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Déclaration nationale du Canada - Débat public sur les femmes, la paix et la sécurité Conseil de sécurité des Nations Unies

Le 29 octobre 2019

Monsieur le Président,

J’aimerais ajouter quelques mots d’un point de vue national.

J’aimerais remercier l’Afrique du Sud d’avoir présenté la résolution d’aujourd’hui. Tel que l’a indiqué le Président du Conseil ce matin, il est bon de voir un retour au consensus. Nous saluons l’accent mis par l’Afrique du Sud sur la pleine mis en œuvre.

Comme plusieurs, nous aurions aimé voir du langage plus for sur les femmes défenseurs des droits de la personne, la société civile, et les droits relatifs à la santé sexuelle et reproductive.

Monsieur le Président,

Comme bien des gens viennent de le souligner, le moment est venu de mettre les bouchées doubles pour la mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité dans son intégralité. Mais à quoi doit concrètement ressembler cette mise en œuvre si on veut obtenir les résultats escomptés?

Pour le Canada, c’est une question de transformation du mode de collaboration actuel.

Cette transformation est possible de trois manières : par des partenariats novateurs, de nouvelles formules de financement et la mise en valeur de l’inclusion.

Tout d’abord, les partenariats.

Le programme sur les femmes, la paix et la sécurité demande qu’on dépasse le cloisonnement institutionnel et social et que nous resongions à ce que cela signifie de mettre la femme au cœur de nos efforts de paix et de sécurité.

Au Canada, par exemple, le Plan d’action national consacré aux femmes, à la paix et à la sécurité est un partenariat entre neuf ministères et organismes, dont bon nombre ont des mandats d’envergure majoritairement nationale. Nous sommes conscients que la paix et la sécurité ne sont pas que des questions de politique étrangère et de défense. Partout dans le monde, les femmes, et surtout les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones au Canada même, font face à de multiples formes de violence et de discrimination.

Les partenariats établis sur la base d’un respect mutuel avec d’autres pays valent aussi leur pesant d’or. En 2020, le Canada coprésidera avec l’Uruguay le Réseau des points focaux pour les femmes, la paix et la sécurité, dans la continuité de l’excellent travail réalisé par la Namibie. Au sein de ce réseau, nous continuerons à mettre en place une communauté mondiale vouée à la mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité.

Nous innovons également dans la manière dont nous établissons des partenariats pour favoriser une participation significative des femmes. Dans le cadre de l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix, le Canada s’associe au Ghana, à la Zambie et au Sénégal pour déterminer et lever les embûches sur la voie de cette participation et trouver des interventions révolutionnaires pour faire de la place aux femmes au sein des services policiers et militaires.

C’est on ne peut plus clair : aucun pays ni aucune région n’a le monopole des bonnes idées.

Le Chef d'état-major de la Défense du Canada préside maintenant un réseau de ses homologues des Nations Unies axé sur les femmes, la paix et la sécurité, et invite tous les chefs d'état-major de la Défense à s'y joindre.  

La main dans la main avec nos nombreux partenaires, nous attendons avec impatience le jour où nous passerons du « nous devons en faire plus » au « nous avons réussi notre mission ».  

Ensuite, le Canada transforme le mode de collaboration en accordant des fonds à ceux qui en ont le plus besoin.

Ce sont des organisations de défense des droits des femmes sous-financées qui doivent réaliser tout le dur travail de mise en œuvre.

Les mouvements, il faut les financer.

Nous ne faisons que complexifier les travaux de mise en œuvre en exigeant que la transformation se fasse dans des cycles de financement courts et selon des budgets serrés.

C’est pourquoi le Canada a doublé son engagement pour le Fonds des femmes pour la paix et l’action humanitaire.

C’est pourquoi, plus tôt cette année, nous avons lancé le Fonds pour l’égalité afin d’inciter nos partenaires, notamment des entreprises privées, à fournir des ressources à un niveau sans précédent pour les organisations et mouvements pour les femmes.

C’est pourquoi nous avons pris un engagement de 650 millions de dollars sur trois ans pour rattraper le retard dans le domaine de la santé sexuelle et génésique (éducation sexuelle complète, amélioration des services de santé génésique, mesures de prévention et d’intervention contre la violence sexuelle et sexiste).

La santé sexuelle et reproductive n'est pas une monnaie d'échange. Nous ne pouvons pas utiliser la vie des femmes et leur autonomie corporelle comme du langage à négocier.

La SSRD est au cœur de ce programme, et elle doit continuer de l'être alors que nous réitérons nos efforts en vue de sa mise en œuvre intégrale.

Monsieur le Président,

Nous devons nous donner une cible en matière d’inclusion.

Où sont les jeunes, les femmes autochtones et les membres de la communauté LBTQI, par exemple?

Le prix de l’exclusion est trop élevé pour que nous puissions maintenir le statu quo. Le Conseil n’a cessé de répéter que les femmes méritent d’avoir leur place à la table des négociations, et pourtant partout dans le monde, en période de crise, les femmes sont exclues des décisions qui affectent leurs vies. Depuis assez longtemps déjà, nous avons exigé que les femmes justifient leur participation. Pour qu’elles fournissent « les données » et qu’elles expliquent « leurs contributions spéciales ».  Il est maintenant temps de mettre le fardeau de la justification sur ceux qui continuent d’exclure la moitié de la population.

La société civile est celle qui pourra réellement favoriser l’inclusion dans les travaux de mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité. La société civile n’est pas seulement un ensemble d’intervenants, c’est aussi un groupe de partenaires égaux : c’est elle qui nous montre comment renverser la vapeur lorsque la situation se dégrade.

À la lumière de la résolution d'aujourd'hui, nous remercions également la société civile, et en particulier le Groupe de travail des ONGs, d'avoir fait entendre la remarquable Alaa Salah et, à travers elle, la voix des femmes soudanaises. Et pour le leadership du Groupe qui nous a poussé à maintenir notre vision commune de cet agenda et qui nous a rappelé que nos acquis sont encore précaires.

Dans cet esprit, le Canada a entériné sa relation avec la société civile au moyen de son Plan d’action national et se fie toujours à elle pour le tenir responsable vis-à-vis de ses engagements.

Madame la Présidente/Monsieur le Président,

Si le Canada est élu au Conseil de sécurité pour 2021, sachez que nous continuerons de nous faire les champions du programme sur les femmes, la paix et la sécurité et que nous travaillerons avec nos collègues au sein de cette enceinte et de l’extérieur pour concrétiser nos aspirations de transformation pour ce programme. Nous devons faire ce travail, et le faire maintenant.

Merci.

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