Déclaration nationale du Canada au débat public du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité
21 octobre 2021
Déclaration nationale du Canada prononcée par l'ambassadrice du Canada pour les femmes, la paix et la sécurité lors du débat public du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité le 21 octobre 2021 :
Madame la Présidente,
Je vais maintenant m’adresser au Conseil au nom du Canada. Je remercie sincèrement le Kenya pour ses efforts visant à permettre aux non-membres de s’exprimer, et j’espère que cela marque le retour à un Conseil de sécurité plus ouvert et inclusif.
Ce débat annuel est l’occasion de réfléchir au rapport du Secrétaire général et aux nombreux événements de l’année écoulée, qu’il s’agisse de la lutte contre la pandémie mondiale, du retour des talibans en Afghanistan ou de la découverte de sépultures anonymes dans d’anciens pensionnats pour enfants autochtones à l’intérieur de nos frontières.
Plus que jamais, le Canada est déterminé à réfléchir, et à avancer avec humilité. Nous voulons parler de nos réussites, mais nous sommes également résolus à parler de nos difficultés, sachant que nous avons tous beaucoup à apprendre sur le chemin qui mène à une véritable égalité des genres.
L’inconduite sexuelle au sein de nos propres forces armées est une question majeure qui a retenu l’attention des Canadiens cette année. Aucun service n’a été épargné, ni aucun grade, y compris un certain nombre de nos plus hauts dirigeants. Une des choses que nous savons sur l’inconduite sexuelle est qu’il ne s’agit pas de sexe. C’est une question de pouvoir et de manque de respect envers la dignité d’autrui. Nous savons que pour y remédier de manière tangible, comme nous sommes déterminés à le faire, il nous faut examiner tous les aspects de la culture organisationnelle.
Nous savons que face à ce défi, nous ne sommes pas seuls. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles nous sommes fiers d’avoir été le porte-étendard de l’Initiative Elsie sur les femmes dans les opérations de paix. L’esprit de l’initiative Elsie repose sur la réalisation d’objectifs chiffrés, fixés dans la Stratégie de parité entre les sexes applicable au personnel en uniforme. Et, au-delà des chiffres, il s’agit d’établir des lieux de travail qui soutiennent les femmes et qui éliminent les pratiques nuisibles et les comportements inacceptables.
Aucune gardienne de la paix ne devrait être victime de harcèlement ou d’agression sexuelle. Personne ne devrait se sentir en danger parce que la conception des camps n’est pas adaptée aux besoins des femmes. Les petits détails peuvent avoir des conséquences dévastatrices – par exemple, les toilettes et les douches sont souvent situées loin des dortoirs, et le chemin qui y mène est mal éclairé. De même, aucune gardienne de la paix ne devrait supporter le fardeau supplémentaire de se demander où trouver des produits hygiéniques ou les soins médicaux qu’il leur faut.
Nous remercions l’Australie, la Finlande, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et le Royaume-Uni pour leurs contributions financières, et la Jordanie, le Liberia, le Mexique, le Niger, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo pour le leadership dont ils ont fait preuve en étant les premiers États membres à mettre en œuvre des activités par le biais du Fonds Elsie. Le Canada travaille aussi à l’intérieur de ses frontières : on effectue actuellement une « évaluation des obstacles », autonome, en appliquant la méthode de l’initiative Elsie.
Nous prenons des mesures importantes à l’échelle nationale pour faire avancer le programme « Femmes, paix et sécurité ». Plus tôt dans l’année, le Canada a tenu une réunion spéciale sur les femmes, la paix et la sécurité, qui a rassemblé tous les ministres dont les ministères sont partenaires de notre Plan d’action national, soit dix ministres, en plus de notre chef d’état-major de la Défense et la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada. Ils se sont réunis pour réfléchir à ce que nous avons fait, renouveler l’élan et planifier la création de notre prochain plan.
Évidemment, nous avons commencé par écouter les femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix elles-mêmes – les jeunes, les Autochtones et autres leaders travaillant au Canada et à l’étranger.
L’une des principales leçons qu’on en a tirées est l’importance de soutenir en permanence une participation pleine, égalitaire et tangible des femmes à tous les aspects de la prise de décision en matière de paix et de sécurité, parce que c’est leur droit et parce que cela donne de meilleurs résultats.
Nous savons que les obstacles à la participation des femmes sont structurels, et qu’ils sont issus des formes multiples et interreliées de discrimination et de violence auxquelles elles se heurtent, qu’aggravent par ailleurs les crises et les conflits. Les menaces et la violence à l’encontre des femmes chargées de la consolidation de la paix, qu’elles soient physiques ou en ligne, sont l’expression de la misogynie et visent à les empêcher de mener à bien le travail essentiel qu’elles font.
Sur le plan international, l’engagement des femmes pour la consolidation de la paix n’est pas encore pleinement institutionnalisé dans le système des Nations Unies. L’atteinte de la parité hommes-femmes dans l’encadrement supérieur est une étape bienvenue. Cependant, il reste encore du travail à faire pour transformer les normes et exiger une réelle responsabilité de la part des dirigeants mondiaux de l’ONU, notamment des envoyés spéciaux, des représentants spéciaux et des chefs d’opérations sur le terrain.
La crise en Afghanistan est un test particulièrement décisif de tous nos engagements à mettre en œuvre la résolution 1325 et les résolutions ultérieures sur les femmes, la paix et la sécurité. L’inclusion tangible et directe de diverses femmes afghanes dans tous les processus politiques et de sécurité est essentielle; elle est dans notre intérêt à tous, car elle est nécessaire à la prévention du terrorisme, de l’effondrement de l’État, à la fourniture sans délai de l’aide humanitaire et au respect des droits de toutes les personnes.
Nous devons tous en faire plus. Au Canada, nous avons créé un prix pour les femmes, la paix et la sécurité, dont les premières lauréates seront bientôt annoncées. Le Canada a également lancé la campagne de plaidoyer #PaixAuFéminin, qui honore, soutient, inclut et protège les femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix. Cette campagne a touché à ce jour plus de six millions de personnes sur les médias sociaux, en douze langues. Nous avons également créé une enveloppe de financement dédiée au soutien des femmes qui consolident la paix sur le terrain.
En tant que coprésident avec l’Uruguay des Points focaux pour les femmes, la paix et la sécurité, le Canada a travaillé à renforcer l’inclusion des femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix, dans toute leur diversité, et à les protéger au front, comme il a fait avancer l’application du programme pour les femmes, la paix et la sécurité, au-delà des conflits armés.
En tant que président du Réseau des chefs de la défense sur les femmes, la paix et la sécurité, le Canada a étendu ce réseau à 56 nations membres, a publié une charte du Réseau, a créé une formation pour le personnel militaire junior et l’a distribuée.
Toujours dans l’esprit de parler ouvertement des difficultés, lors de la réunion ministérielle, les ministres ont également renforcé la pertinence du programme « Femmes, paix et sécurité » à l’échelle nationale. Les femmes et les filles autochtones, ainsi que les femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix issues de la diversité sexuelle et de genre, en particulier, se heurtent encore à des obstacles inacceptables quant à leur participation pleine et effective à tous les aspects de la prise de décision. Nous sommes déterminés à changer les choses, et ce toujours avec humilité.
Comme les intervenants l’ont déclaré au fil des ans à ce Conseil, les femmes n’ont pas besoin qu’on leur donne la parole. Elles s’expriment déjà. Nous devons juste les écouter.
Merci.
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