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Débats des candidats du Groupe des États d'Europe occidentale et autres États (GEOA) pour les élections au Conseil de sécurité des Nations Unies — Déclaration d’ouverture de l’Ambassadeur Marc-André Blanchard

29 mai 2020

Merci beaucoup à la FMANU pour cette invitation et d’avoir tout coordonné.

C'est merveilleux qu’autant de collègues soient des nôtres. Vous me manquez tous beaucoup.

Je souhaite féliciter Mona et Geraldine, ainsi que chacune de leurs équipes, pour une fantastique campagne. Et quelle campagne cela a été pour les trois d’entre nous et nos équipes! D’ailleurs, nous savons combien il est ardu pour vous tous d’avoir à faire un choix entre nous.

Le Canada tente d’obtenir un siège au Conseil de sécurité en raison de notre profond engagement auprès de l’ONU et de la confiance que nous y accordons. Et parce que nous croyons pouvoir faire une différence importante en rendant le multilatéralisme plus inclusif et efficace. Et particulièrement dans le contexte actuel.

Comme pour le changement climatique, la COVID-19 nous rappelle chaque jour que les problèmes du monde ne peuvent pas être résolus de façon unilatérale ou bilatérale.

Cette crise concerne à la fois les vies et les moyens de subsistance. Cette crise souligne l’impact dévastateur des inégalités existantes dans chacun de nos pays et partout ailleurs dans le monde.  Mais pire, elle est en bonne voie d’accentuer ces inégalités, de rendre le monde plus fragile, plus instable et plus susceptible aux conflits.

Malgré cela, en cette période de crise mondiale, le Conseil de sécurité n'a pas été en mesure d’émettre même une seule déclaration. Nous connaissons tous les causes de l'impasse. Mais le triste constat demeure que le Conseil est absent.

Cela nuit à l’ONU comme institution et porte préjudice à chacun d’entre nous. Nous sommes en sécurité seulement si nous le sommes tous. Nous sommes forts seulement si nous le sommes tous.

Le Canada veut travailler avec vous tous pour améliorer le fonctionnement du Conseil. En dépit du fait que le Conseil soit souvent divisé, nous avons constaté à quel point les membres élus peuvent insuffler de la créativité et pousser à faire avancer les enjeux.

A titre indicatif, l'un des enjeux importants que nous souhaitons mettre à l'agenda de façon urgente a trait au multilinguisme.

Prenons simplement l’exemple de ce débat : les langues officielles du Canada sont le français et l’anglais. En un sens, c’est un avantage compétitif pour nous.  Pourtant, je ne peux en tirer profit ce matin et utiliser ma langue maternelle. Je sais que sans traduction, plusieurs ne me comprendrait peut-être pas.

Si nous continuons la pratique de rencontres virtuelles, les six langues officielles de l’ONU doivent pouvoir être utilisées. Il en va non seulement de l'inclusivité, mais aussi de la qualité de nos décisions.

Nous voulons travailler avec les membres élus pour approfondir la coopération, aborder les problèmes ensemble, construire à travers les priorités nationales. Et s’appuyer sur le travail de chacun.

Voilà comment le Canada aborde les défis mondiaux. Le Canada est suffisamment gros pour rassembler les gens. Mais nous sommes aussi suffisamment petits pour savoir que nous ne pouvons pas le faire seuls.

Si nous sommes élus, nous organiserons des séances formelles et informelles où nous vous écouterons. Nous écouterons vos préoccupations, vos expériences, vos suggestions. Non seulement après les consultations, mais aussi avant. Le fait d'apporter des points de vue divers, même au sein d'un Conseil divisé, améliore les résultats pour tous.

Nous apporterons également au Conseil notre engagement au sein de divers forums intergouvernementaux : l'OEA, l'ANASE, l'OSCE, la Francophonie et le Commonwealth, le G7 et le G20.

Nous sommes une nation de l’Atlantique, une nation Pacifique et une nation de l’Arctique. Nous sommes un pays du Nord avec des liens profonds et importants avec le Sud.

