stratégie fédérale pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe, et investi plus de 200 millions dans sa mise en œuvre. La stratégie a pour but de soutenir directement les survivantes et leur famille, ainsi que d’augmenter la réactivité de l’appareil juridique aux besoins. Cela comprend un financement ciblé et un soutien aux groupes mal desservis et qui sont exposés de façon disproportionnée au risque de subir de la violence fondée sur le sexe au Canada, notamment les femmes et les filles autochtones. Nous avons aussi créé un centre du savoir sur la violence fondée sur le sexe, afin de soutenir les organismes qui interviennent auprès de personnes ayant survécu à de telles violences, ainsi que de diffuser les données et les meilleures pratiques dans ce domaine.
Il n’y a pas une initiative, pas un dossier qui ne comporte une dimension genrée. Lorsqu’on en prend conscience, on peut concevoir des systèmes de protection sociale, des infrastructures et des initiatives d’autonomisation qui tiennent adéquatement compte du genre.
C’est vrai partout dans le monde. Au Canada, nous avons décidé qu’il était temps que ça change et nous avons entrepris d’adapter nos pratiques d’aide humanitaire. La nouvelle approche valorise le point de vue des femmes et des filles et leur participation aux décisions.
Ce projet me tient personnellement à cœur parce que ma présence devant vous atteste de ce qui est possible. Je suis arrivée enfant au Canada comme réfugiée, avec ma mère et mes deux sœurs. Nous y avons été accueillies à bras ouverts; on nous a encouragées à nous exprimer, à réaliser notre potentiel. Qui eût cru que je serais la première personne d’origine afghane élue au Parlement du Canada et aussi la première musulmane à siéger au Cabinet? Aujourd’hui, je m’emploie à faire en sorte que la prochaine génération de Canadiennes, incluant la jeunesse Autochtone, jouisse des mêmes possibilités.
Le Canada est fier de présenter ses réalisations, mais reste humble et souhaite tout autant apprendre de ses partenaires internationaux.
D’ailleurs, la perspective d’accueillir chez nous la conférence Women Deliver en juin, à Vancouver, nous enthousiasme. Cette conférence internationale est en effet la plus importante consacrée à la santé, aux droits et au bien-être des femmes et des filles. Elle s’inscrit de surcroît dans un mouvement égalitaire qui préconise l’égalité pour toutes et tous, indépendamment de leur genre ou lieu de résidence. Nous espérons que vous ne raterez pas cette occasion de partager vos idées et meilleures pratiques.
Nous pouvons construire ensemble un monde plus égalitaire. J’ai foi dans notre capacité à concrétiser cet important objectif et je me réjouis à la perspective de travailler en ce sens avec vous, nos partenaires internationaux.
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