Déclaration nationale du Canada Conseil de sécurité des Nations Unies Débat ouvert sur les pandémies et la sécurité
2 juillet 2020
Monsieur le Président,
Le Canada remercie l’Allemagne d’avoir organisé cette vidéoconférence de haut niveau sur les pandémies et la sécurité.
Le Conseil de sécurité s’est déjà penché sur des crises sanitaires auparavant, en réagissant au VIH/sida et au virus Ebola en Afrique de l’Ouest et en République démocratique du Congo. La pandémie de COVID-19 est une menace à multiples facettes qui a d’importantes conséquences sur la paix et la sécurité internationales, et qui a des implications considérables pour le Conseil de sécurité.
Le Canada se félicite de l'adoption de la résolution 2532 du Conseil de sécurité, qui soutient l'appel du Secrétaire général en faveur d'un cessez-le-feu mondial face à la COVID-19. Le Conseil de sécurité doit veiller à ce que cette résolution essentielle et très attendue soit pleinement mise en œuvre.
Le Canada reconnaît également le rôle de leadership et de coordination de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans la réponse à la COVID-19. Le système international fondé sur des règles est essentiel pour nous aider à accomplir ensemble ce qu’aucun pays ne pourrait accomplir seul. En répondant à la pandémie de COVID-19, le Canada montre qu’il reste pleinement déterminé à faire progresser le multilatéralisme et la coopération multisectorielle en matière de santé et de sécurité mondiales afin de garantir notre santé, notre prospérité et notre sécurité collectives.
Monsieur le Président,
Si la pandémie de COVID-19 a attiré l’attention du monde entier sur les effets dévastateurs des maladies infectieuses, les menaces pour la sécurité sanitaire mondiale ne sont pas nouvelles. La semaine dernière, la République démocratique du Congo est sortie d’une bataille de près de deux ans contre le virus Ebola. Ces dernières années, d’autres pays et régions ont été frappés par des épidémies d’autres maladies dévastatrices. Ensemble, ces foyers, ces épidémies et ces pandémies révèlent deux vérités indéniables.
Tout d’abord, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer les capacités de prévention, de détection et de réaction à toutes sortes de menaces de maladies infectieuses, qu’elles soient d’origine naturelle, accidentelle ou délibérée. Lors de son intervention devant ce Conseil le 9 avril dernier, le secrétaire général António Guterres a exposé une série de menaces pour la sécurité découlant de la pandémie, notamment les risques accrus de bioterrorisme. Dans ce contexte, depuis près de deux décennies, le Programme canadien de réduction de la menace liée aux armes de destruction massive (PRMADM) prévoit des mesures concrètes pour aider à renforcer les capacités en matière de santé et de sécurité dans le cadre de notre contribution au Partenariat mondial contre les armes de destruction massive et matières connexes, dirigé par le G7. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, le renforcement des capacités assuré par le PRMADM soutient la réponse mondiale à la COVID-19, notamment les laboratoires biologiques en Afrique, au Moyen-Orient et dans les Caraïbes et un système d’alerte précoce des maladies infectieuses dans la région de l’ANASE.
Ensuite, le Conseil de sécurité doit accorder une plus grande attention à la sécurité sanitaire mondiale. La vidéoconférence ouverte d’aujourd’hui est un premier pas que l’on accueille favorablement. Le Conseil devrait envisager d’organiser d’autres séances d’information sur les conséquences des problèmes de sécurité sanitaire mondiale sur la paix et la sécurité internationales. Le Canada a récemment rejoint la République de Corée, le Danemark, le Qatar et la Sierra Leone pour lancer le Groupe des amis de la solidarité pour la sécurité sanitaire mondiale. Les coprésidents du Groupe, qui comprend 41 membres de toutes les régions, sont prêts à soutenir l’examen global de la sécurité sanitaire mondiale par le Conseil de sécurité pour aller de l’avant.
Monsieur le Président,
La COVID-19 affecte la vie et les moyens de subsistance des gens partout dans le monde, et elle aura des implications sur le travail du Conseil de sécurité pour les années à venir.
