Débat ouvert du CSNU sur l’intégration effective du renforcement de la résilience dans les opérations de maintien de la paix en vue d’établir une paix durable
3 novembre 2022 - New York
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Je vous remercie, Monsieur le Président, et permettez-moi de féliciter le Ghana d’avoir assumé la présidence du Conseil de sécurité au mois de novembre.
Nous remercions le Ghana d’avoir organisé ce débat public pour étudier le lien entre maintien de la paix et consolidation de la paix, et pour examiner comment le Conseil peut mieux répondre aux menaces qui n’ont pas de frontières, comme les changements climatiques et le terrorisme.
Nous avons également hâte que le Ghana accueille la Conférence ministérielle de l’ONU sur le maintien de la paix de 2023 et hâte de contribuer au processus.
Monsieur le Président, j’utiliserai le temps dont je dispose aujourd’hui pour répondre aux quatre questions d’orientation de la note conceptuelle pour ce débat public. Le Canada n’a pas toutes les réponses à ces questions, mais nous aimerions présenter des points de vue fondés sur notre expérience.
Premièrement, concernant le rôle du Conseil de sécurité qui est de faire en sorte que les opérations de paix des Nations Unies puissent s’attaquer aux causes des conflits et de l’insécurité :
Avec le temps, nous en sommes venus à comprendre que certains ingrédients sont la clé du succès des missions :
Un engagement authentique des parties au conflit dans un processus de paix. Des mandats clairs et réalisables avec les ressources nécessaires. L’appui total du Conseil de sécurité. Une mobilisation régionale positive.
Ces principes, inscrits dans la doctrine-cadre de 2008 de l’ONU, demeurent valides aujourd’hui. Toutefois, dans de nombreux contextes où les opérations de paix de l’ONU sont déployées, ces éléments clés sont absents, et là où ils sont absents, les missions sont en difficulté.
Le Conseil de sécurité joue un rôle central en mettant les opérations de paix qu’il autorise dans la meilleure position possible pour réussir, en utilisant tous les outils à sa disposition.
Cependant, le partenariat de maintien de la paix va au-delà du Conseil de sécurité – qu’il s’agisse des gouvernements hôtes, de la société civile locale, des pays contributeurs de troupes et de policiers, des bailleurs de fonds, des organismes régionaux ou du Secrétariat des Nations Unies. Le succès de la mission dépend de la collaboration de tous ces acteurs et de la responsabilisation mutuelle.
Monsieur le président, les opérations de maintien de la paix sont l’un des outils les plus efficaces dont nous disposons pour atténuer les conflits et protéger les civils contre les atteintes physiques. Compte tenu des défis auxquels ces opérations sont confrontées aujourd’hui, il nous incombe à tous de réfléchir de façon constructive – et critique – à la façon de veiller à ce que les opérations de paix puissent évoluer et produire des résultats et, en fin de compte, permettent de relever les défis actuels et ceux qui surviendront à l’avenir.
Ce débat public est une amorce bienvenue de cette discussion, que les États membres peuvent poursuivre dans le cadre de la prochaine session du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34) ainsi que du processus de la Conférence ministérielle sur le maintien de la paix de 2023.
Deuxièmement, Monsieur le Président, concernant les moyens de tirer parti de programmes thématiques comme celui sur les femmes, la paix et la sécurité pour renforcer la résilience :
Le Canada fait partie d’un nombre croissant de pays – 104 au total – qui ont élaboré un plan national d’action consacré aux femmes, à la paix et à la sécurité.
Cela témoigne de l’engagement de plus de cinquante pour cent des membres de l’ONU à mettre en œuvre à l’échelon national la résolution 1325 du Conseil de sécurité et les neuf résolutions suivantes du Conseil concernant les femmes, la paix et la sécurité.
Le Canada prépare maintenant son prochain plan national d’action consacré aux femmes, à la paix et à la sécurité. Dans le cadre de ce processus, nous cherchons à aborder un éventail plus large de questions de sécurité et à renouveler notre engagement d’entretenir des contacts féconds avec la société civile et les représentants autochtones.
