Déclaration nationale du Canada pour la vidéoconférence ouverte du Conseil de sécurité des Nations Unies (débat) : « Les femmes, la paix et la sécurité : vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité – Mettre l’accent sur une meilleure mise en œuvre »
Le 29 octobre 2020
Monsieur le président/Madame la présidente,
Cette année d’anniversaire a été une année sans précédent. Alors que nous avions prévu célébrer les progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, il y a vingt ans, l’année 2020 a plutôt, ironiquement, prouvé la fragilité de ces progrès.
Les progrès chèrement obtenus en matière de promotion de l’égalité des genres et de l’inclusion se sont, dans certains cas, effrités en quelques mois seulement en raison de la COVID-19 et d’une réponse inadéquate à la pandémie. Les femmes et les communautés racialisées et marginalisées souffrent de manière disproportionnée de l’évolution des priorités gouvernementales, de l’augmentation de la violence conjugale, sexuelle et fondée sur le genre, de l’accès limité aux soins de santé sexuelle et reproductive et de l’insécurité économique.
Parallèlement, les femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix et qui défendent les droits de la personne montrent une fois de plus qu’elles sont des leaders essentielles dans les situations d’urgence et qu’elles jouent un rôle clé dans la satisfaction des besoins fondamentaux, la défense des droits de la personne et la prévention de nouveaux conflits et de l’instabilité.
Cette année, nous avons également été témoins d’expressions flagrantes et souvent violentes de racisme, et nous nous sommes vu rappeler à quel point la discrimination, la violence et le racisme fondés sur le genre sont profondément enracinés. Il est plus clair que jamais qu’un changement structurel profond est nécessaire.
Alors que le Canada élabore sa politique étrangère féministe et met en œuvre son deuxième plan d’action national pour les femmes, la paix et la sécurité, nous nous efforçons de remédier aux inégalités persistantes entre les femmes, les hommes, les filles et les garçons, et de transformer les relations de pouvoir ainsi que les systèmes et structures sociaux, politiques, juridiques et économiques discriminatoires.
Le Canada souligne que nous devons nous concentrer collectivement à combler les lacunes critiques dans la mise en œuvre complète du programme Femmes, paix et sécurité. En ce 20e anniversaire, les femmes et les filles comptent sur nous pour accroître notre détermination, et non la diminuer. Ceci inclut notamment le soutien et la protection des femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix et qui défendent les droits de la personne, le soutien à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, et le soutien d’un programme plus inclusif.
Nous félicitons le Conseil d’avoir invité des militants de la société civile à partager leur expertise avec ses membres. Les recommandations doivent maintenant être concrétisées en décisions éclairées quant aux mesures à prendre.
En écoutant les femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix et qui défendent les droits de la personne, nous nous assurons que nos politiques, nos programmes et nos interventions sont adaptés aux réalités sur le terrain.
En tant que coprésident, avec l’Uruguay, du réseau des responsables des questions liées au Programme sur les femmes, la paix et la sécurité, le Canada a entendu directement les témoignages de femmes de partout dans le monde qui œuvrent à la consolidation de la paix. Par-dessus tout, elles ont clairement fait savoir qu’elles ont besoin de soutien financier durable et fiable.
Pour combler cette importante lacune, le Canada a augmenté ses contributions financières, notamment au Fonds des femmes pour la paix et l’aide humanitaire et à l’initiative Fonds Égalité, une plateforme mondiale unique en son genre qui réunit des acteurs gouvernementaux, philanthropiques, du secteur privé et de la société civile afin de créer une source de financement durable pour les organisations et les mouvements de femmes pour les années à venir.
Mais nous devons faire plus. C’est pourquoi le Canada lancera un certain nombre de nouvelles initiatives, notamment une enveloppe financière consacrée aux femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix, qui met l’accent sur le soutien des efforts déployés à l’échelle communautaire.
Le Canada est également heureux d’assumer la coresponsabilité de la coalition d’action sur les mouvements et le leadership féministes, et d’être un membre catalyseur du GAFPS et du Pacte d’action humanitaire, deux initiatives importantes dans le cadre du Forum Génération Égalité. Nous nous réjouissons à l’idée de travailler avec nos partenaires pour accélérer les progrès.
Nous devons nous tenir, respectivement et collectivement, responsables de joindre le geste à la parole. Citons notamment le respect des engagements pris par les entités des Nations Unies opérant dans des situations de fragilité, de conflit et de crise, de consulter diverses organisations féminines de la société civile, en plus de s’y associer, pour éclairer leur analyse, leur planification et leurs programmes. S’ils sont mis en œuvre, ces engagements pourraient contribuer à de meilleurs résultats pour une paix durable.
Nous devons tous assurer le suivi de nos efforts, évaluer nos résultats et collaborer à l’échange de pratiques exemplaires. À cet égard, nous ne devons pas sous-estimer le pouvoir des plans d’action et des initiatives axés sur l’incidence et fondés sur des données probantes.
Par exemple, en tant que responsable de l’Appel à l’action pour la protection contre la violence fondée sur le genre dans les situations d’urgence, le Canada a lancé la feuille de route de l’appel à l’action pour 2021‑2025. En mettant davantage l’accent sur l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes et des filles, la localisation, l’intersectionnalité et le lien entre l’action humanitaire, le développement et la paix, la feuille de route nous donne l’occasion de prendre des engagements fermes qui s’harmonisent avec le Programme sur les femmes, la paix et la sécurité.
Dans le cadre de l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix, le Canada et la Norvège ont financé le développement d’un outil d’évaluation des obstacles, pour aider les institutions policières et militaires à améliorer l’intégration et le déploiement des femmes en uniforme. Cet outil a été rendu public, grâce à un financement disponible par l’entremise du Fonds de l’Initiative Elsie pour les femmes des Nations Unies qui permet de réaliser ces évaluations. Accroître la participation significative des femmes en uniforme aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies est une priorité.
L’inclusion est au cœur du Programme sur les femmes, la paix et la sécurité, que ce soit dans les opérations de maintien de la paix, à l’échelle communautaire, à la table des négociations ou dans les processus décisionnels : une paix durable ne peut coexister avec l’inégalité et l’exclusion. Le Canada est convaincu qu’en travaillant ensemble, en investissant intelligemment nos énergies et nos ressources et en mettant clairement l’accent sur nos objectifs, nous pouvons provoquer le changement transformationnel que la résolution 1325 a mis en branle et nous le ferons.
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