Le Canada est un défenseur important du système de l’ONU : le neuvième plus gros contributeur au budget de maintien de la paix de l’ONU, le sixième plus important donateur au Fonds de consolidation de la paix de l’ONU, et le huitième plus gros contributeur aux fonds, programmes et agences des Nations Unies. Notre financement soutenu et prévisible a contribué à maintenir les activités de l'ONU pendant la crise de liquidité.

Pour que l’ONU puisse répondre aux besoins des populations du monde entier, nous devons renforcer l'ONU dans son ensemble. Éliminer les silos et s’appuyer sur les diverses réformes.  Nous devons bâtir des liens plus significatifs entre le Conseil et l'Assemblée générale. Et avec la Commission de consolidation de la paix. Et avec le Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix, le C 34.

Nous ne pouvons pas prétendre créer les conditions de paix sans construire des économies plus durables et inclusives. Il ne peut y avoir de paix si les gens ont faim et que peu d’opportunités qui s’offrent à eux.

Nous savons combien plusieurs pays, en particulier les plus petits et les plus vulnérables, se sentent exclus des processus où sont prises les décisions essentielles ayant trait à l'économie mondiale.

Voilà pourquoi, juste hier, le Premier ministre du Canada a convoqué conjointement avec le Premier ministre Holness de la Jamaïque et le Secrétaire général une discussion sur les conséquences socioéconomiques de la COVID-19. Des questions clés nous ont guidés :

Comment allons-nous faire redémarrer la reprise économique ?

Comment allons-nous nous assurer de ne pas effacer les gains durement gagnés en matière d’ODDs ?

Comment allons-nous empêcher l’effondrement de certaines économies et sociétés vulnérables ?

Nous avons grandement apprécié la participation de plus de 50 chefs d’État et de gouvernement.  Hier soir, le SG m’a mentionné qu’en dehors de l’AGNU, il avait rarement vu autant de chefs d’État et de gouvernements à une réunion de l’ONU.

Le message était clair. Le temps joue contre nous. Une solidarité mondiale, des partenariats innovants et des approches inclusives sont nécessaires de toute urgence.

C'est ce que le Canada aime faire. Convoquer les pays à propos d’enjeux difficiles et urgents qui nécessitent des solutions concrètes.

Cela ne nous dérange pas de sortir des sentiers battus. Cela ne nous dérange pas d’aborder le problème dont personne ne veut parler. C'est ainsi que l’on établit la confiance, que l’on trouve un terrain d'entente, que l’on adapte les institutions à leurs objectifs et que l’on obtient des résultats

Comme le dit le Premier ministre Trudeau, la diversité est la force du Canada. Nous apporterons cet effet de levier de la diversité – et un engagement en faveur de l'inclusion – à la table du Conseil. Cela permet de prendre de meilleures décisions et de meilleurs résultats.

Enfin, ce que j'espère que vous savez aussi à propos du Canada, c’est que nous défendons nos positions.

Cela fait 20 ans depuis que le Canada a siégé au Conseil. Les idées que nous avons parrainées en partenariat avec vous, notamment les femmes, la paix et la sécurité et la protection des civils, sont désormais intégrées dans toutes les délibérations du Conseil. Cela a amélioré notre réponse collective à la paix et à la sécurité.

Nous sommes à un autre moment décisif pour le système multilatéral.

Le lien entre développement et sécurité doit être plus étroit. Au même titre que le changement climatique, l’inégalité est clairement une cause profonde des conflits.

C'est pourquoi, avec la promotion de l'égalité des sexes, la lutte contre le changement climatique, le renforcement du multilatéralisme et le maintien de la paix, la sécurité économique est un pilier central de notre campagne.

Nous savons que pour prévenir les conflits et construire une paix durable, les populations ont besoin de débouchés économiques.

C’est ce genre de pensée novatrice et d'approche englobant l’ensemble de l'ONU que le Canada espère apporter au Conseil de sécurité en tant que membre élu.

Je vous remercie.

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