Débat ouvert du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes participant à des opérations de maintien de la paix – Déclaration du Groupe des amis des femmes, de la paix et de la sécurité
11 avril 2019
Madame la Présidente,
Monsieur le Président,
C’est avec plaisir que je m’adresse à vous au nom du Groupe des amis des femmes, de la paix et de la sécurité, un réseau informel de 57 États membres présidé par le Canada et représentant les cinq groupes régionaux des Nations Unies.
Inclure les femmes dans les opérations de paix des Nations Unies est primordial et pertinent. La résolution 1325 reconnaît l’importance de la participation équitable et de l’implication entière des femmes dans tous les efforts de maintien et de promotion de la paix et de la sécurité. En matière de maintien de la paix, le Conseil de sécurité se montre résolu à reconnaître le rôle indispensable des femmes, et continue à souligner la nécessité d’augmenter le nombre de femmes civiles et en uniforme dans les opérations de paix, notamment par les résolutions 2242, 2378, 2382 et 2436. Les pays contributeurs de contingents militaires et policiers ont abondé dans ce sens, entre autres par l’initiative Action pour le maintien de la paix. Dans l’ensemble, augmenter la participation des femmes dans les opérations de paix contribue à la mise en œuvre efficace du Programme de développement durable à l’horizon 2030, y compris de l’Objectif de développement durable (ODD) 5 sur l’égalité entre les sexes et de l’ODD 16 sur la paix, la justice et les institutions efficaces.
Des données et notre expérience révèlent que la présence des femmes dans les missions augmente l’efficacité des opérations de paix. Elles apportent en effet des points de vue intéressants, améliorent la connaissance de la situation, augmentent la portée de la protection des missions, améliorent l’accès des populations aux services essentiels et aident à gagner la confiance des collectivités locales. Ainsi, la sécurité des soldats de la paix et des collectivités desservies est accrue, tout comme l’efficacité opérationnelle des missions.
Malgré les obstacles persistants auxquels elles se heurtent, les femmes ont démontré à maintes reprises leur capacité à effectuer les mêmes tâches que les hommes, et ce, selon les mêmes exigences et conditions difficiles.
Le Groupe applaudit les efforts entrepris par le Secrétariat, en particulier la Stratégie sur la parité entre hommes et femmes en uniforme du Département des opérations de paix, pour augmenter le nombre de femmes en uniforme. Nous sommes engagés à contribuer à l’atteinte des objectifs qui y sont énoncés. Cela dit, nous insistons sur le fait qu’il ne s’agit pas uniquement d’une question de chiffres. Les femmes doivent être en mesure de participer pleinement et utilement aux opérations de paix à tous les niveaux et dans tous les postes; qu’elles agissent comme civiles, policières ou militaires, dans des fonctions de direction ou au sein d’équipes de mission intégrées. En outre, les efforts pour réduire les obstacles à la participation des femmes et développer des normes institutionnelles pour promouvoir leur sécurité, comme des formations sur le harcèlement sexuel, la prévention des abus et les interventions possibles, sont critiques.
Nous sommes également heureux de constater que les objectifs sexospécifiques de cette stratégie ont été atteints, dont l’augmentation du déploiement de membres des forces policières et militaires des deux sexes et la nomination de femmes à des postes de commandement lors de missions.
Malgré ce progrès, nous ne réussissons toujours pas à garantir l’intégration complète des femmes dans les opérations de paix. Moins de 5 % des membres de contingents militaires et moins de 8 % des membres d’unités de police constituées sont des femmes, et seulement 22 % des civils participant à des opérations de paix sont des femmes. La situation est encore plus critique en ce qui a trait à la présence de femmes en uniforme dans les rangs supérieurs des opérations de paix.
Nous devons faire mieux.
Bien que certains efforts aient été déployés par les Nations Unies, il incombe aux pays contributeurs en soldats et en policiers de recruter, de former, de soutenir, d’équiper et de déployer des femmes dans des opérations de paix.
Tous ces pays devraient passer en revue de façon exhaustive leurs critères et leurs procédures de déploiement dans les opérations de paix des Nations Unies. Ce processus doit tenir compte des obstacles persistants auxquels se heurtent les femmes, notamment ceux relatifs au recrutement, à la formation, aux initiatives de promotion, aux restrictions quant à la profession, à l’accès aux occasions de déploiement, aux défis institutionnels liés à la structure des services de sécurité et aux contraintes liées à l’attitude. Nous ne pouvons tout simplement pas réaliser les progrès souhaités dans les opérations de paix des Nations Unies sans montrer l’exemple d’abord.
À cette fin, les stratégies et les plans d’action nationaux sur les femmes, la paix et la sécurité peuvent servir d’outils importants pour accélérer les engagements envers les femmes dans les opérations de paix. Nous encourageons l’adoption et la révision de ce type de plan pour favoriser le recrutement de femmes, leur rétention et leur déploiement dans les services de sécurité soutenant des opérations de paix.
Finalement, le Groupe note que l’augmentation du nombre de femmes dans les opérations de paix doit être accompagnée d’efforts soutenus envers l’atteinte des engagements des Nations Unies visant à intégrer les considérations liées au genre à ces opérations. Pour être couronnées de succès, les opérations de paix doivent être dotées d’analyses comparatives entre les sexes et d’une expertise à tous les niveaux et à toutes les étapes d’une mission. Sur cette question, la contribution des conseillers en matière d’égalité entre les sexes et des conseillers pour la protection des femmes ne peut pas être sous-estimée, et nous insistons sur l’importance de s’assurer qu’ils ont accès aux ressources et aux formations dont ils ont besoin pour accomplir leur rôle essentiel.
Ensemble, nous pouvons augmenter l’efficacité des opérations de paix et faire en sorte qu’elles reflètent mieux les collectivités qu’elles desservent.
Merci.
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