La pandémie est une crise dont les conséquences sont profondément humaines. La COVID-19 touche de manière plus aiguë les femmes et les enfants qui connaissent déjà la pauvreté, l’exclusion et la marginalisation, et qui sont touchés de manière disproportionnée lors des conflits armés et des urgences humanitaires. Les personnes des communautés LGBTQI, les personnes handicapées, les Autochtones et les autres groupes minoritaires sont également touchés de manière disproportionnée et risquent d’être davantage stigmatisés, de servir de boucs émissaires et d’être marginalisés.
C’est pourquoi le Conseil de sécurité doit se concentrer sur la protection des plus vulnérables afin de s’assurer que les civils ne sont pas confrontés à des difficultés croissantes attribuables à la COVID-19. La promotion et la protection des droits de la personne doivent également être au cœur de la réponse à la pandémie. Les initiatives qui soutiennent les droits, le bien-être, la santé et les besoins spécifiques des femmes et des filles, des personnes de la communauté LGBTQI, des Autochtones et de toutes les communautés vulnérables doivent continuer à bénéficier d’une attention et d’un financement adéquats.
La COVID-19 exacerbe également les urgences humanitaires existantes. Le Canada travaille avec ses partenaires pour répondre aux besoins des plus vulnérables et des pays les plus touchés. Cela comprend le soutien aux infrastructures de santé pour prévenir la propagation de la COVID-19, notamment dans les situations de conflit et les centres de détention. Le Canada salue la bravoure de tous les membres du personnel de santé et humanitaire qui, au péril de leur vie, continuent de fournir une aide vitale à ceux qui en ont besoin. Le Canada condamne fermement toutes les attaques dirigées contre le personnel médical et humanitaire et ses installations.
Les gains durement réalisés en matière de consolidation de la paix dans les États fragiles et touchés par des conflits sont également menacés. Le Canada met à profit son rôle de président de la Commission de consolidation de la paix pour se concentrer sur les risques que la pandémie pose pour la consolidation de la paix. Il existe un fort consensus sur l’importance de réponses cohérentes, intersectorielles et sensibles aux conflits. Cela est essentiel pour garantir que les pays sortant d’un conflit ne retombent pas dans l’instabilité et la violence.
Comme la pandémie peut contribuer à accroître l’instabilité dans les États fragiles et touchés par des conflits, le rôle des opérations de paix de l’ONU est absolument vital. Le Canada reconnaît le service et le sacrifice extraordinaires du personnel civil et en uniforme déployé dans le cadre des opérations de paix de l’ONU pendant la pandémie. Nous encourageons tous les États membres à assurer le paiement intégral et rapide des contributions mises en recouvrement, et à faciliter le mouvement du personnel et du matériel de l’ONU à travers les frontières internationales.
Nous devons également nous concentrer sur les effets socioéconomiques de la pandémie, qui exacerberont les inégalités, réduiront à néant les gains en matière de développement et alimenteront les causes profondes des conflits et de l’instabilité. À la suite de l’événement de haut niveau sans précédent du 28 mai sur le financement du développement à l’ère de la COVID-19 et au-delà, le Canada continuera de proposer des solutions concrètes à l’urgence du développement causée par la COVID-19. Une action décisive est nécessaire pour s’assurer que personne n’est laissé pour compte et que tous les pays se redressent et reconstruisent mieux.
Monsieur le Président,
Le Canada contribue aux efforts mondiaux concrets et qui favorisent l’égalité des genres dans le but de mettre fin à la pandémie de COVID-19 et de s’attaquer à ses effets dévastateurs et à ses multiples facettes sur les populations du monde entier.
Cela comprend l’accueil périodique d’un groupe de coordination des ministres des Affaires étrangères sur la COVID-19 pour coordonner les efforts mondiaux, la codirection avec le Royaume-Uni d’un groupe de contact des ministres du Développement pour assurer la cohérence et les retombées de l’aide internationale et la collaboration avec les partenaires internationaux pour maintenir les chaînes d’approvisionnement ouvertes et soutenir la reprise économique mondiale.
Le Canada continuera de favoriser la collaboration multilatérale afin de réduire les risques pour la paix et la sécurité de la COVID-19 et d’autres défis en matière de sécurité sanitaire pour tous, guidé par des considérations d’équité et de soutien aux plus vulnérables.
Merci.
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