Nous sommes également déterminés à promouvoir et à protéger les consolidatrices de la paix dans toute leur diversité en reconnaissant que les soutenir est l’une des contributions les plus importantes que nous puissions apporter à la consolidation d’une paix durable.
Nous redoublons d’efforts, avec nos partenaires, pour appliquer la résolution 2538 du Conseil de sécurité et pour lever les obstacles auxquels se heurtent les gardiennes de la paix. Je tiens à féliciter le Ghana pour son leadership à cet égard.
Le ministère de la Défense nationale du Canada a récemment entrepris une évaluation indépendante des obstacles à la participation concrète de femmes des Forces armées canadiennes aux opérations de paix. Et après avoir reconduit pour cinq ans l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix, nous continuerons à approfondir le travail que nous faisons au sein de nos propres institutions, et avec nos partenaires dans le monde entier, pour garantir des milieux accueillants pour le personnel féminin en uniforme.
Troisièmement, concernant la collaboration entre le Conseil et d’autres organes de l’ONU pour garantir des stratégies plus cohérentes de renforcement de la résilience.
Heureusement, nous pensons qu’il existe de bonnes pratiques à mettre à profit, qui prennent la forme des relations entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix (CCP).
Grâce aux travaux des présidences consécutives de la CCP, notamment du Bangladesh et de l’Égypte, de bons progrès ont été réalisés dans le renforcement du rôle consultatif crucial de la Commission, en particulier dans les avis qu’elle donne au Conseil de sécurité. Le Canada a également fait de cet effort un pilier de sa présidence en 2020.
La force de la CCP est que tout se fait à la demande et avec le consentement des pays et régions avec lesquels la Commission a des contacts. La CCP parle avec les pays et pas seulement à leur sujet. Ses travaux sont fondés sur des priorités nationales pour construire des sociétés paisibles, justes et inclusives.
Les avis que la CCP peut offrir au Conseil de sécurité ont une grande valeur, en particulier concernant le renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU, et spécialement dans les contextes où l’ONU est dans une situation de transition.
C’est dans ces contextes en particulier que nous devons tirer parti des atouts de ces deux organes et appuyer les pays sur la voie d’une paix durable.
Quatrièmement, et enfin, concernant les mécanismes de financement disponibles pour soutenir le renforcement de la résilience, en particulier pour les États sahéliens et les États côtiers de l’Afrique de l’Ouest :
L’Assemblée générale a pris une mesure importante en septembre, en adoptant par consensus la résolution sur le financement de la consolidation de la paix. Nous remercions le Kenya et la Suède qui ont fait office de facilitateurs dans le cadre de cette résolution.
L’appel clair lancé aux États membres pour qu’ils augmentent leurs contributions à la consolidation et au maintien de la paix, notamment par des contributions volontaires, innovantes et statutaires, est important.
Parce que consolider la paix et prévenir les conflits n’est pas seulement ce qu’il convient de faire, c’est aussi la chose intelligente à faire. Plus nous sommes en mesure d’agir tôt, plus nous avons d’outils à notre disposition, et plus nous pouvons sauver des vies humaines et épargner des ressources financières.
En décembre, le Canada a annoncé avec fierté qu’il s’engageait à verser 70 millions de dollars sur trois ans au Fonds pour la consolidation de la paix des Nations Unies, afin d’aider à combler le déficit financier dans le domaine de la consolidation de la paix et d’appuyer les interventions axées sur le genre.
Nous faisons cet investissement parce que nous croyons que le Fonds pour la consolidation de la paix est un mécanisme essentiel – et un catalyseur – pour aider à maintenir la paix, en particulier pour les États qui subissent le stress des conflits armés et des changements climatiques.
Nous avons hâte de travailler avec des partenaires pour continuer à combler le déficit financier dans le domaine de la consolidation de la paix ainsi que de continuer à recevoir des orientations de la part de l’ONU pour assurer le financement adéquat de ses activités de consolidation de la paix.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
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